Agissez par vous-mêmes !*
L’autogestion, c’est pour un groupe d’individus, le fait de décider ensemble de ce qui les concerne, et ce, sans intermédiaires. C’est une aspiration, une conduite qui a guidé le mouvement libertaire depuis sa conception jusqu’à aujourd’hui, traversant son histoire, depuis la Première Internationale Ouvrière (l’AIT), qui dit (OK, c’est Marx qui tient le crachoir, mais c’était conceptualisé avant lui par les anarchistes et Proudhon) que les travailleurs ne se sortiront le cul des ronces que par eux-mêmes, en passant par la Commune de Paris ou encore la révolution espagnole.
L’autogestion, c’est l’idée que personne n’est mieux placé que le groupe pour régler ses problèmes et s’organiser. C’est le refus de la délégation à une quelconque élite, issue d’une urne ou d’une école. C’est aussi le principe que si des antagonismes surgissent dans des différences d’intérêt, les groupes se débrouillent pour gérer eux-mêmes leurs intérêts propres, sans emmerder les voisins qui n’ont rien demandé. Et sans chercher à imposer quoi que ce soit par la force, même celle d’une minorité changée en majorité par la magie d’un scrutin.

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Comme souvent, le concept synthétisé par les anarchistes a débordé, pour infuser dans les sociétés du monde entier de nouvelles pratiques, sur bien des plans : coopératives alimentaires du siècle dernier, centres sociaux italiens, Municipalidades du Chiapas, librairies autogérées dans l’Hexagone ou ailleurs…
L’autogestion, c’est tout ce qui horrifie les bouffe-galette, les politicards de tous bords, qu’on entretient à grands frais pour s’occuper (très mal) de nos affaires, et qui poussent régulièrement la chansonnette républicaine et démocratique autour de leur agenda électoral bourgeois. Alors qu’on la connait, nous, la chanson, « il n’est pas de sauveurs suprêmes ». Raison de plus pour répandre l’autogestion partout, dans nos modes de vie, nos loisirs, nos travails, nos engagements militants, notre consommation…
On se lève et on se démerde !
Julien Caldironi, comité de rédaction du Monde libertaire
* Vous avez sans doute reconnu le titre de l’ouvrage de Pierre Kropotkine, réédité récemment chez Nada.