BRNS entonne son chant du cygne

Décidément le plat pays est vivier inépuisable d'artistes inspirés et talentueux. Est-ce la mélancolie provoquée par la grisaille de Charleroi ou les abus de mitraillettes fricadelle les lendemains de bamboche liégeoise arrosées de houblon mixé à la "molly" bon marché d'Anvers ? Si on évacue les artistes les plus connu.es comme le grand Jacques ( j'ai mis un lien pour les plus jeunes, hein), l'immense Arno, Stromae, Angèle (j'ai mis un lien pour les plus vieux, hein) ou la papesse du death-métal K-pop  Annie Cordy, on trouve un nombre non négligeable de très bons groupes de rock et affidés souvent peu connus du grand public ou pire encore : considérés comme français. On pense mais on en oublie beaucoup à : Girls in Hawai, Venus, dEUS ou les bruitistes de It it Anita et bien sûr à BRNS 

Le couperet est tombé un 18 janvier sur Facebook, BRNS (qu'on prononce Brains) annonce sa dernière tournée. "Après 13 ans d’existence, BRNS entonne son chant du cygne. Quatre disques, un EP, des centaines de concerts à travers l’Europe et même au-delà, ce n’est pas négligeable ! Pour célébrer cette expérience intense, BRNS fera un ultime tour de piste au printemps prochain : quinze dates en Belgique, France et Suisse pour se faire dresser les poils une dernière fois avant de tirer sa révérence."

Le groupe composé de Tim Philippe (chant, batterie) d'Antoine Meersseman (chant, claviers, basse) de Diego Leyde ( guitare, chant) pour le noyau dur historique et de Nele De Gussem (qui les a rejoint pour le dernière album ) a décidé d'arrêter pour ce consacrer à d'autres projets. Le groupe peut cependant dormir tranquille car l'œuvre accomplie est conséquente avec quatre albums, un EP et des collaborations fructueuses notamment avec Ropoporose.

Les débuts avec les albums Wounded (2010) et Patine (2014) 

L'EP album Wounded sorti en 2012 pose les bases de leur son: un son organique et énergique avec une batterie prédominante qui donne une forte puissant aux morceaux pourtant souvent très posés.  Une recette qui va se consolider d'album en album , avec des morceaux alternant  moments de grâce et de calme tapissés de claviers chelou à des envolés rythmique happy et puissante. Les influences des gloires indés de la fin des 2010's sont  perceptibles notamment  Alt -J, Animal Collective ou les productions du label Anticon comme Why ?  Wounded recèle de morceaux intéressants dont le dantesque et puissant The Story of the bible ou le titre d'ouverture Clairevoyant sans oublier les morceaux clippés  Ours light et le tube Mexico (rien à voir Luis Mariano) qui a été le morceau de ralliement au début du groupe.

Le second album Patine prolonge cette direction bien particulière mais de façon plus éthéré voir ambiante , la production est plus léchée et les constructions des morceaux plus bizarroïdes parfois cinématique, la basse semble plus présente, ronde, enveloppe mieux l'ensemble, l'album regorge aussi de quelques pépites comme  Void, My Head Is Into You  ou encore Omen 

Holidays EP* (2016)

Au sommet de leur Sugar High  (2017)

J'avoue je ne suis peut-être pas objectif avecvSugar  High  ( au très beau visuel soit dit en passant) car c'est avec ce disque que j'ai découvert le groupe mais force est de constater que ce disque fut une bonne claque pour pas mal de monde. Continuant dans la même veine que les précédents opus, BRNS franchit encore un pallier avec ce disque encore plus riche, aboutie bourré de mélodie catchy avec toujours cette section rythmique impeccable qui sonne du tonnerre et à tendance à fondre un plomb passé deux minutes de musique comme sur The Rumor.

De très bon morceaux le disque en regorgent (Damn right, Encounter), avec un gros emoij cœur pour titre le Pious Platitudes et sa ligne de basse qui colle à la tête tout droit sortie des 90's. Missing quand à lui  sonne comme un très bon Metronomy époque The English Riviera et se termine en bonne orgie post-hardcore hurlée à la  At the Drive-In. Un album sucré/salé de pop foutraque, généreuse toujours plus barré. 

2 Ropoporose + 3 BRNS = Namdose (2019)

Mélanger deux trucs bien ne débouche pas forcement à un bon résultat vous pouvez l'observer autour de vous quand vous regardez le physique ingrat du nouveau-né de votre couple d'amies. Idem pour le duo musicale entre Bernard Tapie et Doc Gyneco  au siècle précédent, sur le papier ça s'annonçait bien…Selon un copié-collé assumé sur la page du site web du label Yotanka Records "Namdose est né du souhait du festival Les Nuits du Botanique et le festival Rockomotives de voir réunis BRNS et Ropoporose au sein d’une formation inédite" . Voilà pour la petite histoire Namdose est une incartade intéressante dans leur discographie qui mérite d'être relevée tant ce projet respire le bruit et la fureur. Il permet aussi de faire un petit poke au fabuleux duo frère-sœur vendômois Ropoporose malheureusement plus à l'ordre du jour. Je vous invite à jeter une oreille sur le titre  Horses de leur dernier album Kernel, Foreign Moons sorti en 2017, c'est fort bien, fort et bien à l'image de leurs prestations en concerts et leurs deux disques.

Pour en  revenir à Namdose, le mélange entre les deux groupe prend allègrement, on est bien en présence d'une mayonnaise bruxello-vendômoise de plutôt haut de gamme car les univers des deux groupes se complètent très bien, les clins d'œil à Sonic Youth et Blonde Red Head sont nombreux et pas trop caché mais les originalités des deux groupes sont bien là et on ne boude notre plaisir avec les deux excellents batteurs de chaque formation en stéréo et bien sûr  tout ce beau monde chante, hurle et crie dans la plus grand joie.

Le dernier album : Celluloid Swamp (2021)

Album beaucoup retardé par le Covid et attendu (en tout cas par moi), leur dernier album ne déçoit pas malgré les prises de risques multiples et surprenantes. Bien sûr ça part encore plus dans toutes les directions, du morceau presque R'n'B Suffer ou les délires sur Proufound Pressure , morceau weirdo comme si Brian Eno éméché à la vodka-tropico avait passé la nuit avec Primus. Force est de constater que des morceaux sont diablement (rouge) réussit et frisent le génie surtout Familiar avec en guest Carl Roosens du groupe Carl et les hommes boites à qui on doit la meilleure reprise du Chanteur de Balavoine sous exomil à écouter ici.  Le morceau est archi fou, très rythmique et mélodique avec de la mandoline, trompette, chant rappé en français, bref sur le papier ça peut sembler un peu too much mais à l'écoute c'est réglé comme du papier à musique. Du grand art.  

L'écoute de ce dernier album nous provoque cependant un petit pincement au cœur tant les pistes explorées laissaient entrevoir les futures évolution du groupes. On  se dit qu'ils se sont fait plaisir avec Get Something taillé pour les stades qui sonne comme une sorte de cover  de My Bloody Valentine avec des gros claviers qui tâchent, ainsi que le titre Not Alone  qui nous fait bien buggé le"brain "(vous l'avez ?) avec ce gimmick mono-note au clavier ou encore le morceau Lighthouses qui douche les espoirs de ceux qui comptait un jour faire un morceau mixant Kavinsky  avec un passage à la Battles. Un live du morceau est disponible ici enregistré et filmé au théâtre du mange de Mons.

Et maintenant on se lève et on va les voir en concert !

* Dans la première mouture de l'article, j'avais un peu zappé cet EP du groupe. Pour des raisons déontologiques, je me dois de vous raconter que c'est lors du concert de BRNS à Poitiers du 11 avril 2023 pour cette fameuse tournée d'adieux que j'ai voulu faire cette petite rectification. " Très sympa ton billet sur le groupe mais t'as oublié l'EP "Holidays",on va te le filer il nous reste des cassettes" me dit le batteur du groupe ce soir là en souriant. Bon, voilà en plus de faire du bon son, ils étaient très sympas  et ils ont insisté pour me filer la cassette , c'était la première fois que je voyais le groupe en live et le concert était vraiment, vraiment cool. )