Cela me fait penser au film Chicken Run, dans lequel Mme Tweedy qui pourrait symboliser Macron, et plus largement le Pouvoir, n’imagine pas une seule seconde que les poules stupides (la population soumise à l’exploitation) puissent désirer quoique ce soit d’autre que leur vie actuelle et encore moins élaborer des tactiques pour fuir leur destin et la prison de leur basse-cour !
Même si la métaphore ne peut se filer sur l’ensemble du film, on voit apparaître des images convenues de la vie en société : le faux homme providentiel (le jeune coq), le mensonge des sachants (le vieux coq), et un panel intéressant de caractères « humains » : le peureux, le suiveur, le jaloux, les profiteurs, les intellos etc….
Mais cette fable d’un poulailler qui tente désespérément de fuir son destin sans perspective et sans joie, ressemble fichtrement aux peuples empêtrés pour trouver une sortie à un système qui n’apporte plus aucun avantage et qui devient de plus en plus autoritaire, inquiétant, oppressif.
Les poules tâtonnent et expérimentent, pour finir par triompher, après avoir dépassé les peurs, les déceptions face à l’incurie de ceux qui pourraient être des chefs (le jeune ou le vieux, coq, … des mâles donc !) et qui s’avèrent des imposteurs tous deux.
C’est donc un formidable film que l’on peut voir sous l’angle de la célébration de l’intelligence collective, de l’entraide, de la résistance à l’oppression, de la force morale de l’idéal représenté à la fin du film par un îlot paradisiaque dans lequel les poules sont libérées de leur destin « naturel » dans le système : produire des œufs, de la viande sans possibilité de vivre en-dehors de ces diktats de rentabilité pour ceux qui les exploitent.
La gilet-jaunisation des manifestations actuelles, comme l’émergence il y a un peu plus de quatre ans du mouvement des gilets jaunes, a été un coup de tonnerre dans le ronron des démocraties capitalistes avec un impensé abyssal : le peuple endormi par la démocratie et shooté à la consommation et à certaines protections sociales ne peut se révolter durablement et de façon massive. Tout est fait, en particulier par la propagande télévisée des films et des médias pour promouvoir la pensée unique du tout économique malgré les dégâts qu’elle cause.
Mais les conséquences de la paupérisation massive qui s’accompagne d’un durcissement des conditions de vie mais aussi de répression ne peut être endurée éternellement. Le peuple des poules a commencé à chercher comment sortir de cette vie formatée qui est devenue une prison pour beaucoup : travail difficile, mépris, maigre salaire, injonctions de plus en plus verticales et contraignantes dans tous les aspects de la vie. Beaucoup sont ceux qui aspirent à sortir de ce modèle.
Pas de chef, ce n’est pas ce qui empêche les poules de s’organiser. Chaque expérience fait surgir des idées, et c’est ainsi que fonctionne la formidable énergie de l’intelligence collective qui contrairement à celle des entreprises n’est pas soumise aux impératifs du dogme de la rentabilité ou de la faisabilité. On n’exclut rien !
Macron et son monde sont confrontés à la gilet-jaunisation des mécontentements. Leur monde vacille et le logiciel de leur fonctionnement intellectuel nécrosée par la pensée unique est incapable d'opérer différemment et tape toujours à côté….
Ce n’est pas le moment de reculer ! Nous avons la mission historique d’ouvrir la voie vers une autre forme de société.