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Goodbye Small Head est un titre en hommage aux héroïnes du mouvement « Riot grrrl » du groupe Sleater-Kinney. Un album qu’elle décrit non sans ironie comme du « rock progressif emo orchestral parsemé de samples ». En quelques années, Ezra Furman a su se jouer des lois du genre. De ses débuts folk rock avec son groupe Ezra Furman and the Harpoons, puis en solo avec les albums de sa magistrale « anti-fascist trilogy »(Transangelic Exodus, Twelve Nudes et All of Us Flames), en passant par les BO de la série Sex Education, Ezra Furman a navigué avec fluidité dans le punk, le glam, la pop burlesque, le garage des années 1960, jusqu’à la musique klezmer.
Son débit et sa voix nasillarde pourraient évoquer un Dylan en robe et collier de perles, mais c’est plutôt du côté de sa fascination pour Lou Reed et de son album Transformer (1972) qu’il faut chercher, un album auquel elle a d’ailleurs consacré un livre.
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À travers son écriture et ses coming out sur son genre, son orientation sexuelle ou spirituelle, elle s’est imposée comme une icône des minorités, des timides, des outsiders, des non-conformes, en assumant aussi les coups et insultes qui vont avec. Son album Transangelic Exodus (2018) s’était construit en réaction à la première présidence Trump : un road trip dystopique d’un garçon en robe amoureux d’un ange dans une Amérique qui les pourchasse pour leurs différences.
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Avec le retour de Trump, Ezra Furman ne cache pas son désarroi, fin septembre 2025, dans un post Instagram : « Je me sens mal en voyant le discours anti-trans devenir encore plus effrayant. Je dors très peu. Les personnes transgenres commencent à être officiellement considérées comme des terroristes », écrit-elle, s’inquiétant aussi de ces « agents anonymes » qui arrêtent des immigré·es, et de la dérive fasciste d’un gouvernement qui ne se soucie plus de l’État de droit. « Tous les éléments sont réunis pour que mes pires craintes se réalisent. Mais je tiens à la joie. » Nous aussi.
Ezra Furman, « Goodbye Small Head » (Bella Union, 2025)
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