Lumpenpriletarisation et déshumanisation des palestiniens : lutte de classe et colonisation
Il ne sert à rien pour lutter contre le racisme anti-palestinien d'essentialiser une notion d'homme occidental comme si elle était Une et indivisible. Cette façon de penser est post-marxiste. Après la prise de conscience des horreurs commises au nom du communisme en Chine, en URSS, en Corée du Nord, etc., nombre d'intellectuels, de militants et de politiciens se sont tournés vers une opposition Occident VS Orient pour tout expliquer en essentialisant parfois à souhait le blanc et le non-blanc, le musulman et le chrétien, l'indigène et le civilisateur. Les tragédies des pays soi-disant "communistes", alors même qu'ils n'ont été que des dérives totalitaires du communisme comme le néo-libéralisme est une dérive totalitaire du capitalisme, ont permis par la suite aux détracteurs de toute critique marxiste de détruire petit à petit toute pensée critique.
D'autre part, le néo-libéralisme, la société de consommation, la propagande télévisuelle, les systèmes de communication en réseau (Internet), la civilisation technologique industrielle et techno-militaire, l'utilisation sexualisée et commerciale de certains pans de la psychologie et de la psychanalyse, sont des systèmes (maintes fois décrits et analysés par des sociologues et philosophes américains, allemands, f'rançais) qui portent structurellement en eux toutes les forces de destruction des pensées critiques (je mets "pensées" critiques volontairement au pluriel, parce qu'elles sont plurielles, diversifiées, elles ne sont pas que marxistes, mais elles sont forcément critiques du Capitalisme ou alors elles sont falsifiées), marxistes, socialistes, communistes, libertaires et écologiques et par conséquent favorise l'émergence de systèmes totalitaires, fascisants, racistes, guerriers, et anti-critiques. Le wokisme, ou plus exactement, les "accusations de wokisme", dont la définition est à géométrie variable est un bon exemple de cette pensée totalitaire anti-critique. Le "wokisme" est à la fois un produit de la technologie, de l'utilisation sexualisée, violente, instinctive et acritique et des structures en réseau du web. Le wokisme se diffuse par la haine, par la virilité et par l'ignorance comme pouvait en d'autre temps se diffuser le nazisme. Le wokisme efface toute critique en incitant une explication virile et sexualisée de l'autre, il crée une excitation collective contre toute forme d'intellectualisme. De même que le nazisme offrait à tous une explication simplifiée du monde en excitant les instincts les plus primitifs, le wokisme étant à géométrie variable, il ferme le bec à toute contradiction dialectique, le wokisme fait l'éloge de l'instinct et de la violence contre toute pensée critique. Le wokisme n'est que le reflet de ce que nos civilisations technologiques avancées et les instincts consuméristes et sexuels en permanence sollicités par les réseaux structurels publicitaires ont comme effet sur toutes les classes sociales. Ces structures anti-critiques détournent le regard des antagonismes inhérents au capitalisme, la "lutte de classe", vers des sujets distordus par les écrans de télévision et les structures de communication en réseau. La lutte de classe ne serait plus assez sexy, virile, tandis que le capitalisme et les structures technologiques avancées (télévision, internet) offrent un regard sur le monde beaucoup plus libidinal et virile.
Mourir à Gaza n'est plus alors causé par la colonisation d'un pays par des forces structurelles capitalistes et militaires internationales, mais par des forces occidentales racialisées. Les israéliens ne sont plus manipulés par des forces structurelles capitalistes à des fins économiques et colonisatrices, ils ne sont plus manipulés par un discours virile et raciste mais par des forces occidentales essentialisées sans aucune distinction. Les palestiniens ne sont plus les victimes d'un capitalisme agressif et destructeur, mais les victimes d'une population elle-même victime de la Shoah, tragédie historique que l'on instrumentalise pour justifier un autre génocide en utilisant les structures médiatique et les structures de communication en réseau. Toute critique est ainsi annihilée, seule la réalité de la tragédie palestinienne vient de temps à autre réveiller les consciences, et si ce crime s'inscrivait en réalité dans ces nombreux crimes qui ont eu lieu contre des populations réduites à l'état de classe inférieure et déshumanisée pour justifier son extinction ? La colonisation et la création d'un État sur un autre État est ce qu'il peut y avoir de plus cruelle et de plus violent lorsqu'une classe dominante, pour satisfaire son projet capitaliste, s'offre un pays au dépend des indigènes en considérant tous les indigènes comme un lumpenproletariat qui ne vaudrait même pas la peine de vivre. C'est une mise à mort par la bourgeoisie israélienne de toute une population considérée comme un lumpenproletariat : pour les bourgeois d'Israël, les palestiniens ne sont que des sous-prolétaires qui ne méritent que la peine de mort.
Cette pensée réelle serait souvent vue comme "woke" en ces temps difficiles pour la critique. Les médias bourgeois, les structures de communication en réseau, ont largement diffusé l'idée que toute pensée critique "d'essence marxiste" était forcément criminelle puisqu'elle se confond forcément avec les crimes des pays communistes. De cette façon, les bourgeois effacent tous les progrès sociaux conquis par les luttes ouvrières passées. Au temps où le marxisme était encore structuralement révolutionnaire, nous aurions perçu que le combat palestinien était un combat communiste d'une classe dominée contre le nationalisme israélien encouragé par l'impérialisme américain. Cette perception peut paraître simpliste et effacer la complexité de la situation. Mais derrière toute colonisation il y a toujours des intérêts de classe. La population israélienne est elle-même manipulée par ses intérêts de classe. Il n'est pas pour rien que dans le passé les luttes anti-coloniales se sont transformées en lutte de classe. Le colonialisme est toujours dominé par une classe bourgeoise qui a intérêt à coloniser pour s'enrichir. Que lorsqu'une population a retrouvé la souveraineté, elles finissent par reproduire les schémas capitaliste de domination, c'est une réalité indéniable. Mais comme nous le montre l'histoire, ces bourgeoisies nouvellement souveraines sont souvent en relation avec les anciens colonisateurs depuis bien avant la fin de la colonisation.
Ce que ne semble pas admettre la bourgeoisie israélienne, c'est de devoir partager la domination avec une bourgeoisie palestinienne. La bourgeoisie israélienne semble avoir fait le choix de réduire à l'état de lumpenproletariat les palestiniens, et même de sous-humains, comme l'ont fait toutes les bourgeoisies du monde lors de processus violents de colonisation.
Ce n'est pas un problème occident / orient, c'est un problème de classe bourgeoise contre une population lumpenproletarisée et déshumanisée à des fins de domination totale d'un territoire. Race et classe, c'est un problème vieux comme le monde, pour dominer, diminuez la perception que l'on a de l'autre à un rien insignifiant et détruisez le. C'est une lutte de classe paroxysmique, refuser ce regard sur ce qui se passe en Palestine, c'est refuser de voir tous les crimes historiques commis par les bourgeois du monde entier.