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Journaliste, fondatrice de Problematik (ex-Mécréantes), spécialiste des questions de genre (Paris 8) essayiste.

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Billet de blog 4 mars 2025

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7 mars : Ils veulent un féminisme sous contrôle, on sera ingouvernables !

Le préfet menace d’interdire la marche du 7 mars si les féministes ne renient pas leur solidarité avec la Palestine, tandis que Retailleau impose l’extrême droite le 8 mars. Macron, fémonationaliste assumé, instrumentalise nos luttes pour servir son agenda sécuritaire et raciste. Mais nous ne nous laisserons pas discipliner !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le préfet Laurent Nuñez menace d'interdire la marche de nuit féministe et anticapitaliste du 7 mars si nous, féministes, ne nous désolidarisons pas publiquement des femmes palestiniennes. Une tentative grossière d'imposer un féminisme sous tutelle, trié sur le volet, expurgé de toute solidarité internationale. Pendant ce temps, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau – fidèle allié de l’extrême droite et proche de Philippe de Villiers – cherche à rééditer le scénario du 23 novembre 2024 : imposer un dispositif policier pour garantir aux collectifs fascistes Némésis et Nous Vivrons un passage en force le 8 mars, contre l’avis des orgas féministes. Mais il en faudra plus pour nous faire plier : pas question de se laisser voler le 8 mars !

Macron, fémonationaliste assumé

Depuis son premier mandat, Macron instrumentalise le féminisme pour servir son agenda raciste et sécuritaire. Derrière son discours sur l'égalité se cache une obsession : promouvoir une vision nationaliste et néolibérale de la femme, utile uniquement si elle travaille, consomme et participe au réarmement du pays. Sa version du féminisme ? Un prétexte pour justifier toujours plus de surveillance et de contrôle, comme lorsqu’avec Marlène Schiappa, la lutte contre le harcèlement de rue s’est traduite par plus de flics dans les quartiers populaires – et rien d’autre. Aujourd’hui encore, Macron se sert du féminisme comme d’un vernis progressiste sur la scène internationale, comme en témoigne l’inscription de l’IVG dans la Constitution, une opération de communication qui est un miroir aux alouettes pour reprendre l’expression de la militante du MLAC Annie Chemla (lire l’article de Mécréantes sur le sujet).

Délégitimer les féministes antiracistes, imposer un féminisme impérialiste

La répression du 7 mars s'inscrit dans cette stratégie. La ministre de l'Égalité, Aurore Bergé, est une fidèle exécutante de cette ligne. Présidente du groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée nationale, elle menaçait déjà, il y a un an, de couper les financements aux associations féministes ne soutenant pas Israël. Début 2024, à New York, lors du Sommet des femmes de l’ONU, elle défendait une "diplomatie féministe" aux accents ouvertement impérialistes : traduisez, présenter les pays du Sud comme des terres arriérées qu’il faudrait civiliser, pendant qu’en France, le média sur lesquels elle se rend le plus est CNEWS ! Soit une chaîne d’extrême droite qui fait du sexisme son fond de commerce, où les chroniqueurs peuvent impunément nier les violences sexistes, attaquer le mouvement féministe et promouvoir une vision réactionnaire du rôle des femmes.

Ce qui se joue le 7 mars, c'est la tentative de Macron d'aseptiser le mouvement féministe pour qu’il colle à sa ligne fémonationaliste. Car cet été, il veut organiser une gigantesque conférence internationale sur « féminisme et géopolitique » pour renforcer son soft power. Pour cela, il a besoin de montrer l’exemple sur la scène internationale avec un féminisme sous contrôle, aligné, bien dressé. D’où cette répression contre le féminisme anticapitaliste et antiraciste qui défilera le 7 mars, et cette tentative grotesque de légitimer l’extrême droite dans l’espace féministe en imposant Némésis et Nous Vivrons le 8 mars.

On ne se laissera pas discipliner !

Mais cette stratégie ne fait que renforcer notre colère et notre détermination. Il ne redorera pas son image de progressiste en écrasant nos luttes et en nous imposant une ligne raciste. Nous ne laisserons ni Nuñez, ni Retailleau, ni Macron nous dicter ce qu’est le féminisme. Le 7 et le 8 mars, soyons une marée humaine ingouvernable. À bas le fémonationalisme, et vive le féminisme en lutte !

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