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Billet de blog 24 août 2025

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Le mouvement social d'en-bas impose son agenda de rentrée

"Une accélération ces derniers jours d’appels syndicaux de base (..) qui va continuer avec la rentrée militante dans les entreprises et les services, place d’ores et déjà la date du 10 septembre comme date centrale de la rentrée pour tout le pays avec 70% des français qui soutiennent désormais le mouvement et 60% qui sont carrément pour bloquer le pays." Jacques Chastaing

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

De larges extraits de l’article de Jacques Chastaing en date du 24 août 2025.

Le texte est à lire dans son intégralité sur :

https://www.facebook.com/share/p/1BDtS7Hcsf/

AVEC LE 10 SEPTEMBRE ET AU-DELA, LE MOUVEMENT SOCIAL D’EN BAS IMPOSE SON AGENDA DE RENTREE.  TRANSFORMONS L’ESSAI ! 

(…..) Contrairement à 2018, où les directions politiques et syndicales avaient cassé en deux la classe ouvrière en qualifiant le mouvement des Gilet Jaunes de fasciste, cette fois-ci le mouvement syndical, social, politique de gauche, écologiste ou alternatif à la base a tiré les leçons de cette expérience, a pris les devants et décidé de se lancer dans la lutte aux côtés de l’initiative issue des réseaux sociaux avec en particulier l’engagement à ce jour de près d’une centaine de structures syndicales de base et d’une dizaine de fédérations syndicales CGT et Solidaires ou encore étudiante, avant-même l’aval des directions syndicales et politiques nationales, les forçant au contraire à les suivre. 

Ainsi ; derrière LFI, tous les partis politiques de gauche ont suivi. La CGT, par la voix de Sophie Binet ou de son bureau confédéral, a certes dénoncé le caractère « flou » et « nébuleux » d’une initiative ou selon eux pèserait l’extrême-droite, afin de freiner l’avalanche possible d’appels de structures de syndicales de base la semaine qui vient. Bien sûr, à la date où ils s’exprimaient, c’étaient les militants de gauche et d’extrême-gauche ainsi que leurs revendications qui dominaient largement. L’extrême-droite avait déjà quasiment déserté totalement le mouvement et le RN l’avait tout simplement dénoncé se rangeant aux côtés de Bayrou/Macron, aux côtés de l’ordre des riches. Il suffisait que la CGT y appelle, pour qu’il n’y en ait plus un seul. Ce qui en dit long sur la faible envie de la CGT – et encre moins de la grande majorité des autres - d’un véritable et large mouvement social qui mette en cause l’ordre social des capitalistes.  ( ….)

POURQUOI LE MOUVEMENT SOCIAL S’EST-IL AMORCE PENDANT L’ETE ?

Bien sûr parce que le budget Bayrou a été annoncé cet été. Comme d’habitude, le gouvernement espérait que l’été et les vacances amortiraient la colère et qu’une ou deux journées syndicales sans queue ni tête, annoncées pour la rentrée permettraient d’empêcher un possible brasier. Mais cela ne s’est pas passé comme ça. 

Bien sûr aussi, le mouvement sort du contenu de ce budget Bayrou qui est une honte. Alors que l’Etat donne 211 milliards d’aides chaque année au grand patronat, il veut mettre, de nouveau, des millions de personnes parmi les plus pauvres dans une panade encore plus grande. Une nouvelle dégradation de la protection chômage. La suppression de deux jours fériés. (….)La liste est longue de décisions qui vont frapper les plus précaires et épargner ceux qui accumulent au-delà de toute indécence.

Mais ça n'est pas que pour cela que les gens se mobiliseront le 10 septembre, c'est pour obtenir ce qui a été refusé lors des législatives du 7 juillet 2024 : une justice démocratique qui avait déjà été bafouée par les 49.3 à répétition lors du mouvement des retraites en 2023 et tellement souvent ensuite. Or, cette crise politique de la représentation s’est étendue aux directions des partis et syndicats historiques de gauche qui ont profondément déçu. C’est pourquoi le mouvement social vient toujours par surprise, il cherche à se mobiliser sans eux. Il cherche donc les failles du système de verrouillage social où il peut peser plus facilement et être plus efficace :  les vacances, où le peuple part de moins en moins mais où les verrouilleurs des hiérarchies politiques, médiatiques ou des directions syndicales sont absents ; (…..)

LE MOUVEMENT SOCIAL A TIRE LES LECONS DE 2018 ET 2023. 

Ainsi, se faisant jour dans les failles de surveillance sociale de l’été et pour cette raison même, avant même qu’il ait  démarré le 10 septembre, le mouvement cherche à imposer ce qui ne s’était pas fait en 2018, ou peu, l’unité des bases des deux classes ouvrières, organisées et inorganisées, des petites et des grandes entreprises, des jeunes et des moins jeunes, des petits boulot et des CDI, des jeunes de quartier et des ouvriers professionnels des grandes entreprises, du mouvement social et écologiste, du mouvement ouvrier et paysan des femmes et des hommes, des immigrés et des français, … et ce qui ne s’était pas fait non plus en 2023 entre le mouvement saute-moutons de la classe ouvrière organisée des retraites et la jeunesse ouvrière radicalisée des quartiers ouvriers en révolte contre la police au printemps/été 2023. 

Le mouvement cherche aujourd’hui à se donner les moyens de cette union en appelant et en organisant la démocratie directe ouvrière, celle qui peut-être se généralisera demain à toute la société, en appelant à multiplier à juste titre les réunions, les Assemblées Générales, les comités de grève et de toutes sortes. Ces réunions sont bien sûr chaotiques, bordéliques, mais tout mouvement populaire d’ampleur est de ce type, parce qu’il entraîne des gens pour leurs premiers pas et d’autres plus anciens, des plus ou moins conscients, parce qu’il est vivant et dynamique. Ceux qui cherchent un mouvement pur peuvent rester chez eux.

LA SITUATION POUSSE TOUT MOUVEMENT SOCIAL IMPORTANT AUJOURD’HUI A POSER LA QUESTION DU POUVOIR

Beaucoup comprennent l’enjeu du moment, guerre, effondrement démocratique, prise du pouvoir par l’extrême-droite poussée en avant par les puissances d’argent. Et cette conscience de ces enjeux imprègne tous les mouvements, quels qu’ils soient, peu ou prou, mais elle est là, et se développe.

Aussi, le mouvement comme déjà les Gilet jaunes, n’essaie pas de s’infiltrer dans les failles pour les élargir dans un esprit corporatiste et en profiter pour soi, son entreprise, son secteur, professionnel, son domaine d’intérêt, mais pour combattre tout le système. Pas que renverser Macron mais son monde. Et il s’agit de le remplacer par autre chose. Tous les mouvements actuels, pour peu qu’ils prennent une certaine importance, sont amenés à poser la question du pouvoir. Qui va diriger la société : les capitalistes et leurs hommes de main pour toujours plus d'exploitation moins de démocratie, la guerre et la destruction de la planète, ou le peuple en soulèvement et ses structures d'auto-organisation pour une société libérée de toute exploitation et oppression ?

(…..)  De chaque expérience, les classes populaires apprennent, il reste à dire explicitement et avec une voix qui porte ce qui a été appris. 

LES MILITANTS DOIVENT TIRER LES LECONS DE LA PERIODE

(……)Tout le monde a compris que jamais les directions syndicales et politiques de gauche n'accepteront qu'un mouvement de la rue aille jusqu'à renverser le gouvernement Bayrou, le président Macron et le système capitaliste.

Elles ne sont pas révolutionnaires et n'ont que le "dialogue social" ou le jeu parlementaire, pour améliorer la situation des classes populaires alors que gouvernement et grand patronat s'assoient sur le dialogue social et ne connaissent que la destruction sociale et la démolition du système démocratique représentatif. 

Il faudrait changer de logiciel, mais ces organisations installées dans le système ne le peuvent pas. Alors ça vient d’ailleurs.   (…..)

Alors grève générale le 10 septembre, oui, mais pas un seul jour, et liaison du politique au social, oui mais dans un ordre de subordination opposé. Le débouché politique est le mouvement social lui-même poussé jusqu’au bout. La motion de censure doit être au service du mouvement, pas l’inverse, afin de viser à faire tomber Macron, sinon elle ne sert à rien, et donc par la rue, puisqu’il n’y a pas d’autre moyen

Un 10 septembre comme point de départ ou point d’appui comme dit la CGT pour un meilleur rapport de force, oui mais pas pour aboutir à une seule journée d’action fin septembre, ni non plus à des journées saute moutons, mais pour construire un agenda, une véritable montée vers la grève générale illimitée. Cet objectif doit être dit haut et fort, un nouveau mai 68, qui bloque toute l'économie du pays et fasse non seulement tomber le gouvernement Bayrou, mais aussi Macron et son monde, toutes leurs politiques anti-sociales, racistes, anti-démocratiques et anti-environnementales.   (….)

COMMENT SE POSE CONCRETEMENT LA QUESTION DU POUVOIR

Personne ne sait ce que le mouvement social du 10 septembre porte en lui et s'il peut aller jusqu'au renversement de Bayrou/Macron ou de l'ordre capitaliste, mais toute la période porte cette nécessité et met à l’ordre du jour cet objectif. Si ce n’est pas ce 10 septembre, ce sera plus tard.

Dans ces conditions, poser la question du pouvoir peut se faire de très nombreuses façons en fonction de la situation, du rapport de force et de l’évolution du mouvement. Cela peut aller depuis des réponses au tac-au-tac aux attaques et arguments du pouvoir et ses alliés ou nos faux amis. (…..)

ENCORE QUINZE JOURS POUR RENFORCER LE CAMP DE LA DEMOCRATIE OUVRIERE

A partir des 25/26 août où la direction de la CGT va se réunir puis du 1er septembre avec la réunion de l'intersyndicale, les directions syndicales vont tenter de prendre la direction du mouvement, on ne sait pas encore comment, ça dépendra de la force du mouvement, mais pour au final mieux l'enterrer, soyons-en sûrs. Par contre les militants syndicaux et politiques de base, seront les acteurs centraux du dépassement de tous ces appareils, s’adresser à eux, fonctionner avec eux, est une nécessité pour les aider à se détacher de leurs directions. 

Nous avons encore une petite dizaine de jours pour mettre en route le maximum de réunions, de comités, d'Assemblées Générales avec l'objectif de les coordonner en vue de la grève générale, en n’oubliant pas que 60% des français sont pour bloquer le pays et que les principales fédérations syndicales sondent à l’heure actuelles les équipes militantes pour décider quoi faire le 10, en sachant que Sud rail qui l’a fait a appelé à la grève le 10 et à préparer la suite. Profitons de ces derniers jours de vacances pour jeter et étendre au maximum les bases de l'auto-organisation tous ensemble du mouvement du 10 septembre pour et vers la grève générale qui est le seul moyen de gagner.

Cette marche vers la constitution du prolétariat en force autonome avec son expression propre sur une base de classe, posera automatiquement dans la situation actuelle, et de plus en plus clairement la question du pouvoir.  (…..)

Or cette alliance des deux classes ouvrières, organisée et peu organisée, si importante pour gagner, et qui peut commencer à germer le 10 septembre et après, ne peut que se construire dans la démocratie la plus large, avec un mouvement qui appartienne à tous ses participants, grâce à des réunions de préparation ouvertes, des Assemblées Générales décisionnelles, que ce soit sur les revendications, les objectifs et les moyens d'action, au niveau local, régional et national, comme avec l'Assemblée des Assemblées des Gilets jaunes s'associant cette fois-ci aux réunions de préparations syndicales et les Assemblées Générales des entreprises. En même temps, cette démocratie ouvrière directe parce qu’elle constitue en classe les travailleurs émiettés, pose alors sa candidature au pouvoir doit être non seulement démocratiques mais doit viser aussi l’efficacité, qui ne se trouve dans une lutte à ce niveau qu’en coordonnant ses organes d’auto-organisation, en se donnant une presse, des porte-paroles, bref une direction mais dans un va et vient permanent entre la base est ses représentants qui rendent ces derniers révocables à tout moment et donnent ainsi en même temps que l’efficacité, un avant-goût de la démocratie future. 

Jacques Chastaing 24.08.2025    

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