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Billet de blog 16 mars 2020

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Compte rendu de la conférence du Pr Philippe Sansonetti sur le coronavirus 2019

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Si vous êtes "confinés" à la maison, vous pouvez regarder cette vidéo (elle était conseillée par Médiapart) :

Conférence du Pr Philippe Sansonetti : Covid-19 ou la chronique d'une émergence annoncée © Collège de France

C'était une conférence "en direct" qui a eu lieu aujourd'hui lundi 16 mars au Collège de France du très honorable et sérieux Professeur Philippe Sansonetti. Ce Professeur nous fait un rapport très précis sur les connaissances que l'on a aujourd'hui sur cette pandémie.

Cette pandémie pourrait faire entre 1 à 2 % de victimes selon les travaux des scientifiques. Toujours selon le rapport de Sansonetti, la pandémie est plus spectaculaire au début, forcément les courbes sur les graphiques sont impressionnantes, mais au bout de quelques semaines, comme en Chine, elles pourraient se stabiliser. Donc effectivement, il s'agit de protéger les personnes les plus fragiles, et surtout, il faut se donner les moyens de pouvoir les prendre en charge dans les centres hospitaliers. Et ça, c'est la question la plus difficile : notre système hospitalier pourrait très vite se trouver déborder.

Le problème sont ces cas rares mais dramatiques où la maladie crée une sorte de traumatisme pulmonaire, d'infections pulmonaires (excusez-moi si je n'utilise pas les bons termes médicaux, je ne suis pas médecin) : les fameux cas de réanimation dont on nous parle régulièrement. Ils sont rares, mais ils sont suffisamment nombreux pour déborder les services hospitaliers. "Ces cas d'hospitalisation peuvent durer jusqu'à 11 jours, ce qui menace notre système de santé", nous dit le Professeur Sansonetti. "Le taux de mortalité pourrait augmenter dans ce contexte de mise en tension du système médical." Le Professeur Sansonetti nous confirme donc bien là que si les cas mortels augmentent ce sera par les carences des services hospitaliers en France. Le Professeur Sansonetti justifie les mesures d'atténuation de la diffusion de la maladie, mais relève bien que nous ne pourrons pas totalement maîtriser sa diffusion et donc il faut se préparer à une crise sanitaire accrue dans les hôpitaux. C'est tout le problème auquel l’État pour l'instant ne donne aucune réponse (ndlr). La proportion de cas dramatique est faible, mais "reporter au nombre de cas compte tenu de la transmissibilité et de l'infectiosité du virus, au nombre de cas réels qui vont être contaminés, ça peut commencer à faire des valeurs absolues qui sont importantes qui mettent en danger notre système de santé."

Les personnes à risque sont toutes celles qui se situent dans les classes d'âge supérieures à 60 ans ou qui présentent "certains sujets qui présentent des comorbidités chroniques" (comorbidité : présence d'un ou de plusieurs troubles associés à un trouble ou une maladie primaire) : diabète, hypertension artérielle, insuffisance cardio et respiratoire, et les sujets en immuno-suppression chronique (système immunitaire déficient). Il peut y avoir alors une pneumopathie grave qui peut éventuellement se transformer en syndrome de détresse respiratoire aigüe, cela peut provoquer des comas. Toutefois même ce niveau grave peut être pris en charge par les médecins hospitaliers et soigné si toutefois le système sanitaire n'est pas (comme c'est déjà le cas dans certaines régions françaises) totalement débordés. Encore une fois le Pr. Sansonetti pointe du doigt les risques d'un système sanitaire déficient, ce qui nous fait comprendre que les politiques dit "d'atténuation de la diffusion du virus" sont plus faits pour tenter d'éviter l'engorgement des systèmes hospitaliers en étalant les cas graves dans le temps que pour éviter l'inévitable.

Ce que nous dit le Professeur Sansonetti et qui remet en question la politique anglaise du "laissons passer le virus, le système immunitaire trouvera sa réponse seule", est que selon les chercheurs, ce virus offre une résistance rarement observée aux "interférons" de notre système immunitaire. J'essaie de traduire. Ce virus résiste de façon atypique à notre système immunitaire et les scientifiques craignent une évolution de la maladie chez les sujets infectés sur le long terme, ce qui justifie de tout faire pour réduire sa diffusion tant que nous ne sommes pas certains de développer les anticorps efficaces pour interférer l'action de ce virus. En clair, les personnes infectées qui n'ont pas développé pour l'instant de maladie grave, pourrait en développer plus tard si toutefois il s'avère que ce virus offre une défense anormale sur le long terme à nos systèmes de défense naturels. Mais ce n'est qu'une hypothèse.

En conclusion il parle de la contamination par les mains, par les "goutelettes" lorsque l'on tousse et sur la résitance du virus à survivre pendant quelques heures sur des poignées de porte, ou autres repose mains, et par où la contamination peut aussi passer. Selon lui, donc les mesures de confinement, de "distanciation sociale" sont importantes pour éviter la diffusion du virus en attendant de mieux connaître ce virus et de trouver les meilleures parades médicales.

Il nous dit par la suite, que pour combattre le virus, selon lui, trois voies, trois stratégies, sont possibles :

La première est laissé l'épidémie se développer et ainsi laisser la population naturellement s'immuniser. Ce n'est pas une position "cynique", mais un fait scientifique. En bref, si 60 % de la population a été touchée et par conséquent a développé sa propre immunité naturelle, le virus ne parvient plus à circuler dans la collectivité et finit par disparaître. Ce qui a déjà été le cas avec d'autres virus. Ce qui est tout à fait défendable scientifiquement, mais nous arriverions très vite dès les premières semaines à une saturation des systèmes sanitaires comme c'est déjà le cas dans certaines régions en France.

La deuxième est l'approche chinoise avec un isolement total des individus et un contrôle strict des déplacements des individus. (ce qui peut aussi poser des problèmes éthiques et politiques, ndlr) D'autre part, il ne nous donne aucune donnée sur le nombre de victimes en Chine. En revanche, il nous parle des craintes des chinois : peu de chinois ont été infectés par le virus et par conséquent, peu de chinois son immunisés au virus et donc ils craignent son retour. La seule solution définitive serait alors de trouver rapidement un vaccin pour immuniser la population.

La troisième voie est la voie française, celle de la fameuse "distanciation sociale" (très Orwellienne cette expression, ndlr) qui serait selon le Pr. Sansonetti une voie intermédiaire entre les deux précédentes, mi-assignation à résidence, mi-diffusion du virus au taux immunitaire naturel de 60 % de la population. L'objectif est d'un côté de gagner du temps pour éviter l'engorgement du système hospitalier et de l'autre de parvenir à l'immunisation naturelle de la population. Bref, c'est la première voie, mais avec pour souci d'éviter l'engorgement des hôpitaux. Pour l'instant, c'est mal parti (ndlr).

Selon le Pr. Sansonetti nous devrions regarder de plus près la gestion chinoise de la crise épidémique car elle aurait eu des effets très positifs.

Pour finir, le Pr. Sansonetti nous parle des progrès à faire dans la prise en charge médicale de la maladie dans les cas graves. Et surtout, il insiste sur le fait que nous sommes dans deux temporalités très différentes, celle de la recherche médicale pour trouver un vaccin, pour améliorer les soins et de l'autre, la propagation de la maladie. Il s'agit donc aussi d'une bataille contre le temps.

Ma conclusion : attendons-nous à avoir un service hospitalier débordé un peu partout surtout en ces périodes de carence de personnel. Nous pouvons en conclure aussi que le gouvernement français a une gestion "politique" du problème, les carences du service public hospitalier vont devenir très visibles et pourrait bien déboucher sur une crise sociale et politique de grande ampleur.

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