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Nouveau billet et un poème. Pour Gaza. Au bout de l’insomnie -ne nous reste-il que des mots ballants pour porter à bout de phrases notre humanité ?
Pour la « fête des morts », cette maudite Halloween n’aura jamais aussi bien porté son masque d'horreur.
Pensées cette nuit pour les palestiniens qui subissent l'ultime attaque démente d’une oppression coloniale jamais rassasiée. Véritable ghetto à ciel ouvert et aux peuples victimes depuis des décennies de crime d’apartheid d’une colonisation raciste terrible, la Palestine est mise à mort sous nos yeux par une pluie de bombes et de balles, par la soif, la famine et le défaut de soins humanitaires. Nous ne pouvons laisser faire ces crimes contre l’Humanité qui virent au génocide. La réponse d’Israel doit être proportionnée aux attaques subies, doit tenir compte du droit des peuples et du droit international et ne doit pas servir des objectifs moins avouables de politique interne ou d'expansion régionale extrémiste et irrationnelle qui nous propulsent tous au bord du précipice d’une troisième guerre mondiale.
Pensées aussi pour tous les israéliens et les juifs victimes directes ou indirectes des horreurs du Hamas, et en particulier pour les israéliens progressistes qui subissent à présent les crimes de guerre perpétrés par leur Gouvernement corrompu, illibéral et fasciste contre lequel ils luttaient à millions dans les rues depuis des mois. Il les a tous trahis en laissant le Hamas se développer en Palestine depuis des années, et on le sait à présent, en le laissant entrer sur son territoire pour commettre ces atrocités. Seuls des régimes fascistes ont recours à de telles stratégies machiavéliques pour se maintenir au pouvoir quand ils sont pris en flagrant délit de corruption et d’atteinte à la démocratie. Les moyens justifiés par la fin, à savoir : le musèlement des opposants et l’unité nationale autour d’eux.
On connait des prémices de cela aussi depuis quelques années dans notre pays lors des mouvements de contestation sanitaire, écologique ou sociale. Et toute voix dissidente est maintenant frappée d’anathème pour atteinte à l’unité nationale, complotisme ou terrorisme...
Alors que faire, mes ami.e.s ?
Déjà, nous progressistes, ne pas nous taire face au rouleau compresseur de la binarisation d'une pensée unique et falsificatrice que les politiques et les médias réactionnaires tentent de nous imposer dans le débat public. Ne soyons pas dupes: ils mènent une autre guerre interne et politique celle-là, dont l’objectif est d'éliminer toute opposition et d’imposer le maintien d’un statu quo autour du capitalisme mortifère qui tue notre planète et nos vies et qui se sert de leur récit de « guerre des civilisations » pour nous "diriger" lui aussi par la guerre, civile d’abord et internationale ensuite (ou l’inverse).
Nous devons armer les esprits à la critique, à l’émancipation et à un discours pour la Paix en dénonçant les supercheries de ce récit propagandiste dangereux justifiant la lutte entre les bons israéliens et les mauvais palestiniens, la mort injuste des enfants des kibboutz et celle tolérable des enfants de Gaza, la prévalence des victimes du terrorisme sur celle des victimes collatérales, la croisade du Bien contre le Mal et de l’Occident pur contre le reste du Monde barbarisé, la légitimation des coloniaux sur les logiquement déplacés…
Il nous faut tenir la ligne de nos principes fondamentaux face aux loups politiques de la haine et de la guerre et face aux chiens de garde médiatiques de ce système capitaliste mortifère. Nous devons soutenir, à hauteur d’homme et de femmes, toute initiative portant un message humaniste pour la Paix et l’amitié entre les peuples et proposant un soutien humanitaire en faveur des populations opprimées. Nous devons pour cela aussi faire pression morale sur nos élus et notre gouvernement qui ne peut impunément soutenir plus avant et « inconditionnellement » ce génocide en cours, en bafouant les valeurs de notre peuple et de notre Constitution. 3.195 enfants tués à Gaza en 3 semaines. Nous devons appeler en urgence à un cessez-le-feu.
Il est temps d’agir. L’Histoire nous observe et nous attend. Soyons à la hauteur de notre Humanité.

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La fête des morts
C’est le chant des morts qui vient te chercher au bout de la nuit
le champ de bataille qui hurle à la mort
qui soulève le drap d’un seul comme ferait le souffle blanc
d’une bombe au phosphore
brûlant ta peau d’enfance sombre
et tes yeux de colline claire cherchant l’espoir toujours
dans le puit sans fond de la nuit
de l’humanité
le chant qui abolit le sommeil de tout ce qui demande à rêver
sous l’étoilée
le ressac obsédant de la déflagration d’images et de paroles
de la bombe à fragmentation médiatique
qui nourrit en boucle la haine des peuples contre eux-mêmes
C’est le chant des morts qui vient te chercher au bout de la nuit
la terre entière qui rouvre ses mâchoires à ensevelir
pour recracher les osselets blanchis et les fragments de chair rosée
des enfants de Gaza de Srebrenica d’Adana de Rwanda
de Carabina de Dakota
et de Shoah
c’est l’histoire entière de l’humanité qui dégorge son charnier
pour que tu joues encore un peu avec ses petits bouts épars
lance ton sadisme à la volée d’oiseaux traversant le ciel d’un visage
jette ta perversité sur la forêt tremblante d’une femme
taille mords dans ta propre chair à la table des ogres de barbarie
jusqu’à la sidération de la conscience jusqu’à t’endormir lassé
de ton propre sang
qui ne bat plus
C’est le chant de mort du bourreau qui abuse de lui-même
chauffe son tison au bouillant de son ventre
aiguise sa lame sur le duvet de sa langue
huile sa pince dans le soyeux de ses paupières
pour extirper sa propre peur faire cesser ses propres cris et tarir sa propre haine
C’est le chant des politiques qui monétisent l’indignation
c’est le chant des Médias qui sous-pèsent le poids des morts
c’est le chant de la Bourse qui fixe le taux de change d’une vie humaine
c’est le chant de suicide des Nations qui hésitent encore
entre venger-l’-horreur et cesser-le-feu
entre la Loi du talion et la Voie du pardon
C’est le champ de bombes de ta nuit qui éventrent tes rétines
c’est le chant des orgues de barbarie qui lacèrent tes tympans
c’est le chant du ghetto de ton cœur qui meurt de faim de soif
et d’oubli
Au bout de l’insomnuit à perte de vue
ce champ d’infinie solitude
un feu
et nos mots ballants pour porter à bout de phrases
un peu d’humanité
et notre humaine condition