L'addiction est une hydre à mille têtes qui nous fait trop souvent perdre la nôtre. Comme pléthore de problèmes qui affectent notre société — subis par les uns, entretenus par les autres — il nous faut trouver le moyen de composer avec.
Il y a celles qui rythment, modulent et modèrent notre sociabilité. Il y aussi les autres qui, plutôt, la désaccordent, la fracturent.
Tantôt tangibles, tantôt éthérées, souvent insidieuses, elles se font chimiques, psychologiques, idéologiques, voire religieuses : les substances, habitudes, croyances et dogmes. Nous ne les connaissons que trop bien… chez les autres, chez les nôtres.

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Trop souvent même, les phénomènes d'addiction se complètent, se renforcent, s'intensifient, s'aggravent de la combinaison de ces éléments. Les fronts sont multiples.
Plus classiques, il y a celles qu'on dit « douces » ou « dures », voire « pharmaceutiques » : celles qui se boivent, s'inhalent, s'ingèrent ou s'injectent.
Plus modernes, il y a aussi celles que l'on nomme « numériques », « digitales », ou « technologiques » : celles que l'on zieute, reluque, scrute, sur lesquelles on clique et on scrolle.
Certaines se réjouissent d'être « récréatives », d'autres se targuent d'être « thérapeutiques ». Quand bien même, jusqu'à addiction délétère, il n'y a parfois qu'une frontière ténue.
Mais elles ont bon dos, les addictions ! Elles ne nous viennent pas de nulle part. Qu'on n'en oublie pas celles et ceux qui les génèrent, les diffusent, les entretiennent et les adaptent — pour leur profit : jouir de ce que l'on consomme, de ce qui nous consume.
Libertaires, continuons à analyser aussi finement que possible les causes et conditions des addictions, dans toutes leurs complexités, afin de mieux en attaquer les racines pour prémunir l'individu comme le collectif de sa nocivité.
L'exercice reste subtil : avancer sur le fil du rasoir sans jamais tomber ni dans une moralisation stérile ni dans une tolérance indifférente.
Nicolas
CRML