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Billet de blog 2 juillet 2023

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Le pillage est un acte politique

Nos dirigeants une fois de plus ne comprennent pas ce qui se passe. La start up nation a simplement oublié 85 % de sa population reléguée dans les "territoires" ou les "quartiers". Tandis que les bourgeois pillent le bien commun, pourquoi les jeunes ne pourraient-ils pas piller la richesse indécente qui s'étale et à laquelle ils ne peuvent accéder ? C'est une question éminemment politique.

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Les villes brûlent, les magasins sont pillés. Nos dirigeants une fois de plus ne comprennent pas ce qui se passe.

Pourtant il y a eu les gilets jaunes qui réclamaient une vie digne, c’est-à-dire pouvoir vivre correctement de leur travail. Cela implique des salaires décents, des services publics présents, des moyens de transport, bref, l’inverse de la relégation de toute une partie de la France dans ce qu’on appelle aujourd’hui les territoires, comme jadis les territoires coloniaux et plus près des centres villes, les quartiers avec leur population bigarrée et ostracisée.

Elle est belle la France de 2023, une France qui se veut start up nation et oublie 85 % de sa population !

L’état et les gouvernants successifs ont fait sécession depuis très longtemps, accaparés par l’entre soi et l’argent qui coule à flot, les arrangements financiers, les magouilles, les délits d’intérêts et d’initiés tandis que la population des travailleurs s’enfonce dans le déclassement, la misère et voit les commerces, les écoles, les services publics disparaitre ou s’éloigner, rendant tous les aspects de la vie difficiles voire impossibles, tandis que les prélèvements augmentent, que les budgets de la sécurité sociale et des retraites sont siphonnés pour arroser les très grandes entreprises.

L’état n’est qu’une émanation du système et se met au service de celui-ci en organisant le pillage du commun, le vol permanent du fruit du travail des populations pour distribuer largement aux mêmes : les très riches, les beaux quartiers, les très grandes entreprises, délaissant toujours un peu plus ceux qui sont exploités grâce à une communication habile, mensongère et cynique relayées par les médias détenus par leurs amis milliardaires.

C’est cette sécession qui ne se dit pas, qui est à l’origine de tous les mouvements de colère et de protestation. Suivant les populations ciblées qui ne vivent pas la même réalité, hormis celle de l’abandon et du mépris, la réponse n’est pas la même. Le racisé subit le harcèlement policier, le paysan subit la solitude et l’éloignement de tout. Les uns vont se tourner vers l’économie parallèle parce qu’ils voient l’argent couler à flot sans jamais pouvoir en profiter. Le paysan finit par se suicider dans sa grange ou déverser des tonnes de purin devant une préfecture.

L’état mène depuis longtemps un manège délétère en tentant de monter les populations les unes contre les autres. Les gilets jaunes demandaient de quoi vivre et de pouvoir participer davantage aux prises de décisions et on ne leur a proposé qu’un référendum sur l’immigration.

Il est vrai que dans ce jeu de dupe, la démocratie représentative joue un jeu non seulement truqué mais particulièrement cynique et putassier. Macron a été élu deux fois par défaut, mais sa politique n’a pas grand-chose à envier à celle du RN, en particulier dans le volet répressif.

La population est maintenue dans une forme de soumission et d’esclavage salarié ou non au nom de la démocratie et de la violence légitime de l’état. C’est une double imposture : l’état n’est que le bras armé de la bourgeoisie qui impulse les politiques qui la servent et enfume le peuple dans l’idée que rien d’autre n’est possible. La démocratie représentative organise quant à elle, l’impossibilité pour le peuple de s’exprimer autrement que par le jeu truqué des élections, car les représentants sont soumis au même dogme capitaliste néolibéral mondialisé qui exclut tout changement de politique.

Les pillages mêmes s’ils peuvent paraître choquants, constituent une forme d’action politique. Cette violence dit : nous en avons assez d’être exclus de cette richesse que nous produisons et à laquelle nous ne pouvons pas accéder. La richesse est là, elle s’étale avec indécence au milieu de la pauvreté, et le pauvre devrait se contenter de jeûner et de ne rien avoir au milieu des publicités qui vantent le consumérisme …. On nage en pleine folie, une folie de la dissociation capitaliste, la folie du « en même temps » permanent, et ces jeunes comme avant eux d’autres jeunes et plus près de nous, les gilets jaunes, les manifestations massives contre les politiques injustes et prédatrices nous disent : STOP ! On ne veut plus de ce modèle, ou s’il existe, on veut aussi pouvoir en profiter !

Une fois de plus ce gouvernement bourgeois ne répond que par la répression et laisse béante la souffrance, nie le réel et oppose le silence aux questions lancinantes qui resteront sans réponses : Pourquoi tant de racisme, si ce n’est la conséquence d’un néo colonialisme jamais résolu ? Pourquoi organiser la pauvreté générale sur la prédation du commun ? Pourquoi l’argent devrait-il être au centre de la vie ? Pourquoi certaines vie humaines valent plus que d’autres ? etc..  Autant de questions qui interrogent les fondements mêmes du système capitaliste, un système qui repose sur le vol et pillage permanent du commun.

Tous les choix faits au nom de TINA (there is no alternative) sont des choix mortifères, iniques et violents qui ne peuvent aboutir qu’à  la révolte généralisée dont on fait mine de s’émouvoir. La France récolte ce que ses dirigeants ont semé et ce n’est pas la réponse sécuritaire ou dictatoriale  qui changera les choses . Oui, il reste au gouvernement la possibilité de recourir à l’état de siège et à l’article 16 de la Constitution, mais la dictature ne peut supprimer le réel.

Le droit à la vie, à la liberté, à l’égalité et à la fraternité ces 3 mots inscrits sur tous les frontons des bâtiments de l’état sont une insulte permanente à tous ceux qui subissent la relégation, l’injustice, et la répression pour avoir oser demander d’être traités en égaux et de partager les fruits de la richesse produite.

La crise ouverte est gave, mais on en peut demander à un dogme fou, à une croyance irrationnelle qui repose sur la valorisation infinie de la valeur, de se remettre en cause. Nos ayatollahs nous mèneront donc vers le chaos ou la mort pour continuer d’obéir à leurs croyances.

Cette guerre ouverte il y a des siècles ne pourra s’achever que par la destruction totale du capitalisme qui de toutes les manières que l’on aborde le problème, nous mène tous irrémédiablement vers la mort.

Cet énième épisode de violence est un appel, comme avant lui celui des gilets jaunes. Le déni du réel, l’autisme et le repli des bourgeois dans leurs certitudes et leur peur ne fait que renforcer la radicalisation de chaque camp dans cette guerre : cela ne peut être qu’eux ou nous, une poignée contre une multitude, la vie contre la mort, la communisation et le partage contre la prédation et le pillage du commun.

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