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Nick Drake, mort en 1974 à 26 ans dans son lit d'enfance d'une surdose d’antidépresseur laisse derrière lui une prolixe discographie de trois albums mais quasiment aucune interview ou captation live qui ajoute encore un voile mystérieux autour de lui et de son oeuvre. Le mieux reste sûrement d'écouter ces trois magnifiques albums Five Leaves Left ( 1968 ), Bryter Layter (1970) ou encore Pink Moon (1972) pour vous laisser convaincre par son jeu de guitare chaloupé, parfois étrange au service de mélodie magnifiques où se pose sa voix douce, calme et mesurée.
On peut classer Nick Drake dans cette grande famille d'artistes maudit de la folk qu'on adore vénérer, ces perdant.es magnifiques qui gagnent à la fin sans le savoir à l'instar d'un ou d'une Syd Barret, Karen Dalton ou encore Daniel Johnston plus récemment. A noter que si vous voulez un listing plus pointu pour vos soirées au coin de feu je ne peux que vous conseiller l'excellente série de Paul Labourie dans Gonzai intitulé Les maudits de la folk .

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C'est Robert Smith entre autres qui a contribué à son succès posthume, en se revendiquant de son influence. Le nom du groupe The Cure viendrait du morceau Time Has Told me en référence à ce passage :
Time has told me
You're a rare, rare find
A troubled cure
For a troubled mind
On pourrait citer aussi Kate Bush, REM ou Bill Callahan la liste est aussi longue que prestigieuse, Nick Drake a inspiré et continue toujours d'inspirer pas mal d'artistes preuve en est le casting de choix pour cet album tribute sorti en juillet 2023 : The Endless Coloured Ways: The Songs Of Nick Drake.
Ce projet est né de la volonté de Cally Callomon, gestionnaire de la succession de Nick Drake, et de Jeremy Lascelles, cofondateur de Blue Raincoat Music et PDG de Chrysalis Records. "Chaque morceau est un exemple d’un artiste qui a adopté l’art de Nick comme s’il s’agissait du sien, en se soumettant à la chanson, et les résultats prouvent que le talent peut si souvent l’emporter sur la simple compétence ou la personnalité. La consigne de départ était simple : ignorer l’enregistrement original en termes d’arrangement, de production et de style de chant ; réinventer la chanson" peut on lire dans la description sur la page du label Chrysalis Records. Décliner en quatre saisons en clin d'oeil à l'univers de Drake dans ses chansons, le disque reste cohérent même si on navigue de la folk à la synthpop (Let's Eat GrandMa) en passant par le trip-hop la musique ambiante voir expérimentale ou la krautpop (avec John Parish et Aldous Harding sur Three Hours).
La cohérence réside dans cette capacité des chansons de Nick Drake a avoir de superbes construction mélodiques qui sont un vivier inépuisables propice à toutes sortes d'arrangements. Les morceaux sont parfois trés proches de l'original comme la version Ben Harper de Times as Told mais peuvent être aussi transfigurés comme la version de Fly par Philip Selway, le batteur de Radiohead qui pousse pour l'occasion la chansonnette sur une réadaptation trés expérimentale.
Le titre d'ouverture trés rock avec les nouvelles coqueluches irlandaises de Fontaines DC de The Endless Coloured Ways: The Songs Of Nick Drake marque d'emblée les esprits et nous amène dans un univers parallèle où Nick Drake aurait fait un featuring avec les Velvet Underground pendant la vague post-punk des années 70. De trés nombreux bons morceaux dans cette galette quatre saisons avec aussi la performance de Camille qui livre une version de Hazey Jane trés près du micro et tout en cordes, ou celle de Guy Garvey (Elbow) et Mike Lindsay( Lump) dans une version magnifique de Saturday Sun. L'avantage de The Endless Coloured Ways et qu'il permet de découvrir un bon paquet d'artistes qui pour ma part étaient passés en dehors de mes radars et les chansons de Nick Drake en sont une parfaite porte d'entrée. Grande découverte également avec Stick in the Wheel et le morceau Parasite à la voix vocodée de la chanteuse Nicola Kearey, morceau qui n'a rien à voir avec ce qu'ils font en temps normal c'est à dire de la folk Galloise joué au dobro. Enormément de choses donc à piocher et à découvrir dans cette album tribute, amateurs ou non de Nick Drake.
- The Wandering Hearts – Voice From A Mountain (Prelude)
- Fontaines D.C. – ‘Cello Song
- Camille – Hazey Jane II
- Mike Lindsay feat. Guy Garvey – Saturday Sun
- Bombay Bicycle Club and The Staves – Road
- Let’s Eat Grandma – From The Morning
- David Gray – Place To Be
- John Parish and Aldous Harding – Three Hours
- Stick In The Wheel – Parasite
- Ben Harper – Time Has Told Me
- Emeli Sandé – One Of These Things First
- Karine Polwart and Kris Drever – Northern Sky
- Craig Armstrong feat. Self Esteem – Black Eyed Dog
- Bombay Bicycle Club and The Staves – Road (reprise)
- Nadia Reid – Poor Boy
- Christian Lee Hutson feat. Elanor Moss – Which Will
- Skullcrusher and Gia Margaret – Harvest Breed
- Katherine Priddy – I Think They’re Leaving Me Behind
- AURORA – Pink Moon
- Joe Henry and Meshell Ndegeocello – Time Of No Reply
- Famous Blue Cable feat Feist – River Man
- Liz Phair – Free Ride
- Philip Selway – Fly
- John Grant – Day Is Done
- The Wandering Hearts – Voice From A Mountain
L'album en entier