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Billet de blog 27 février 2012

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En Argentine, le train déraille

Cet accident a fait la une de (presque) tous les quotidiens d’Amérique du Sud cette semaine : « La station de l’horreur » pour l’argentin Página 12, « Le pire accident de trains en Argentine ces 34 dernières années fait 50 morts » pour le chilien La Tercera. Le colombien El Tiempo titre : « Deux jours de deuil national en Argentine ».

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Cet accident a fait la une de (presque) tous les quotidiens d’Amérique du Sud cette semaine : « La station de l’horreur » pour l’argentin Página 12, « Le pire accident de trains en Argentine ces 34 dernières années fait 50 morts » pour le chilien La Tercera. Le colombien El Tiempo titre : « Deux jours de deuil national en Argentine ».

Tout le monde en parle, car oui, cet accident a été spectaculaire : un train de la ligne Sarmiento, de l’entreprise privée TBA –Transports de Buenos Aires- n’a pas réussi à freiner en entrant dans l’une des trois principales gares de Buenos Aires, Once. Résultat : il a percuté le heurtoir en bout de quai, le deuxième wagon s’est encastré dans le premier, faisant 50 morts et au moins 670 blessés.

La faute aux usagers, en partie, à en croire le Ministre du Transport. Lors d’une conférence de presse, Juan Pablo Schiavi a expliqué qu’il existait « une culture, très argentine, d’aller dans les premiers wagons des trains, pour descendre le premier, arriver avant, ne pas faire la queue, et cetera ». Le ministre a poursuivi en expliquant que si l’accident s’était produit mardi (férié en Argentine), il y aurait eu moins de blessés.

Ce week-end, la question lancinante dans la presse tournait autour de la responsabilité du chauffeur : avait-il informé sa hiérarchie que les freins étaient défaillants, comme il le prétend ? Toutes ces interrogations ont beau jeu et permettent d’occulter le vrai débat : quid de la responsabilité de l’entreprise, TBA, et de celle de l’État argentin ?

En 1989, la loi 23.696 de « Réforme de l’Etat » a ouvert la voie à une vague de privatisations. Pour renflouer les caisses de l’État, et conformément au consensus de Washington, le président Carlos Menem a cru bon de vendre les voies ferrées, et de subventionner leur entretien. En 1994, TBA acquit la concession de deux lignes de trains de banlieue à Buenos Aires : Mitré et Sarmiento, celle-là même qui connut sa dernière mésaventure mercredi dernier.  D’après la Commission Argentine de Régulation du Transport, entre 1994 et 2004, la ligne Sarmiento enregistra 1198 accidents et 818 morts. C’est un peu plus que pour la ligne Mitré : 879 accidents, et 554 morts.

L’État argentin a annoncé qu’il se portait partie civile aux côtés des victimes « pour défendre l’intérêt public ». La présidente, Cristina Fernández, reste muette depuis l’accident.  Dans un communiqué de presse laconique, elle a fait savoir qu’elle partageait le chagrin des familles des victimes, et qu’elle décrétait deux jours de deuil national.

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