Sharon Van Etten & the Attachment Theory

À 43 ans, cette collègue de travail de Fiona Apple, Nick Cave, Norah Jones ou feu David Lynch a déjà pour elle une vaste discographie solo. Prolixe, elle a participé à d’innombrables projets annexes de la BO du documentaire Feels Good Man sur le mème internet « Pepe The Frog » à, dernièrement, un album de reprises de Neil Young. Également actrice, elle a joué dans la série The OA sur Netflix et fait une brève apparition dans Twin Peaks.

Ce parcours n’aurait pas existé si elle ne s’était pas extirpée plus jeune d’une relation toxique avec un musicien jaloux qui l’a rabaissée, elle et sa musique, au point qu’elle fasse des scènes ouvertes en cachette. Une émancipation salvatrice qu’elle continue à rappeler à la manière d’un message de prévention sur les dangers de l’emprise affective sur la santé mentale.

Cette expérience douloureuse sera la matière nourricière de ses premiers albums aux sonorités plus folk comme Because I Was in Love (2009) ou Are We There (2014). Une résilience créative qu’elle utilisera aussi pour évoquer le joyeux chaos de la maternité dans l’album plus electro Remind Me Tomorow (2019). « Tout ce que je chante est vécu, cette honnêteté est primordiale. D'une certaine façon, je fais carrière en me soignant », déclare-t-elle dans Le Monde pour la sortie de The Tramp en 2012.

L’album Sharon Van Etten & the Attachment Theory est un cap important pour cette compositrice d’ordinaire solitaire puisqu’il est co-écrit et co-signé avec son groupe historique de tournée. Il a le mérite de mettre en lumière Devra Hoff et ses lignes de basses joy-divisioniennes ou Teeny Lieberson qui, derrière ses claviers analogiques, tapisse de lourdes notes cette toile très new wave. La musique respire plus, la rendant plus dynamique, puissante et lumineuse au service de morceaux évidents mais souvent teintés de digressions bizarroïdes comme sur Somethin’ Aint Right, Afterlife ou **l’imparable joyaux indie pop Idiot Box.

DG

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