Daniel Zamudio est mort, à 24 ans, pour être homo. Le 3 mars, des supposés « néonazis » l’ont torturé pendant des heures. Daniel est mort ce mardi, après avoir tenté de (sur)vivre pendant 22 jours à l’hôpital. Son crime ? Être gay.
Dans un Chili marqué par dix-sept ans de dictature, et où l’on n’a pourtant pas l’habitude de protester contre l’Ordre établi, ce crime réveille les consciences. Des groupes se créent sur Facebook, comme « Un Chili sans discrimination », l’invective « país de mierda » (pays de merde) fuse dans les commentaires et les statuts des Chilien(ne)s sur les réseaux sociaux. Les rassemblements se multiplient : mardi, jour de l’annonce de la mort de Daniel, quelque 300 personnes se sont réunies lors d’une veillée funéraire semi-improvisée. Demain (vendredi 30 mars), une nouvelle manifestation se tiendra dès 18 heures sur la Place des Armes à Santiago, en l’honneur de Daniel bien sûr, mais aussi pour réclamer le vote du projet de loi « Anti-discrimination ».
LA LOI ANTI-DISCRIMINATION À NOUVEAU DÉBATTUE
Cette loi est entrée dans le débat parlementaire en 2005, et depuis, elle passe allègrement du Sénat à la Chambre des Députés. Une trentaine de députés de droite a dernièrement voté contre l’article 2, qui prévoyait justement des sanctions en cas de discrimination. Le gouvernement Piñera devrait soumettre le vote de cette loi à l’extrême urgence (suma urgencia). Dans ce cas, les deux Chambres auront 10 jours pour approuver ce texte, à compter de lundi prochain. En attendant, les obsèques de Daniel Zamudio auront lieu demain matin (vendredi), au Cimetière général de Santiago du Chili.