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Billet de blog 23 octobre 2016

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(COMMENT ?) FAIRE VIVRE L'ESPRIT DES BOURSES DU TRAVAIL AUJOURD'HUI (?)

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(COMMENT ?) FAIRE VIVRE L'ESPRIT DES BOURSES DU TRAVAIL AUJOURD'HUI (?)

Militant.e.s révolutionnaires impliqué.e.s dans des organisations syndicales, nous ne ratons jamais l'occasion d'évoquer l’œuvre et l'esprit des Bourses du Travail. L'aventure des Bourses avant la Première Guerre mondiale reste une source d'inspiration, un modèle à imiter. Selon la volonté de militant.e.s comme Fernand Pelloutier, elles ont été les caisses de résonance du mouvement ouvrier à l'échelle locale, des foyers d'agitation révolutionnaire, des lieux de culture et de formation, une ressource pour les "sans-travail".

 Ce modèle, véritable originalité dans l'histoire du mouvement ouvrier, doit continuer d'inspirer nos luttes et nos pratiques syndicales. Ces brèves lignes ont pour but, non pas d'inciter les syndicalistes à faire un copier/coller des modèles du passé (entreprise qui serait de toute façon vaine dans le contexte actuel). Nous souhaitons seulement inviter à la réflexion sur quelques questions qui traversaient le mouvement ouvrier à la veille de la grande guerre.

La tradition syndicaliste révolutionnaire considérait le syndicat comme un vecteur permettant l'émancipation vis-à-vis du système capitaliste. Émancipation "collective", économique et politique : lutte des classes, abolition du salariat... Mais également émancipation "individuelle" et sociale : le syndicat est l'endroit où l'on pense le monde d'aujourd'hui, où l'on invente celui de demain. Les Bourses du Travail visaient l'élaboration d'une culture ouvrière autonome (création de Théâtres du Peuple, d'orchestres ouvriers, etc.). Aujourd'hui apparaît la nécessité d'accorder une place importante à la formation1 au sein de nos structures. Cela se vérifie facilement dans les syndicats, au sein desquels tous.tes les militant.e.s n'ont pas les mêmes "savoirs" militants. Loin d'être un frein pour le syndicat, la diversité des parcours (militants, de vie) au sein de l'organisation, est un prétexte à la tenue régulière de formations et conférences sur des thèmes variés (histoire, débats sociétaux...).

A la fin du XIXe siècle, le syndicalisme ouvrier apparaît comme la solution logique pour de nombreux.euses travailleurs.euses de secteurs nouveaux. De nos jours, les lignes ont bougé, la communauté du travail a changé. Loin d'être un outil obsolète et dépassé, le syndicalisme révolutionnaire est encore pertinent. A condition de s'adapter, à condition de se réinventer. Délaissé, voire méprisé par les grosses centrales syndicales, certains secteurs trouvent toute leur place au sein de la CNT-Solidarité Ouvrière2. Réutilisant les vieilles armes du mouvement ouvrier (grève, piquet, etc.) ou en en inventant d'autres, les camarades des différents syndicats du nettoyage de la CNT-Solidarité Ouvrière font de nos jours encore, vivre l'esprit du syndicalisme révolutionnaire. Celui-ci peut encore représenter la voie menant à l'émancipation des travailleurs.euses. A condition qu'il ose se réinventer. L'idéal des Bourses du Travail ne réside-t-il pas également ici ? A l'époque des Bourses, il fallait inventer, prendre des risques, donner une certaine direction au mouvement ouvrier, quitte à se tromper. En se lançant dans le développement d'une nouvelle confédération syndicale il y a quelques années, nous avons pris le risque de nous lancer dans quelque chose de nouveau, de mettre l'accent sur le développement de certains outils (l' "arme" juridique), de jouer la carte des salarié.e.s (techniques) de la Confédération. L'avenir nous dira si nous nous sommes trompé-e-s. En attendant, nous pensons nous inscrire, en toute humilité bien sûr, dans l'esprit des Bourses en faisant ces choix : (ré)inventer, s'adapter, essayer d'autres choses.

Jusqu'à présent nous avons évoqué des thèmes que l'on pourrait qualifier de consensuels. Personne ne critiquera la nécessité d'autoformation au sein des syndicats, personne ne remettra en cause l'esprit d'innovation dont ont fait preuve les animatrices.eurs des Bourses, esprit que nous devons retrouver aujourd'hui. Qu'en est-il des autres caractéristiques de ces structures qui ont émergé en France il y a un peu plus de cent ans ?

Malheureusement, nos unions locales ne sont pas encore des foyers d'agitation révolutionnaire. Le vieux débat sur l'indépendance des Bourses du Travail n'est pas clos. En effet, nombreuses étaient celles qui existaient grâce aux aides financières des municipalités. Une des fonctions premières des Bourses était le placement des ouvriers.ères sans travail (d'où leur nom) dans un contexte de défiance de la classe ouvrière vis-à-vis des bureaux de placement privés et d'absence d'intervention étatique dans ce domaine. Doit-on se pencher à nouveau sur cette question ? En visant l'autonomie ouvrière, les Bourses du Travail investissaient des champs que l’État n'investissait pas encore (formation professionnelle, placement des sans-travail, mutualisme). Dans le contexte d'un État « social » (où du moins de ce qu'il en reste) et de ses corollaires en matière de formation, de traitement du chômage par exemple, comment tendre à l'autonomie ouvrière ? Réside sans doute ici l'un des défis les plus difficiles que notre syndicalisme ait à affronter. Renforçons nos syndicats et relevons les défis. Réinventons le syndicalisme révolutionnaire !

Que vive l'esprit des Bourses du Travail !

G. Blèque, militant CNT-Solidarité Ouvrière

1. Nous ne parlons ici des formations techniques organisées pour les divers représentant.e.s du personnel et mandaté.e.s de nos syndicats (Représentant.e de section syndicale, Délégué.e du personnel,...).

2. Il va sans dire que les différentes pratiques inspirées des Bourses évoquées dans cet article peuvent se retrouver dans d'autres organisations syndicales (CGT, CNT-F...). Les lectrices.eurs excuseront le parti pris partisan de l'auteur...

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