Après plus de vingt-cinq ans de carrière, Shannon Wright incarne toujours avec justesse le terme souvent galvaudé de rock indépendant.
Les doutes, les deuils ou la maladie, n’auront pas eu raison de l’Américaine, généreuse comme à l’accoutumée dans ce nouvel album puissant et élégant.
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« Reservoir of love » Shannon Wright (Vicious Circle Records), 2025
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Ce disque fait suite à une longue liste de petits chefs-d’œuvre comme le hargneux Over the sun (2004), le rayonnant Honeybee Girls (2009) ou son précédent opus piano-voix Providence (2019), enregistré à Rome dans le studio des pianistes Katia et Marielle Labèque.
Armée de sa guitare ou de son piano Wurlitzer, Shannon Wright nous livre avec Reservoir of love un disque condensé, taillé au cordeau entièrement composé et joué par ses soins. Il alterne moments de simplicité (The Hits ou Countless days) et accès de fureur comme avec Reservoir of love et Ballad of a Heist.
La musique de Shannon Wright a quelque chose de viscérale tant la mélancolie transpire par tous les pores. La guitare est lourde, massive et directe, elle cogne inlassablement pour former un maelstrom dissonant. Sa voix, elle, surgit du clair-obscur et nous amène dans cette lumière cotonneuse, probablement celle que l’on voit au bout de ce fameux tunnel.
Peu connue du grand public en France, son aura est pourtant grande en France. L’album Yann Tiersen & Shannon Wright en 2004 avait permis de la découvrir dans cette collaboration avec le Brestois où leurs univers s’entrechoquaient quelque part entre l’île d'Ouessant et la Floride.
C’est aussi grâce au soutien du label bordelais Vicious Circle et son ami et fondateur de celui-ci Philippe Couderc, figure de la scène indépendante décédé en 2021, auquel elle rend hommage dans ce nouveau disque.
Mais c’est à force de prestations à nu dans les petites et grandes salles qu’elle laboure inlassablement depuis des décennies qui font d’elle une artiste accessible et touchante malgré ses concerts intimidants pour le public comme pour elle.
Elle déclarait àLibération pour la sortie de l’album In film Sound (2013) au sujet de ses concerts : « C'est une épreuve à chaque coup : pourquoi m'infliger ça ? Je m'y pointe comme au premier rendez-vous, j'en ressors lessivée. » Sa tournée hexagonale débute en mars et passe entre autres par Marseille, Lille, Nantes, Poitiers, Paris ou Saint-Brieuc.
DG
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