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Billet de blog 13 avril 2020

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Briser les portables, refuser d'être traqué

En ces temps de confinement, cette idée peut paraître saugrenue : les portables sont un lien avec les autres que nous ne pouvons plus voir depuis que nous sommes assignés à résidence. Mais la crise sanitaire a aussi montré les dérives possibles avec la dangereuse menace de laboratoire en Intelligence Artificielle d'ouvrir le marché du "Traking".

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comme toujours la menace technologique contre nos libertés individuelles arrivent avec un mot anglais "Traking". Lorsque l'on traduit, il devient encore moins acceptable "traqué", il s'agit bien d'accepter d'être traqué. Nous rejoignons les pires récits de science-fiction où l'on imaginait l'implantation de puces sous la peau des individus afin de repérer leurs positions à tout moment de la nuit et du jour. Bien entendu, ces chercheurs en Intelligence Artificielle travaillent pour de grands Seigneurs de l'Industrie et pour d'obscurs actionnaires. Ils promettent aujourd'hui l'anonymat et la destruction des données, il faudrait les croire sur paroles et leur faire confiance, or de nombreux scientifiques s'y opposent catégoriquement pour des raisons humanitaires évidentes.

Nous perdrions nos libertés, tout pouvoir, économique ou politique serait forcément tenté d'utiliser ces informations pour  connaître nos relations politiques, notre sexualité, nos habitudes de consommation, nos relations privées, nos amis, nos forces et nos faiblesses, etc. Les ingénieurs en Intelligence Artificielle affirme que ce logiciel de traque aurait une fonction sanitaire et "humanitaire" alors même que nous le voyons bien déjà avec Google, de nombreuses données sont recueillies sur nos habitudes et ces données sont vendues à de grosses firmes de publicité, de marketing, etc. Mais là, nous serions en plus traqués dans tous nos déplacements. Il serait possible d'identifier avec qui nous étions dans un train, dans un tram, dans un bus, dans la rue, dans un café, dans une maison, chez des amis, dans une réunion politique, dans une réunion syndicale, dans une réunion associative, tout serait connu sur nos déplacements, nos rencontres... Et qui pourrait croire qu'aucun pouvoir politique dans aucun pays ne serait intéressé par ces données, quel outil idéal pour une dictature ou pour un système totalitaire !

Ce que nous propose ces ingénieurs est inouï, bien plus encore qu'un système de "traçage", où il ne serait question que de tracer sur une carte les déplacements anonymes d'une personne, il s'agit véritablement d'un outil de traque au sens étymologique de chasser une personne, de traquer une proie, car c'est bien de cela qu'il s'agit, d'un outil qui permettrait de traquer chacun d'entre-nous comme on traque un animal auquel on aurait introduit une puce dans la chair.

Dans ce monde néolibéral où l’État n'a plus qu'une fonction celui de surveiller les corps au plus près, ce qui était même l'une des obsessions du nazisme, contrôler, surveiller les "déviances", arrêter les déviants, exécuter les déviants, voire, éliminer les parties considérées "pathogènes" selon des critères politiques, racistes, xénophobes, l'émergence d'un système de traque individuel serait sans doute l'une des pires nouvelles que l'on pourrait entendre à l'issue de cette période d'assignation à résidence. Je lisais il y a peu de temps les mots d'un philosophe, il disait que nous avions peut-être de la chance d'avoir un pouvoir biopolitique avec le gouvernement actuel, je pense au contraire que c'est un danger permanent parce que ce type de pouvoir, dans ce monde néolibéral, est profondément tenté par une surveillance totalitaire des corps et des esprits et encore plus lorsque nous traversons des dangereuses périodes d'incertitudes économiques, sanitaires et sociales comme actuellement. Donc, il ne faut rien laisser passer !

Il est évident qu'il faut refuser le système de traçage. Il faut dire non au traçage de nos vies, il faut dire non à la possibilité de traquer les "déviances", il faut dire non à tout outil totalitaire ! Toujours, nous devons garder à l'esprit s'il est plus acceptable de mourir libre ou de vivre dans un monde confiné et totalitaire : cela ne signifie pas que nous devons choisir entre la vie et la mort, mais entre une qualité de vie et une autre, et je dirais même, entre le choix de mourir librement et le choix de mourir sans voir ses proches, entre le choix de vivre traqué et le choix de vivre libre...

Toutes ces questions sont fondamentales pour continuer à vivre dans un monde libre. Refusons d'être traqués, ne faisons jamais confiance au pouvoir politique lorsqu'il s'agit de réunir des informations privées sur nous !

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