Ce contenu sera très bref ou pas, je ne sais pas où tout cela va me mener. Un coup de gueule, poli, toujours, mais un coup de gueule tellement j'ai envie de pleurer. Dix ans que je n'ai pas pris la parole sur ce blog (ce qui ne m'empêche pas d'encourager l'équipe de Médiapart). Dix ans, c'était l'époque où Sarkozy me faisait hérisser le poil. C'était l'époque où ce qu'il faut bien nommer une clique, a érigé l'indécence au pouvoir. Une époque aussi où je pensais que c'était le savoir universitaire qui permettrait le grand salut. Comment j'étais naïf... Dix ans après, c'est toujours avec la conviction qu'on ne peut pas faire sans l'élite intellectuelle que je reprend la parole (sans en faire partie), mais c'est aussi avec la conviction que le bon sens populaire saura discerner la plus grosse des incohérences de ces têtes de gondole qui misent tout sur leur destin personnel. On peut faire dans le blabla, on peut aller ici où là chercher querelle dans les mésententes de la gauche, on peut dénoncer la conquête du vote utile d'un parti ou d'une tête de parti qui a si souvent pointer cette ritournelle, on peut aussi lui attribuer les maux d'une guerre aux frontières ... Tout cela, oui, on peut, vous pouvez le faire, la rhétorique pour exister, Monsieur Roussel, Monsieur Jadot, Madame Hidalgo, vous n'y renoncerez pas tellement ces présidentielles sont pour vous un marche pied pour les législatives. Et vous en avez le droit, mais par pitié, épargnez-nous vos discours apocalyptiques, quand vous même vous n'arrivez pas à en tirer les conséquences qui s'imposent à vous! J'espère que dans cinq ans, quand sera venu le deuxième bilan de Macron, vous regarderez votre reflet dans une flaque d'eau ou ou de champagne, à vrai dire peu importe, j'espère juste qu'à ce moment-là, vous vous direz, "5 ans de retard , juste parce que je n'ai pas été capable de mettre mon égo et mon parti de côté, et maintenant c'est trop tard". Et peut-être qu'à ce moment-là, nous viendrons vous demander des comptes!!! De ces gens qui prennent leur existence politique et celle de leur parti bien plus au sérieux que la moitié des convictions qu'ils défendent, Monsieur Roussel, Monsieur Jadot, Madame Hidalgo, vous faites partie. Vous êtes des traîtres à la patrie de gauche, car vous ne savez pas mettre la gauche devant vos intérêts. Vous l'avez oublié: quand on considère, comme vous le proclamez avec une véhémence indicible, qu'il en va d'une cause qui engage le destin, alors, on s'efface. Si on clame que c'est irréversible et que l'on sait, sondage après sondage, que c'est perdu pour notre petite trogne, alors, on s'efface. Et on s'efface dignement, au profit de celui qui en partagerait ne serait-ce que la moitié, le tiers, le quart de cette cause qu'on a proclamée si haut, si fort, si hautement vitale pour le pays. Vous êtes la honte de la gauche française, vous êtes de celle qui alerte sans jamais sacrifier ses intérêts. Et si je n'en pleurais pas, je finirais avec un smiley ( au choix: larmoyant, ironique, faussement en questionnement, ou encore avec une tape de dépit sur la tête tellement vous avez cloué vos idéaux sur vos affiches!) Au deuxième tour, vous nous appellerez à voter contre l'extrême droite, mais nous n'en ferons rien, et si le pire arrive, alors, vous vous arrangerez avec votre conscience. Nous nous sentirons ni complices, ni coupables d'avoir été mis devant un choix de Sophie que vous aurez provoqué. On n'imagine mal un Sisyphe heureux de pousser le noir rocher des renoncements qui bloque la route des jours couleurs d'orange. Et heureux, nous voulons l'être!
Jean-Baptiste Clamence