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Traditionnellement, les manifestations à Besançon sont calmes. Il faut remonter aux années 70 pour retrouver de sérieux heurts entre force de l'ordre et manifestants. Lorsque les choses se passaient normalement, avant cette nouvelle ère répressive, les forces de l'ordre restaient généralement cloisonnées dans la cour de la Préfecture, invisible, mais prêtes à intervenir en cas de débordements sérieux. Là, la stratégie est claire, provoquer les débordements en se montrant le plus visible possible. Un gendarme mobile en civil rencontré au cours de la manifestation me dit : "Vous avez vu ce mec en survêtement qui court là (ndlr : il s'agissait d'un jeune homme d'une vingtaine d'années), vous pensez vraiment qu'il est juste venu pour manifester tranquillement ?" "Vous croyez vraiment qu'il est dangereux ? Je trouve surtout qu'il court beaucoup plus vite que les autres pour éviter les gaz lacrimo... Vous faites un délit de faciès monsieur, le disais-je, parce qu'il a le teint mat ? C'est ça qui vous dérange ?" Il ne répondit pas, mais il est clair que ce mec avec ses préjugés s'il avait été en uniforme, aurait bien pris ce jeune homme pour cible. Je n'ai pas assisté moi-même aux heurts avec les CRS en fin de journée. Un rituel à Besançon s'est installé depuis plusieurs semaines : la confrontation entre les plus déterminés des gilets jaunes et les forces de l'ordre en fin de manifestation. Radio Bip, radio libre de Besançon, a filmé ces scènes d'affrontement qui ont lieu en plein cœur de la ville.
