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Billet de blog 4 octobre 2021

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1500 Euros nets : un salaire de dupes !

Xavier Bertrand semble découvrir que les salaires sont trop bas en France ! Pourtant, tout est fait pour nier l'augmentation du coût de la vie depuis le passage à l'euro. Le néolibéralisme opposé à l'Etat fait sans cesse appel à lui pour maintenir ses bénéfices. Avec X. Bertrand, l'Etat devrait à présent payer une partie des salaires. Cela interroge !

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Xavier Bertrand semble découvrir que les salaires sont trop bas en France ! Pourtant, tout est fait pour nier l'augmentation du coût de la vie depuis le passage à l'euro. Tout augmente de manière éhontée en France depuis vingt ans, sauf les salaires. Les lois pour exonérer de charges les entreprises qui embauchent au SMIC ont été un appel du pied pour geler les salaires les plus bas : un double gain pour les entreprises sur le dos des travailleurs.

L'idée de génie de Xavier Bertrand en campagne présidentielle ? Proposer que ce soit l'Etat qui finance les augmentations de salaire jusqu'à concurrence de 1500 € nets par mois.

Cela interroge sur plusieurs plans :

1° C'est reconnaître que le SMIC devient insuffisant pour vivre décemment, d'autant que l'envolée des prix du gaz, de l'électricité, de l'essence et de nombreux produits alimentaires a encore précarisé de nombreuses familles. Pourquoi alors, ne pas indexer les salaires sur le coût de la vie ? J'oubliais, qu'il ne faut pas toucher à la marge de profit des entreprises !

2° Les chiffres de l'INSEE (copieusement bidouillés) n'affichent aucune baisse du pouvoir d'achat depuis vingt ans. Pourtant la paupérisation est criante, hormis les très riches dont la fortune s'est accrue vertigineusement. Durant les vingt dernières années, l'euro a permis de crée un énorme dumping social en délocalisant les entreprises dans des pays où le coût de main d'œuvre est moins cher, en licenciant et en sous-traitant des secteurs entiers (par ex. le transport routier) à des travailleurs européens de l'est. Le miracle de l'Europe a permis d'appauvrir les populations en invisibilisant officiellement le phénomène, un véritable tour de passe-passe néolibéral !

3° La doxa néolibérale ne cesse de nous répéter que l'Etat coûte trop cher, qu' il faut faire des économies dans les secteurs publics comme l'école ou l'hôpital et privatiser. Cette doxa du "tout privé" est cependant à géométrie variable. L'Etat ne cesse en fait de venir au secours du privé pour maintenir les bénéfices des actionnaires. Le dispositif zéro charge pour les employeurs qui recrutent au smic, le CICE, les aides très abondantes pendant le covid, les niches fiscales et autres avantages en calcul d'impôts .... tout est fait pour que l'Etat exonère les entreprises de payer les salaires différés (chômage, retraite, sécurité sociale) et n'entame pas les profits réalisés. Cela voudrait-il dire que les entreprises privées seraient incapables sans l'Etat de créer suffisamment de valeur ? Pourtant on nous affirme tout le contraire !

4° La proposition de X. Bertrand reviendrait à ce que les impôts des français prélevés sur la TVA, les impôts sur le revenu servent en partie à payer un travail dont le profit reviendrait aux entreprises.  Cela permet de démontrer combien la richesse n'est jamais crée par les entreprises mais au contraire, provient du travail et des taxes.

La curieuse proposition de Bertrand est une conception communiste de la société dévoyée de façon personnelle, puisque les taxes prélevées sont données gratuitement aux entreprises : un siphonnage en règle des bénéfices du travail et du commun. Poussée jusqu'au bout, cette logique fait en sorte que les gens se payent eux-mêmes pour aller travailler. Ils travaillent en fait gratuitement pour le patron qui s'enrichit : une situation qui ressemble de plus en plus à de l'esclavage !

Cette proposition qui ne semble choquer personne montre la doctrine néolibérale décomplexée à l'œuvre : le pillage en règle du commun. Privatiser les routes, les barrages, les services publics qui ont été construits et payés par l'argent de tous, pour les donner au privé (premier vol) et ensuite faire payer les gens pour le service auparavant gratuit (deuxième vol) tout en continuant de payer pour une partie de l'entretien de ces mêmes structures laissées à l'état (troisième vol).

Il est clair qu'en faisant payer trois fois la facture pour le même service, le privé peut s'enrichir !  Il est clair aussi que le privé ne crée aucune richesse, au contraire, il n'est qu'un vampire du commun et du travail de tous !

La leçon à en tirer, surtout en ces temps de paupérisation croissante et de chômage massif qui n'en sont qu'à leur début, est de réfléchir à l'absurdité d'une société qui favorise les parasites qui s'enrichissent sur l'exploitation du travail et empêchent les populations de vivre dignement. Cela ressemble de plus en plus à l'ancien régime : la caste des riches qui œuvrent à maintenir des privilèges exorbitants sur le dos des populations.

Quitte à payer pour aller travailler, il faudrait réfléchir à travailler autrement, pour soi et les autres ; trouver des moyens de créer un peu d'autonomie et échanger ses compétences sans compter, sans surveiller. Créer des zones de semi-autonomie est un moyen de créer des secteurs hors du contrôle capitaliste, un début de fonctionnement hors système, une brèche dans l'exploitation capitaliste qui laisse du temps, de la gratuité, de l'échange, de la parole, de la bonté, du respect. Loin de l'argent et de la conception comptable de la vie réifiée, une alternative dont il faut s'emparer puisque de toute façon, ils ont décidé de nous priver de tout et en plus de nous faire travailler pour des clopinettes !

Il faut que X. Bertrand et toute cette classe de parasites continuent à créer les conditions de notre pauvreté en faisant croire que généreusement ils augmentent les salaires (alors qu'ils les font payer de l'autre main). Ils créent sans s'en rendre compte, par bêtise, paresse, arrogance, mépris, sentiment de supériorité et illusion d'invulnérabilité, toutes les conditions pour un soulèvement populaire massif. Nous sommes quelques mois avant un nouveau 14 juillet ....

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