Agrandissement : Illustration 1
Edito n°1833. Novembre 2021
Même pas peur ?
Morts-vivants, spectres, revenants, squelettes… La France aurait-elle peur ? Et la Belgique serait-elle en proie à la terreur la plus fétide ? C’est de saison sans doute. Nuit de Halloween oblige. Aujourd’hui, entre folklore approximatif et opération commerciale, les terreurs d’antan ont perdu de leur substance. On s’amuse à se faire peur, on se fait peur pour rire. Les croquemitaines les plus épouvantables, ce ne sont pas ceux qui ont frappé à nos portes en réclamant « des bonbons ou des sorts »… Apparemment, les monstres qui s’apprêtent à nous hanter vont figurer sur des affiches électorales. La campagne présidentielle en France a déjà démarré, sans dire son nom, avec le spectre de l’extrême-droite toujours présent, comme épouvantail et caution pour les « gentils monstres » quiètement républicain. En Belgique, c’est un autre spectre qui remue et s’extrait de la fange : selon un récent sondage, plus d’un tiers de la population pense « que la société serait mieux gérée si le pouvoir était concentré dans les mains d’un seul leader », se dit désireuse de confier le pouvoir à une « autorité éclairée ».
Nous anarchistes, avons toujours pensé que le parlementarisme était aussi oppressif que les dictatures les plus assumées. Notre projet de société : égalitaire, adelphique, autogestionnaire. Nous restons hostiles à toute forme de gouvernement et continuerons d’inciter la société à s’organiser « d’en bas », sans l’attente d’un sauveur ou d’une sauveuse suprême, tombé·e des urnes ou d’un plébiscite. Même pas peur ? Non, les anars n’ont pas peur. Ni devant les monstres et les croquemitaines de l’oppression, ni devant aucune forme de menace terroriste, ni devant les enjeux des crises sanitaires ou environnementales... et encore moins devant la perspective de la révolution sociale ! Non, à la peur, les anarchistes préfèrent depuis toujours une tout autre voie. On appelle ça la révolte.
Christophe