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Billet de blog 13 novembre 2022

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C News et TF1, : les collaborateurs de la "Cinecitta" contemporaine

Être salarié de TF1 ou de C News, techniciens(nes), éclairagistes, maquilleurs(ses), etc devient au regard des résistants à la montée du racisme et d'un néo-totalitarisme fascisant, tout simplement une honte. Ils sont les collaborateurs d'une Cinecitta moderne.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'argent et l'extrême droite ont pris le pouvoir dans de nombreux médias. Quelques grandes fortunes ont établi des organes de propagande où l'on diffuse une certaine idée du monde.

La stratégie médiatique de l'extrême droite en France, en Italie, aux États-Unis, demande qu'on s'y attarde davantage pour comprendre comment ils s'approprient des médias et agissent. Je ne dispose pas d'assez d'informations sur ce thème pour avoir un regard international sur cette question, je suis juste en mesure d'analyser ce que je peux voir de mes propres yeux en France. Il serait intéressant aussi d'observer comment certains pays ont pu limiter le pouvoir de l'argent sur les médias. Et pour cette dernière enquête, peut-être faut-il enquêter sur les pays nordiques, certains pays d'Amérique Latine dont on parle peu, et peut-être d'autres... Mais dans tous les cas, il faut vraiment, pour combattre la montée de l'extrême droite, que nous ayons une vision claire du "paysage médiatique" français et de sa relation avec le milieu des "affaires", dans toutes ces dimensions.

Nous ne pouvons pas jouer avec ces organes de propagande. Tous ceux qui participeront à des "shows" organisés par les plus extrêmes de leurs émissions sont pris dans un système fermé où le discours dominant, raciste et néolibérale (racisme et violence du chacun contre tous), est dominant. Le langage est réduit à une quantité de mots très limitée, comme souvent dans toute propagande totalitaire. Le langage percutant et perforant est largement préféré à toute forme d'analyse. Nous pourrions résumer cette technique linguistique en une expression pour utiliser leur propre champ sémantique : "la fausse critique de la plus grande gueule. Plus tu cries fort et plus tu assènes de fausses vérités simplistes, plus tu es excitant et ordurier, plus tu gagnes." La vulgarité est de règle et la médiocrité une vertu. Ce tintamarre permanent et quotidien obtient un échos sur les réseaux sociaux et atteint donc un panel de public très large. Le discours perforant se passe de tout raisonnement complexe, l'objectif est "d'aller droit au but" avec ce que l'on pourrait appeler une "fausse sincérité". Le but est de faire croire en sa sincérité en appuyant ses assertions de faits présentés comme incontestables. Le coup de poing est préféré à la longue explication. Par conséquent, toute personne qui se rend dans ce type de "show" devient acteur malgré lui d'un match de catch. Il est donné perdant d'avance. Le présentateur doit toujours gagner le match, sauf, évidemment, si son interlocuteur est un complice qui va dans le sens de la propagande raciste et ordurière de son émission.

Beaucoup d'autres émissions fonctionnent sur un système d’annihilation de la critique. Empêcher toutes réflexions, porter le public là où l'on veut l'emmener avec les émotions, ce sont les effets recherchés par tout dispositif de propagande totalitaire.

Ces chaînes diffusent aussi une idée de la vie. En diffusant une quantité d'images de "femmes fatales" dans des émissions très "sexy", des chaînes comme C News et TF1 jouent avec les émotions pour faire passer une vision du monde. Un monde où la solidarité s'arrête aux intérêts particuliers de chacun contre tous.

Pour moraliser cette Cinecitta contemporaine, on fait appel "au cœur", on pleure en direct à grosses larmes, on raconte quelques drames en direct pour saisir le public d'émotions et de compassions, cette théâtralisation est savamment organisée avec l'aide d'artistes professionnels, de techniciens, de professionnels du spectacle. Toute critique est alors anéantie par l'orchestration d'une empathie autour d'un drame, d'une maladie, d'un disparu, peu importe que des millions de personnes meurent de faims, le grand drame est la mort de Grégory...

La mort d'un jeune artiste est sacralisée. La Cinecitta contemporaine fait émerger des figures de légendes, construit un récit, un mythe autour d'un personnage formé, façonné par l'industrie du spectacle pour servir les grands labels et pour participer à façonner les goûts artistiques, une représentation du monde et créer la vision d'une "certaine élite", celle que cette industrie produit pour elle-même. Cette industrie parvient ainsi à maîtriser son "produit" de sa formation, de sa création, jusqu'après sa mort. La critique est anéantie par les émotions, cette manipulation des masses est orchestrée par l'industrie du divertissement. L'objectif n'est pas la création artistique au sens propre, l'élite artistique n'est plus du côté de la critique du monde, elle doit avant tout divertir, porter les émotions à leur paroxysme même si tout n'est que spectacle, présenter une façon de vivre, une façon de se représenter le monde. On ne faisait pas mieux dans les studios de Mussolini.

Même un chant révolutionnaire avec le poing dirigé vers le ciel devient une caution d'un système anti-critique.

Le fait que certains artistes aient accès à la télévision plus que d'autres parce qu'ils font parti de tel ou tel label n'est pas anodin non plus. Au premier abord, cela paraît avoir moins d'impacts politiques, mais je pense que c'est une erreur. Aujourd'hui, le Rock Alternatif par exemple qui contestait l'extrême droite dans les années 80-90 ne parviendrait plus à émerger et à fédérer la jeunesse comme elle l'a fédérée pendant au moins une décennie contre le Front National.

La télé-réalité, les talk-shows, le "star-système", et plus généralement, l'industrie du divertissement, imposent une idéologie virale de la société. Une vision du chacun contre tous (Star Ac, the voice, et autres "jeux" même plus "bourgeois" sur les chaînes publiques) est ainsi diffusée sous une forme au premier abord "innocente" d'un jeu où les mots comme "guerrier ou guerrière", "bataille" (battle), où les codes médiatiques des matchs de catch sont adaptés à des disciplines artistiques, où certaines institutions (comme l'Opéra de Paris, bastion syndical où de mémorables grèves ont eu lieu chez les salariés), finissent par être transformés en arbitres de matchs de catchs ("Danse avec les Stars"). NRJ, TF1, quelques gros labels orchestrent tout ça avec la collaboration de techniciens et d'artistes qui agissent sans vergognes se faisant complice d'un système de propagande tout simplement pour avoir un cachet à la fin du mois.

Mais ces émissions de divertissement ne sont pas les pires. C News est dans une autre dimension beaucoup plus explicitement politique et fait de la haine son cheval de bataille.

Tous les techniciens de "C News" sont impliqués dans une propagande raciste, totalitaire, et peuvent être considérés comme des collaborateurs puisqu'ils acceptent de participer à la réalisation d'émissions où les animateurs diffusent ces idéologies. Ces chaînes doivent être aussi attaquer à la base de ce qui les font vivre, c'est-à-dire les "petites mains" qui tiennent les consoles, maîtrisent les éclairages, réalisent les émissions, maquillent les participants, tiennent les caméras, etc. Personne n'est innocent.

Pendant longtemps, TF1 avait la palme de la propagande néolibérale, mais elle est largement dépassée par une propagande encore plus brutale par C News.

J'ai une pensée triste pour tous ces techniciens et artistes qui participent à une sorte de "Cinecitta" moderne... Cinecitta... les studios de propagande de Mussolini...Est-ce vraiment comme ça que vous voulez qu'on se souvienne de vous plus tard ?

Ce n'est qu'une introduction à une analyse plus globale qui pourrait être faite de ces studios de propagande contemporains. Il y en a eu déjà beaucoup. Mais l'argent achète tout, n'est-ce pas ? J'espère juste que les complices de ce système, tous ces "artistes", ces salariés, seront moqués par leurs propres enfants lorsque ceux-ci auront compris que leurs parents sont complices d'un système fascisant...

C News détourne l'attention des vrais problèmes : misère et pauvreté endémique, réchauffement climatique, capitalisme à bout de souffle, société de consommation suicidaire... Dénier, divertir dans le sens "faire diversion", diviser, détourner l'attention, répandre une représentation du monde, raciser les questions sociales... C'est le sens de ces chaînes.

Seule une grève pourrait permettre aux salariés de ces chaînes de télévision de retrouver une dignité perdue. Dans cinquante ans, lorsque nous ferons des documentaires historiques pour parler de notre époque, vous serez présenté comme des collaborateurs d'un système global qui nous mène à la catastrophe.

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