Depuis sa création en 2008, Mediapart a pris le parti d’être 100 % en ligne : le journal n’est pas édité sur papier. Ce choix nous permet d’avoir une empreinte inférieure aux médias imprimés, mais elle n’est pas nulle pour autant. En 2023, nous avions décidé d’y voir plus clair, afin de nous engager sur une trajectoire de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, directes et indirectes. C’est ainsi que nous avions réalisé le premier bilan carbone de l’histoire de Mediapart, portant sur nos activités en 2022.
Deux ans plus tard, nous avons réitéré l’exercice : nous avons réalisé le bilan carbone de nos activités en 2024. Nous avons été accompagnés pour cela par la société Carbon Cutter (ex Magelan, qui nous avait accompagnés lors de la première édition). Nous avons fait le choix du même périmètre – le « scope 3 », qui prend en compte tout ce qui est nécessaire à la production de nos contenus et événements – et utilisé la même méthodologie, afin d’avoir des ordres de grandeur comparables. Là où nous pouvions le faire, nous avons par ailleurs affiné notre collecte de données.
Comme il y a deux ans, seule la production des appareils nécessaires à la lecture et au visionnage de nos contenus – c’est-à-dire vos tablettes, smartphones et ordinateurs – ont été exclus du calcul, malgré les pollutions et l’extractivisme générées par leur fabrication et leur commercialisation.
Cela donne un total d’émission de 365 tCO2e (tonne d’équivalent CO2 – l’unité de mesure employée pour mesurer la quantité d’émissions de gaz à effet de serre, tous gaz confondus) pour 2024, contre 420 tCO2e pour 2022, soit une baisse de 13 %. Voici, dans le détail, les principaux résultats.
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Transports et alimentation : toujours en tête, mais des émissions en baisse
Les transports, hors trajets quotidiens domicile-bureau, occupent toujours le premier poste d’émissions carbone liées à nos activités. Nous nous déplaçons en effet beaucoup : pour des reportages, pour des événements publics, pour des rencontres avec d’autres médias, français et européens. Ce poste représente près d’ 1/5e de notre empreinte, pour un poids de 65 tCO2e. Les trajets en avion y occupent une place prépondérante.
La part des transports dans l’ensemble de nos émissions recule cependant de 23 % : dans le bilan carbone 2022, elle était de 84 tCO2e. Depuis deux ans, à Mediapart, l’avion est déconseillé pour les déplacements professionnels en France et vers les pays limitrophes, les salarié·es qui le souhaitent peuvent privilégier le train également pour des déplacements plus lointains, et les réflexions se poursuivent à ce sujet.
Le deuxième poste d’émissions est toujours celui de l’alimentation durant nos journées de travail : il pèse 60 tCO2e. Sur cet aspect, nous avons affiné notre calcul, comme nous l’avions annoncé il y a deux ans. Dans le premier bilan carbone, l’estimation de l’impact de l’alimentation reposait sur le repas moyen en France de 2 kgCO2e par repas, ce qui aboutissait à un total d’émissions de 62 tCO2e. Pour ce deuxième bilan carbone, nous nous sommes appuyés sur une consultation anonyme de notre équipe. Il est apparu que les salarié·es de Mediapart consomment, en moyenne, légèrement moins de viande sur leurs journées de travail que l’ensemble de la population.
Locaux, déplacements domicile-travail, équipements : des émissions en hausse
Au sein du bilan, les postes locaux, déplacements domicile-travail et équipements techniques sont tous trois en hausse. Une augmentation en partie liée à celle de la masse salariale (+ 10 équivalents temps plein en deux ans).
Pour nos locaux à Paris, Poitiers et Montpellier, les émissions totalisent 50 tCO2e (contre 21 en 2022) – des travaux effectués dans l’immeuble des locaux parisiens de Mediapart en 2024 y ont été intégrés.
Pour les déplacements domicile-travail des salarié·es, le bilan est de 46 tCO2e (contre 23 en 2022) mais la donnée n’est cette fois-ci pas complètement comparable, pour deux raisons. L’Ademe estime désormais que le travail à domicile a un impact sur le bilan carbone, en raison des dépenses énergétiques qu’il génère ; et notre propre questionnaire à destination de l’équipe a évolué sur ces points entre le premier bilan carbone et le second.
Les ordinateurs, caméras, écrans et smartphones avec lesquels nous travaillons pèsent quant à eux 24 tCO2e (contre 21 en 2022).
Usages numériques : un léger recul
Arrivent ensuite dans ce bilan de l’année 2024 les émissions associées à notre activité numérique. Mediapart a en effet besoin de serveurs et de technologies pour être accessible via son site web, son application mobile, et pour partager ses productions sur les réseaux sociaux. Autant d’outils qui nécessitent de l’énergie pour fonctionner.
Avec près de 5 millions d’heures de visionnage en 2024 de nos contenus vidéo, leur consultation et leur stockage constituent le cinquième poste le plus émetteur de notre bilan, avec 36 tCO2e (contre 53 en 2022).
Le site web et l’application mobile, hors vidéos, pèsent quant à eux 19 tCO2e, là aussi en recul par rapport à 2022 où ils représentaient 25 tCO2e. Une baisse qui s’explique en partie par la décarbonation entreprise par notre hébergeur, OVH.
L’impact de notre activité sur les réseaux sociaux est pour sa part en hausse, avec 32 tCO2e (contre 26 en 2022), tandis que celui des lettres d’information de Mediapart, qu’abonné·es et non-abonné·es peuvent recevoir gratuitement dans leur boîte mail, est stable avec 11 tCO2e, la croissance du nombre d’envois entre 2022 et 2024 n’ayant qu’un effet marginal.
En tout et pour tout, les usages numériques de Mediapart ont généré 98 tCO2e en 2024 (contre 115 sur l’année 2022, soit un recul de 15 %), tandis que sur la même période, notre nombre d’abonné·es a progressé.
Edition et événements : un impact en net recul, lié à la fluctuation de notre activité
Si nous sommes un journal 100 % numérique, nous avons cependant une petite activité d’édition papier, fluctuante selon les années : nous publions certaines de nos enquêtes sous forme de livres ou de bandes dessinées. Cette activité, moins importante en 2024 qu’en 2022, voit ses émissions largement diminuer : 7 tCO2e. C’est huit fois moins qu’il y a deux ans.
Mediapart organise en outre régulièrement des événements – festivals, projections de cinéma, débats… – à Paris et en région. Les déplacements du public représentent alors la majeure partie des émissions. Les calculs reposent ici sur l’affluence lors de ces rencontres et sur des données Insee quant aux modes de transport utilisés. Le résultat, pour l’année 2024, est une empreinte de 9 tCO2e. C’est cinq fois moins qu’en 2022, année où l’anniversaire des 15 ans de Mediapart avait donné lieu à de nombreux événements en région. Nous envisageons d’affiner ces données par la suite et avons commencé à sensibiliser nos publics sur cette question du mode de transport.
Et maintenant ?
Cette nouvelle photographie de nos émissions de gaz à effet de serre directes et indirectes a pour but d’améliorer nos pratiques et de vous proposer des contenus à l’empreinte environnementale la plus faible possible.
L’exercice a ses limites. Il ne prend par exemple pas en compte les impacts de notre activité sur les écosystèmes et la biodiversité, pour lesquels il n’existe pas, à ce stade, d’outil de calcul. Quand nous ne sommes pas en possession de toutes les données entraînées par nos activités, nos calculs reposent en outre sur des moyennes Insee ou Ademe et des extrapolations. Mais à défaut d’outil parfait, ce deuxième bilan carbone nous permet de voir les axes sur lesquels nous avons évolué. Nous continuerons de vous tenir informé·es de ce qui est mis en place pour réduire nos émissions.
Que pouvez-vous faire pour contribuer ?
Comme il y a deux ans, nous vous encourageons, pour consulter Mediapart, à garder un appareil le plus longtemps possible, et à privilégier la réparation et le reconditionné à l’achat d’un produit neuf.
Si vous souhaitez réduire l’impact de votre propre consultation de nos vidéos, nous vous invitons également à choisir la qualité du visionnage (360p par exemple). Vous réduirez ainsi le nombre de mégaoctets transférés, et donc la quantité d’énergie nécessaire à son transport, même si le rapport n’est pas linéaire. Une autre mesure est de privilégier le wifi ou le filaire aux données mobiles, particulièrement pour la consultation des vidéos. Nous recommandons enfin, dans la mesure du possible, l’usage des transports en commun ou le covoiturage pour vous rendre à nos différents événements.
Des questions, des remarques ? N’hésitez pas à nous en faire part en commentaire. Vos retours nous sont précieux pour continuer d’améliorer notre bilan sur les années à venir.