Après 40 jours de fête, le carnaval en Uruguay, le plus long du monde, s’est terminé hier. Avec lui s’est aussi achevée la folle course aux premiers prix, notamment celui de la meilleure murga, remporté par la Trasnochada.



Mercredi soir, quartier du parc Rodó, à Montevideo. Le Teatro de Verano, le théâtre d’été, se vide. On empile des centaines de chaises, tandis que les cotillons blancs et rose fuchsia jonchent l’estrade en bois, ainsi que le studio de télévision improvisé, derrière la scène. Toute la nuit, le dépouillement des notes du jury est retransmis en direct à la télévision, sur la chaîne privée VTV.
Il faudra attendre l’an prochain pour assister aux prestations scéniques des différents groupes carnavalesques. Cinq catégories se sont disputé le premier prix du concours officiel :
les humoristas, les revistas (comédies musicales), les lubolos (groupe du type batucada reprenant des rythmes africains, Lubolo étant aussi une langue bantú parlée en Angola et une ville en République Démocratique du Congo), les parodistas et, catégorie la plus prestigieuse, celle des murgas (troupes de musiciens en espagnol).
Les premières murgas ont vu le jour en Uruguay vers 1890, on les appelait alors les « mascaradas ». Ce genre musico-théâtral s’inspire de la commedia dell’arte et du Carnaval de Venise. Grosses caisses, tambours et cymbales se chargent de mêler rythmes africains et afro-amérindiens.
Afin de départager les murgas, le jury du carnaval, composé de 12 personnes, note les différents groupes selon leurs costumes, les voix, la scénographie, mais aussi sur les textes.
Les murgas expriment leur fibre artistique dans des chants, en chœur, ou des solos de guitare, où le lyrisme et la mélancolie peuvent subitement laisser la place à des saynètes hilarantes. Les murgas divertissent le public, mais elles n’oublient pas pour autant de critiquer la société, et le pouvoir. Tout y passe : le président José Mujica, ou encore Luis Suárez. Le joueur de football uruguayen était l’un des sujets de conversation favoris le mois dernier, au vu de son échauffourée avec Patrice Évra.
Un autre footballeur a largement contribué au succès de la Trasnochada. Il s’agit de Fabian O’Neill (ex-joueur), imité par l’un des membres de la murga, à la 22ème minute de la vidéo.
Les murgas fleurissent dans tous les quartiers en Uruguay, à Montevideo, comme à l’intérieur du pays. Il n’est pas rare de croiser un groupe répéter sur une place, au détour d’une ballade. Jeunes et moins jeunes se mêlent dans les murgas, qui restent, encore, majoritairement masculines.