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Billet de blog 16 mars 2023

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Retraite : cette histoire du droit à jouir de la vie

Le Droit à la Paresse est un droit universel. Dans toutes les sociétés du monde, le droit de paresser a été au cœur de toutes les tensions entre un processus de concentration des richesses et un autre, de partage les richesses.

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Il serait intéressant que Mediapart travaille sur un article présentant ce que historiquement, symboliquement, représentent les retraites. Les retraites sont plus que les retraites, elles sont une conquête sociale, cette conquête a une histoire ouvrière (mon défunt grand-père est parti à la retraite à 65 ans). Elle est plus encore qu'une histoire, elle est un symbole du partage des richesses et, tant pis pour ceux que ça choque, la retraite est une une conquête du droit à la paresse. Le droit à la paresse n'est pas antinomique au droit du travail, contrairement à ce qu'affirment les classes dominantes chaque jour pour discréditer ceux qui osent en parler, le droit à la paresse est corrélatif aux droits du travail, le droit de travailler offre le droit de paresser. Et comme l'on dirait dans une cours d'école, "Paresser ne veut pas dire rien faire, mais faire ce que l'on aime, s'instruire, organiser des manifestations diverses, s'épanouir."

La retraite est comme les congés payés, un droit à la paresse conquis par les travailleurs. L'histoire des congés payés comme l'histoire de la retraite est une histoire où les classes dominées ont combattu les classes dominantes pour obtenir le droit de paresser. Mais c'est encore plus que ça. Le droit à la paresse est corrélatif aux partages des richesses. Partager le travail, c'est partager le droit de paresser et par conséquent, de partager les richesses qui permettent de s'épanouir dans la paresse. Pourquoi n'y aurait-il que les riches qui auraient le droit de s'offrir des vacances, d'aller au cinéma, de voir du théâtre, de se payer un restaurant avec des amis, d'offrir le gîte, d'éduquer leurs enfants, ou voire même, de s'auto-organiser pour défendre ses droits ?

Or, les classes dominantes abordent dans les médias la retraite toujours par le petit bout de la lorgnette selon un principe de realpolitik qui nous fait oublier l'histoire populaire de notre pays. Du moins, ils souhaiteraient que l'on oublie. Pour eux, tout ne serait qu'économie, tout ne serait explicable que par la raison économique. C'est assez pratique de voir les choses ainsi lorsque l'on veut éviter de parler du véritable enjeu qui se cache derrière l'hostilité des bourgeois face aux droits à la paresse et donc aux partages des richesses.

Je mets "partages" au pluriel parce que partager le richesses, ce n'est pas que partager l'argent, mais c'est aussi éduquer nos enfants, donner des conditions de vie convenables à tout le monde, apprendre à devenir un véritable citoyen, faire de la politique, faire du syndicalisme, lutter pour nos droits, connaître nos droits, créer artistiquement des belles choses, partager un moment d'euphorie dans une fête inoubliable, en bref, vivre. Partager les richesses est pluriel. Construire une maison biologique, combattre le réchauffement climatique ensemble, partager l'eau, l'air, une électricité produite naturellement, c'est aussi partager des richesses. Les richesses sont multiples mais les plus riches veulent se les accaparer toute ou nous en imposer une notion très réductrice. Les bourgeois n'ont jamais accepté que les classes dominées veulent plus qu'une vie réduite à une seule fonctionnalité de production de richesse. Alors les riches veulent s'accaparer nos retraites pour les remettre dans l'économie globale afin de nous en défaire, afin de réduire le partage. Leur voracité est sans limites.

L'histoire des retraites symbolise ce combat contre la voracité d'une bourgeoisie agressive, violente, brutale. La classe dominante ne veut pas entendre que si notre civilisation tient debout c'est parce que nous avons, nous les petites gens, ou du moins nos aïeux, créé des institutions pour partager les richesses. Ce qu'ils nomment souvent démagogiquement la "cohésion sociale" fonctionne en réalité sur un compromis entre un processus de concentration des richesses et un autre de partage des richesses dont les retraites, la sécurité sociale et les services publics sont les socles conquis par la classe ouvrière. Et ça, ils ne peuvent pas accepter que nous ayons le droit d'être paresseux et donc de nous instruire, d'aimer nos enfants, nos retraités, nos amis, nos jeux, nos livres, nos films, nos pièces de théâtre, nos plaisirs. Il n'y a pas de honte à parler de droit à la paresse, ce qui est honteux c'est de confisquer de façon autoritaire ce droit qui garantit de vivre heureux ensemble sans guerres et sans haines.

Défendre les retraites, c'est défendre une société où nous pourrions tous vivre heureux.

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