Vous suivez de plus en plus le rythme et la voie des mainstream sur Mediapart, et je m'y retrouve de 'moins en moins. Ai-je tord ? Je ne sais pas. Mais il y a quelque chose qui m'échappe... On saute du coq à l'âge comme sur les autres médias. Nous payons mais au fond nous n'avons aucun pouvoir à Mediapart mis à part débiter des conneries sur les fils de lecteur.
J'aimerais parfois que MdP soit plus démocratique en donnant la voix aux lecteurs même de façon collégiale et pas seulement sur ces infâmes fils de lecteur sur lesquels je m'exprime aussi, mais qu'au fond, je n'aime pas du tout car je ressens ça comme un dispositif démagogique. De l'avis de ce collège de lecteur, les journalistes en feraient ce qu'ils veulent, nulles obligations, il ne s'agit pas de censurer ou d'agir de façon totalitaire. Mais il s'agirait d'avoir une discussion rédactionnelle collective et pas "démagogique" comme ces fils de lecture ou les discussions en "stream-chat" comme nous l'avons déjà vu faire.
Comment faire ? En innovant vraiment, en sortant du "virtuel" et en permettant à des lecteurs "élus" ou choisis au hasard de pouvoir exprimer leurs idées sur leurs médias favoris au cours d'Agora réelle cette fois organisé annuellement, par exemple. Ce n'est qu'un exemple, une proposition. Peut-être serait-ce un autre dispositif démagogique, peut-être n'est-ce pas la bonne voie à prendre, mais au moins, ayons une nouvelle réflexion commune sur le sujet. Puissiez-vous lire ici ce que je dis, j'en parlais récemment avec des amis sur une terrasse de café., Aujourd'hui, il y a chez certains (anciens) lecteurs, une déception, pas une colère ou un jugement hâtif et désordonné, mais le sentiment que ce média n'a rien "d'alternatif" et ne distingue que trop peu des médias dominants. Nous ne voyons plus qu'un journal classiquement de plus en plus chiant annonçant toutes les mauvaises nouvelles du monde sans jamais proposer aucune voie (voix) de secours... ou si peu...
Certes, sur les gilets jaunes, vous avez un très bon travail en focalisant vos enquêtes sur un petit groupe bien choisi, ce type de reportage, nous aimerions en voir plus. Focaliser vos enquêtes sur des initiatives locales qui parfois ont des ramifications nationales ou internationales, c'est une façon claire de vous positionner "contre-amplificateur" par l'amplification des luttes Communes.
Je sais, vous n'êtes pas un journal d'opinion, mais vous pourriez un peu moins participer à l'amplification de l'enfumage néolibéral et un peu plus (beaucoup plus ?) à amplifier les alternatives. Le néolibéralisme, le Capital, rayonne sur le désespoir, se faire l'amplificateur des effets du Capital sur le monde n'est positif que si l'on se fait aussi amplificateur des luttes du Commun. Sans cela, vous vous faites à votre insu vous-même complice du désespoir et donc du succès du Capital. Si vous vous faisiez plus régulièrement l'écho des alternatives du Commun, vous seriez alors réellement un service commun. Car pour l'instant, vous êtes un peu comme "Hollande Président", un "journal normal", trop normal, trop consensuel, on ne sait plus trop où le situer, on ne sait plus trop comment vous comprendre, et vous ajoutez de la confusion à la confusion rien qu'en ne mettant que trop rarement en Une de votre journal (arrêtons cette propagande démagogique qui voudrait faire croire que c'est "notre" journal juste parce que nous le payons, nous n'avons, nous lecteur, aucun pouvoir dans ce journal...) ce que vous ne faites absolument que trop peu. En "dévoilant et informant sur quelques scandales politico-juridico-financiers", ce qui fait votre beurre depuis le début, vous faites certes un travail utile, mais est-ce suffisant ? C'est surtout désespérant. En ne vous faisant pas suffisamment écho des alternatives politiques, écologiques, du "Commun", du "Social", vous vous faites à votre insu complice de l'idéologie dominante et surtout du désarroi et du désespoir. J'espère que vous m'aurez compris.
Si vous voulez vraiment être un journal au service du Commun (de "l'intérêt général", comme vous dites, mais je n'aime pas cette expression à connotation très démagogique), alors devenez l'amplificateur des utopies, des alternatives. Vous êtes très "ouvragé", nous ne dirons pas le contraire, mais à quoi bon si vous participez au grand découragement ? Vous pouvez toujours dire que vous n'êtes pas responsable "de l'état du monde dans lequel on vit", comme on dit, mais vous êtes responsable en revanche de la façon de se représenter le monde et le désir de le changer. Sans cela, vous marchez sur une jambe. Et si cette position très consensuelle est liée à l'identité politique de vos journalistes, alors je devrai quitter ce journal, seul moyen de faire valoir sa voix, un peu aujourd'hui comme dans notre beau système présidentiel : "Cause toujours"...