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Billet de blog 10 avril 2023

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Les années "hippies" (suite) : la révolution féministe "Black panther"

Réputé pour être un mouvement très "machiste", les Black Panthers furent en réalité un véritable laboratoire du féminisme.

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Tandis que dans le monde entier planait une ambiance de troisième guerre mondiale, aux États-Unis, pourtant centre du capitalisme mondialisé, une multitude de mouvements critiques et sociaux renaissaient sous différentes formes. L'un d'entre-eux a profondément marqué l'imaginaire collectif : le mouvement des "Black Panther". Or, lorsque nous pensons "Black Panther", nous pensons des "hommes" "noirs" "grands" "fiers" "costauds" arborant un panneau militant, une arme, en bref, un mouvement révolutionnaire très "virile". Or, cette image d’Épinal même si elle est bien en phase avec une réalité indéniable sur la structuration très patriarcales de ce parti politique à ses débuts en 1964 dans les universités sous le nom de "Black Panther Party for Self Defense", "Le parti des panthères noires pour l'auto-défense", cache une toute autre réalité : deux tiers des adhérent des Black Panther étaient des femmes très actives sur tous les fronts, et en particulier, sur le front féministe. Cette histoire du féminisme noir au sein des Black panthers est raconté dans le documentaire suivant : Les Black Panthers : l'avant-garde de la révolution » de Stanley Nelson. Quelques années après la création des Black Panthers, les femmes représentèrent plus de la moitié de l'organisation politique. Après quelques hésitations, les leaders du mouvement (des hommes) finirent par intégrer dans leurs textes de référence les revendications égalitaires des femmes. Les femmes occupaient de plus en plus des positions clés à tous les étages de cette organisation politique et il devenait impossible de ne pas écouter ces voix discordantes contre une logique masculine dominante.

"Nous savions en entrant dans le film qu'au début des années 1970, les femmes constituaient la majorité du parti", a déclaré M. Nelson (auteur du documentaire) lors d'un entretien téléphonique. "Mais nous savions aussi que ce n'est pas ainsi que l'histoire est habituellement racontée, alors raconter cela est devenu l'un des objectifs." (cf. The New York Times, 2 octobre 2015)

Illustration 1

(Photographie, Elaine Brown)

Tous comme les hommes, ces jeunes femmes ont rejoint le mouvement Black Panthers pour mener une stratégie d'auto défense armée contre les violences policières et la violence d’État. Durant ces années là, aux Etats-Unis, le nombre de morts parmi la population noire causée par la police était incroyablement élevée. Mais contrairement aussi aux représentations communes, les femmes noires étaient particulièrement visées, et le sont encore, par ces violences racistes doublées parfois de représentations sexistes : "Dans mon livre Invisible No More : Police Violence Against Black Women and Women of Color, j’explore comment les perceptions raciales et genrées des femmes de couleur influencent les interactions avec la police. En d’autres mots, la police voit les femmes noires de manière particulière : elles apparaissent menaçantes, dérangées, lubriques, déviantes sexuellement, etc. Ces perceptions sont le reflet de l’identité racialisée et genrée des femmes noires, et tout peut être encore plus compliqué si la femme est immigrante, trans, non-binaire, mère, etc. Tout cela est donc différent de l’expérience des femmes non racialisées ou des hommes noirs." (voir l'interview avec l'auteur de l'ouvrage "Invisible No More : Police Violence Against Black Women and Women of Color", ici sur Cairn : "Les femmes noires face à la police", entretien avec Andrea Ritchie).

Quasiment toutes les femmes qui ont rejoint les "Black Panthers" étaient des féministes. L'une d'entre elle, Elaine Brown, prit la tête du parti en 1974.

Assassination © Elaine Brown - Topic

Écrivaine et chanteuse, Elaine Brown écrivit de nombreuses chansons dont le thème principal était les souffrance et les violences subies par les noirs.

Dans les années 2000, elle milite au sein du "Parti Vert". Défenseuse de la classe ouvrière, elle défend la création d'un salaire minimum, l'accès pour tous aux soins de santé gratuits, des financements supérieurs pour l'éducation publique, l'accès aux logements pour tous à des prix abordables. Elle s'est battue pour le retrait des troupes américaines d'Irak, pour l'amélioration de l'environnement et la promotion de l'égalité. Brown souhaitait faire du "parti Vert" une force révolutionnaire pour la justice sociale. A la fin de l'année 2007, elle démissionne du Parti vert, déçue, elle accuse les blancs de n'avoir aucune intention d'utiliser leur droit de vote pour mettre en place un réel progrès social et de repousser agressivement toutes tentatives de le faire.

Conseillés par Elaine Brown, en 2010, des détenus de plusieurs prisons de Géorgie organisent une grève non-violente pour obtenir de meilleures conditions de détention.

Elaine Brown fait parti de ces nombreuses figures qui brisent les clichés de ces années que les classes dominantes, aiment de taxer d'années "hippies" ou "années de plomb".

A lire l'interview de Elaine Brown sur le site "Investigaction"

Gonna Tip out Tonight © East River String Band - Topic

(à suivre...)

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