Tout au long du film, ce service de presse communard fictionnel relate ce qu'il se passe sur le terrain des luttes avec un discours en totale opposition avec la propagande bourgeoise. Ce n'est pas sans rappeler le mouvement social actuel.
Partout, sur tous les plateaux de télévision se succèdent des experts en cravate, des commentateurs autorisés et labellisés pour faire obstruction au mouvement contre la réforme régressive des retraites. Avec des discours essentiellement bureaucratique, sans jamais aborder les sujets de fond (les problèmes de pauvreté, les problèmes sociaux, les inégalités sociales croissantes, le chômage, les victimes du travail, la précarité, l'arnaque de la réforme des retraites...), ils restent cantonner dans des analyses technocratiques pour tenter de renforcer la légitimité politique du gouvernement et de discréditer le mouvement social.
Cet "entre-soi" bourgeois apparait sans cesses sur les plateaux de télévision de façon encore plus systématique que d'habitude depuis que le 49.3 est passé . "Le 49.3 est légitime même si vous n'aimez pas cette constitution." "Vous n'avez qu'à attendre les prochaines élections." "Macron n'a que voulu éviter le chaos." "Il n'y a pas de crise de régime, ce n'est qu'un discours des extrêmes." "L'attitude de l'extrême gauche est totalement anticonstitutionnelle." "Heureusement que nos institutions sont solides. Ces violences dans la rue sont totalement illégitimes." "C'est une tentative de coup d'état de l'extrême gauche." Et j'en passe et des meilleurs...
Paris, cette ville est devenue plus bourgeoise que jamais et les classes aisées vivent dans un entre-soi confortable que vient perturber la grève des éboueurs. Sur toutes les chaînes, la télé bourgeoise s'offusque et s'exprime contre les odeurs et les "risques sanitaires" sans jamais se pencher sur les conditions de travail de ceux qui gèrent leurs déchets de riches. "Même dans le XVIe arrondissement, c'est devenu irrespirable, vous vous rendez compte ?" s'exaspèrent-ils.
Si seulement leurs domestiques pouvaient faire grève aussi, qu'ils soient obligés de sortir eux-mêmes leurs poubelles dans la rue, ce serait un premier pas vers un peu plus d'humanité.
Tous ces commentateurs patentés que nous voyons passer à la queue leu leu sur les plateaux télévisés mangent dans les mêmes restaurants parisiens, habitent les mêmes quartiers, fréquentent les même salles de cinéma et de théâtre, s'offrent les meilleures places à l'Opéra de Paris, se fréquentent les uns et les autres, partagent les mêmes valeurs. Tous derrière Macron, ils profèrent leurs fausses vérités sur toutes les chaînes de télévision. "Les rats sont partout et le risque sanitaire est immense." Ils tentent de culpabiliser et de discréditer des grévistes, en utilisant leurs armes médiatiques habituelles, "Le gouvernement est légitime et sage", nous disent-ils à l'unisson, tandis que "le mouvement social est illégitime et violent", répètent-ils ensemble.
Ils ont perdu la première manche médiatique, ils essaient de gagner la second en opérant une charge médiatique sur tous les plateaux télévisés. Pas difficile à faire étant donné que tous les plateaux télévisés sont animés par leurs copains et copines et que tous ces braves gens "ont peur que les rats remontent à la surface."
On pourrait partir de l'idée que la stratégie de discrédit du mouvement social qu'ils tentent actuellement en essayant de retourner l'opinion publique à leur avantage est vaine, mais il faut se méfier, car quand tous les médias offrent la même musique, beaucoup de gens finissent par douter, surtout lorsqu'un mouvement se radicalise.
La colère est légitime mais il ne faut perdre ce qui fait la force de ce mouvement, l'adhésion populaire. Une contre-attaque médiatique serait sans doute la bienvenue, il ne faut pas que la Macronie gagne le second round. Ils ne sont pas encore tout à fait KO. Ils ne veulent pas entendre l'exaspération de la majorité des gens dans ce pays, donc il faut leur faire entendre que leurs petits soucis temporaires "hygiéniques" n'est rien comparé à ce que vivent les plus pauvres chaque jour de l'année.
Jamais depuis longtemps un mouvement social n'aura mis autant en évidence le racisme de classe. Ces gens sur les plateaux de télévision ne font à aucun moment preuve d'empathie ou alors lorsqu'ils émettent une petite émotion, ça manque tellement de sincérité, que ça en est presque risible. Ils sont écœurants.