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Billet de blog 17 janvier 2023

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Billy Nomates « Cacti »

Billy Nomates c'est Tor Maries jeune trentenaire de la classe ouvrière de Leicester adepte de post-punk scandé et chanté, bidoullé à l'ordi piochant aussi dans le rap et le RnB. Elle revient avec un deuxième album "Cacti " plus synthwave et pop sortie le 13 janvier dernier sur Invada Records label du producteur et musicien Geoff Barrow, ex-membre de Portishead et fondateur du groupe Beak .

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Illustration 1
Billy Nomates dans le clip Spite

Billy Nomates qu'on pourrait traduire littéralement par  Billy « sans potes » a bien des potes, contrairement à ce que son nom de scène indique. En effet son premier album est sortie sur Invada record  label du producteur et musicien Geoff Barrow, ex-membre de Portishead et fondateur du groupe  kraut rock perché de Beak. On connut pire comme référence et ceux sans compter Iggy Pop, Florence Welsh, Steve Albini  ou Jason Williamson du duo punk en K-Way Sleafords Mods qui ont eux aussi validé Billy à l'occasion de son première album en 2020. Le name-dropping est terminé, j'espère avoir capté votre attention.

Ce premier album intitulé Billy Nomates avait déjà bien marqué les esprits notamment avec des titres comme Modern Hart ou No morceau bien catchy sur le sexisme dans la veine de Sleaford Mods  avec des boites à rythme et du spoken-word en mode "balek" mais avec un aspect plus pop et un refrain qui reste bien dans la tête :

Everybody twist for me 

Well c'mon and crack your knees honey 

Bend your back'a please baby

No

Billy Nomates - No © Billy Nomates

Coté écriture, Billy Nomates aborde des thèmes dans l’air du temps et de sa génération. Brexit, racisme, emplois précaires ou bullshit jobs, gentrification provoqué par les hippies ….  On reste dans la continuité d'un certain retour salutaire des considérations politiques dans la musique populaire au Royaume-Uni, mais peut-être qu'il n'y peut être plus vraiment le choix dans un pays où l'hôpital est à genoux où les traders de la city font de plus en plus taches à côté des fils d’attentes à la soupe populaire, à moins que ce soit l'inverse. L'article Face à la crise, Newcastle invente des solidarités d'Antoine Perraud dans Mediapart illustre parfaitement ce tableau où la désindustrialisation galopante du siècle passé ne cesse de plonger des régions dans la pauvreté provoquant ce sentiment de déclassement. 

Billy Nomates - balance is gone (Later with Jools Holland) © BBC

Ce nouvel album s'adresse en bonne partie à celles et ceux qui ont déjà relancé une after moribonde en imposant  Girls Just Want To Have Fun de Cyndie Lauper ou Modern love de Dawid Bowie sur Youtube. Les références des 80's sont bien là tant du coté des claviers que de l'esthétique général du disque. Par contre au niveau production, l'omnipotence de la basse et du Kick-Snare efficace et qui cogne, on se situe plus dans la free party dans la bouillasse du fond fin du Pays de Galles. Le morceau d'ouverture Balance is gone est à ce titre plutôt parlant et représentatif d'une partie de l'album, titre entrainant et dynamique avec en fond sonore et une énorme ligne basse avec une flanger bien baveuse. On reste aussi avec Spite et son intro guitare cheapy dans cette même veine synthpop 80's qui tabasse mais économe, toujours impeccablement servi avec son chant spontané et des chœurs ficelés et travaillés.   

Billy Nomates - spite © Billy Nomates

On ne peut cependant pas s'arrêter qu'au coté revival 80's mais si il est plutôt bien réussi et que le style vestimentaire et la coupe à Bonnie Tyler de Billy pourrait nous y faire penser. Le tropisme vers des contrés synthpop voir electronica donne une densité  globale au disque et à certains morceaux notamment sur Blackout signal ou Saboteur Forcefield  qui sonne comme le trop méconnu groupe Lalipuna et son électronica mélodique et délicat, on pense aussi à Black Marble projet musical cold wave et de synthpop américain de Chris Stewart.

Billy Nomates - saboteur forcefield

La force de ce nouvelle opus repose en grand partie sur l'accessibilité des morceaux faussement épurés qui font mieux ressortir chaque sons pour mieux les pousser à fond, avec toujours cette ligne de basse efficace  très présente ou des passages guitare bien choisis à la The XX et Joy Division. De la pop c'est sûr, les intros soignés ainsi que refrains s'illustrent sur des morceaux Black curtains in the black ou le tubesque Blue Bones clippé avec un mini budget comme beaucoup de ces morceaux pour l'occasion. 

Billy Nomates - Blue Bones © Billy Nomates

L'album "Cacti" arrive cependant au fil des morceaux à garder ces touches DIY de ces débuts au détour d'une intro ou d'un pont voir de morceaux en particulier comme le très viscéral et home-made Roundabout Sadness joué sur ce qui doit être un vielle orgue rappelant le regretté pape du lofi  Daniel Johnston  ou le très folk Fawner où quelques accords de guitare sèche et des bruits de bouteilles servent de support aux magnifiques mélodies du chant. Un album complet de 12 titres qui passent relativement vite et confirme les promesses de son premier essai de 2020 tout en défrichant de nouvelles directions. Des concerts sont prévus à Paris, Bordeaux, Orléans ou Lyon en mars, l'occasion de vérifier tout ça en live très prochainement.

Illustration 8

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