lecteurfid (avatar)

lecteurfid

Abonné·e de Mediapart

123 Billets

0 Édition

Billet de blog 24 mai 2023

lecteurfid (avatar)

lecteurfid

Abonné·e de Mediapart

Comment gagner le prochain round social ?

Le mouvement social a gagné le premier round médiatique mais il a perdu le second round au profit de l'extrême droite. Comment gagner le troisième round ?

lecteurfid (avatar)

lecteurfid

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quelques constats :

La répression ?

Elle sert à faire le spectacle, à détourner l'attention, et à criminaliser le mouvement social au regard du public encore plus que de la justice. Elle fait grimper le sentiment d'insécurité. Elle alimente la peur. Elle favorise l'émergence de l'extrême droite.

Le combat médiatique ?

La force du mouvement social et écologique se situe surtout dans sa capacité à communiquer directement avec les travailleurs à la base sans passer par les médias. Toute agora, festival alternatif, syndical, tout débat public, toutes manifestations publiques aident à la mobilisation. Et évidemment toutes les luttes quotidiennes... Ce qui fait la force du mouvement social et écologique, c'est l'étendue de ses réseaux à la base.

La lutte contre l'extrême droite ?

Les actions violentes menées par l'extrême droite nous démontrent que de nombreux groupuscules se mobilisent, recrutent et passent à l'action.

Pour lutter contre l'extrême droite, le mouvement social a besoin de retrouver une transversalité, la lutte contre l'extrême droite devrait être tout autant fédérative que la lutte pour le droit du travail et écologique. Il manque une structure fédérative dédiée capable d'organiser cette résistance transversale et unitaire envers l'extrême droite. Toute agora, toutes manifestations publiques, tout festival alternatif unitaire, toute action syndicale ou associative, devraient introduire de l'éducation populaire anti-extrême droite. Il y a un besoin de rappeler ce que sont les "socialisations fascistes", les "conversions quasi-religieuses" aux croyances de l'extrême droite, comment ils procèdent, comment ils diffusent, comment ils manipulent les esprits, comment ils recrutent. Combattre l'extrême droite c'est combattre des sectes. Combattre la violence d'extrême droite, protéger les élus, les militants, les étrangers, toutes les personnes menacées par l'extrême droite, faire arrêter et juger les groupuscules d'extrême droite, rappeler la Résistance, rappeler sans arrêt ce qu'est le racisme, lutter contre l'antisémitisme, l'homophobie, le sexisme, donner accès aux publications, documentaires, fictions analysant les phénomènes totalitaires,  etc. ça devrait être le lot quotidien de tout militant... chez les syndicalistes comme chez les militants écologiques et associatifs.

Lutter contre l'extrême droite, c'est lutter pour tous nos droits et libertés. Il n'y a pas d'écologies et de droits sociaux possibles avec l'extrême droite.

Nous ne répéterons jamais assez que la lutte écologique devrait rejoindre les luttes dites sociales, car elles sont liées. On ne fera pas d'écologie sans redistribuer les richesses, sans transformer le moteur économique pour qu'il soit au service du plus grand nombre, et non au profit d'une minorité de riches. Le fascisme ou ses succédanés, apparait lorsqu'il y a une grave crise sociale, lorsque les gouvernants ne font plus leur travail de redistribution et que le mouvement social traditionnel est affaibli. Il émerge aussi de la peur : peur sécuritaire, drogues, peur de l'inconnu, peur du lendemain, peur sociale, peur du voisin, peur de perdre son travail... et des frustrations : divorces liés à une perte d'emploi, revenus insuffisants, humiliations au travail, impuissances à changer le cours de sa vie, colères sociales, pertes de sa fierté devant les amis, la famille, suite à un licenciement, etc.

Dans ces situations extrêmes de peur et d'humiliation, les "gens", les travailleurs, les exploités, cadres, paysans en difficulté, ouvriers, employés ou autres, les chômeurs, les précaires, les pauvres, ne sont pas disponibles pour se pencher sur les questions écologiques. Tant qu'ils continuent à vivre des peurs, des humiliations, des frustrations, leur attention est facilement attirée par les discours simplistes et sectaires de l'extrême droite. Leurs apôtres orientent les regards vers un bouc émissaire, dénoncent les "complots", attisent les peurs et la haine, orientent les frustrations des uns et des autres vers des victimes expiatoires (des coupables que l'on pourrait exécuter pour l'exemple et afin d'apaiser notre haine et de satisfaire nos frustrations), et enfin, promet un nouvel ordre autoritaire. Lutter contre les sectes d'extrême droite dans leur ensemble est autant écologique et social que de combattre les causes de la destruction de notre environnement écologique. Toute une documentation anti-extrême droite est à produire et à diffuser partout. L'extrême droite est une immense constellation de sectes.

La guerre médiatique

Créer nos propres médias transversaux, les faire connaître, diffuser, débattre publiquement, organiser des festivals solidaires et écologiques, sans jamais oublier tous les sujets transversaux, en expliquant cette transversalité, c'est aussi faire avancer le combat social et écologique.

Il y a une nécessité de créer des revendications transversales pour pouvoir appeler à l'unité du mouvement social et écologique, seuls moyens d'avancer vers plus de solidarité et de luttes communes. D'autre part, cette transversalité rendra la lutte plus visible et plus compréhensible.

En expliquant l'interdépendance de la lutte écologique, sociale et anti-totalitaire (contre toutes les dérives d'extrême droite), nous aurions ainsi une plateforme commune qui pourrait permettre de faire émerger un projet commun comme l'avait fait le Conseil National de la Résistance.

La création d'une plateforme commune et d'un projet commun, que l'on pourrait nommer Résistance et Offensive Sociale et Écologique, ce qui résume assez bien tout ce que l'on doit être capable d'articuler, pourrait faire l'objet d'un grand événement national festif  fondateur.

Cette fondation d'une plateforme commune doit être celle du mouvement social et écologique indépendamment des partis politiques. Les partis politiques pourraient soutenir cette plateforme symboliquement, mais doivent respecter l'indépendance du mouvement social.

Pour finir, cette plateforme pourrait permettre d'avoir une plus grande visibilité, et faire émerger des revendications plus profondes, plus vastes, peut-être même, plus révolutionnaires. Elle peut aussi trouver des déclinaisons en fonction des réalités locales. Plus qu'une orientation, c'est un véritable projet politique comme pouvait l'être la mise en place de la sécurité sociale après la Deuxième Guerre mondiale qui pourrait émerger du mouvement social.

Une façon de gagner le prochain round social ?

Lutter contre les dérives sectaires de l'extrême droite peut nous permettre de nous retrouver derrière une plateforme unitaire commune avec un projet social et écologique ambitieux, voire révolutionnaire. Un projet social émergeant du mouvement social et écologique, anti-extrême droite, révolutionnaire, et indépendant des partis politiques. La Résistance, c'est ça.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.