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Quand un Etat, seul détenteur de la violence dite légitime, revendique d’adapter la règle et la Loi aux agissements déviants de la faction la plus factieuse de ses forces de l'ordre, pour la protéger et la cautionner, il assume alors pleinement le fait de devenir un Etat-policier.
Poème de lutte:
Quelques nuances de LBD
La nuance
c’est quand c’est pas tout à fait pareil
mais presque
Maintenant c’est Officiel
« les tirs de Lanceurs de Balles D'attaque sont autorisés
jusqu’à une distance de trois mètres »
Avant c’était officieux
"les tirs de Lanceurs de Balle de Défense étaient tolérés
jusqu’à trois mètres de distance"
Nuance
le diable ici-bas se cache dans les détails
La nuance
c’est quand c'était toléré de lâcher à quelques mètres de hauteur
un parpaing de maçon
dans ta gueule de jean-rien trainant sa couenne de rien à travers les gares
dans ta gueule de j’en-foutre-rien qui sait même pas traverser la rue
dans ta gueule de gens-déclassé-pour-rien qui tient même pas dans les tableurs excel
dans ta gueule de spolié-de-tout parce qu’il se laisse toujours piétiner dessus
dans ta gueule d’opprimé de police partout & de justice nulle-part
dans ta gueule de soit-gnan-et-taîs-toi d’abattoir public
dans ta gueule d’en-saignant-sur-le-trottoir abaya plus sa tête pour voir
dans ta gueule d’éco-terroriste de sainte-soline-protégez-nous
dans ta gueule de wokiste décolonial féministoïde
dans ta gueule de pauvre de casserolade sous les balcons bourgeois
dans ta gueule de gueule-cassée
La nuance
c’est quand on regrettait peut être qu’on s’en excusait presque
de tirer dans le bétail
et qu'étaient tolérés les yeux rieurs
crevés
les doux visages
fracassés
les têtes dures
enfoncées
les poitrines battantes
suffoquées
les corps vibrionnants
mutilés
les vies de misère
volées
mais que c’était à cause qu’on avait pas d’éthique dans la conscience
(nous les reçus 5 sur 20)
vu qu’on avait des ordres à appliquer 5 sur 5 dans la talkie-walkie du sous-chef
édictés via l’oreille du préfet par les bouches des cabinets
du sinistre de l'intérieur
c’était à cause que le corps manifestant lui
il voulait pas circuler il voulait pas reculer il voulait pas rentrer
bien sagement chez lui
c’était à cause que la cible de chair elle
dans l’autre camp elle bougeait trop comme une coupable
comme si elle se croyait dans nos beaux quartiers chez elle
c’était à cause que les cœurs palpitants ils
étaient du mauvais côté de la barricade
c’était à cause que tes dents de révolte elles
étaient trop aiguisées
c’était à cause que tes coudes-à-coudes de frères et sœurs
tes bras levés de gens-sans-peur tes poings serrés de colère noire
ils faisaient trop flipper les belles personnes
du bon côté de la barricade
c’était à cause que tes feux de joie sur les ronds-points et par les rues
ils donnaient trop d’angoisse là-haut
dans le Palais du Prince dans les tours des Ministères austères
et dans les chaumières éclairées de leur bulle de confort
La nuance
c’est quand c’était toléré (mais pas trop faut pas déconner non plus)
de voter pour tes idées
de pétitionner à l’envi tes révoltes sur les réseaux sociaux
et surtout dans la rue de marcher
poli
de manifester
gentil
de crier
petit
La nuance
c’est quand c’était toléré de fracasser
ta face d’ange mais pas leurs vitrines de luxe
d’enflammer
tes poumons de troupeau de nasse mais pas les poubelles à rue de la Paix
de polluer
tes cours d’eau tes océans tes mères mais pas l’ambiance des cours de bourse
de cramer
ta planète jusqu’au dernier arbre jusqu’à la dernière fleur mais pas leurs paradis fiscaux
de braquer
ta vie d’affamé de la vie mais pas leurs banques et les superprofits de leurs amis
(slogan de campagne)
La changement c’est maintenant
quand le diable ne fait plus dans le détail
et que l’État assume pleinement de courir après ses loups fachés
il transmute alors de fait en Etat-policier qui tire
dans le tas
pour t’enlever plus que ta joie
ton espoir
plus
que ta colère ta révolte
plus
que ta main ton œil
ta vie