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Billet de blog 30 mai 2023

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De la série chilienne "La meute" à la corruption du cinéma français

On se vante actuellement dans le cinéma français d'explorer la partie sombre du patriarcat dans des thrillers psychologiques. Mais le cinéma français laisse de côté toutes les instrumentalisations politiques que les classes dominantes peuvent faire de cette "partie obscure" de l'humanité. La série chilienne "La meute" vient nous le rappeler.

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Je conseille de regarder l'excellente série télévisée chilienne "La meute", elle met en scène la cyber intimidation, le harcèlement scolaire, le sexisme, les passages sombres de l’internet, l’abus de pouvoir dans les institutions gouvernementales et la corruption des classes privilégiées, et les effets délétères d'un capitalisme sans contrôles. Elle représente les agressions sexuelles perpétuées dans un Chili ultra-conservateur et patriarcal dominé par un capitalisme ultra-violent. A la fois lutte pour l'égalité des genres et lutte de classe, avec pour incarner cette lutte des flics inflexibles, des jeunes femmes courageuses véritables icônes des luttes anticapitaliste et antisexistes, et des jeunes hommes totalement manipulées par une classe dominatrice et oppressante, suivant des schèmes mentaux de la domination et de la prédation, cette série nous renvoie l'image de notre propre société française en phase de basculer vers l'extrême droite. Cette série fait écho à la série "M. Robot". Si cette série peut paraître parfois un peu minimaliste et excessive dans la forme, elle est surtout un concentrée d'une réalité indéniable et elle l'aborde sans ménagement. Cette série nous offre à voir la réalité de la violence de la société néolibérale, d'une société malade, du patriarcat, d'une bourgeoisie revancharde et perverse, de l'héritage totalitaire de Pinochet et de l'expérience néolibérale, dont Macron, pour nous en France, se fait le promoteur. Si nous pourrions aussi y voir une dimension trop "complotiste", il faut remettre cette série dans un contexte chilien qui a vu disparaître des milliers de personnes pendant la période dictatoriale soutenue en sous-main par des forces capitalistes américaines et par des réseaux néo-fascistes. Il y a derrière cette impression de grands complots la question des disparitions demeurées inexpliquées, la complicité de l'église catholique avec la dictature, les sous-terrains et les tortures, les viols et les abus sexuels commis contre des mineurs, les circuits secrets de la pédophilie, les réseaux internationaux du capitalisme, les réseaux masculinistes émergeant, les réseaux mafieux du dark web, les entreprises de corruption, les menaces de coup d’État, toutes les ordures du monde se donnent la main pour le dominer jusqu'à sa fin.

Un bon Thriller qui parle d'une réalité que le gentil cinéma français ne fait que survoler avec beaucoup trop de pudeur et de naïveté... Le cinéma français est au-dessous de toutes les réalités socio-politiques actuelles traitant les sujets sans jamais trop égratigner les classes dominantes. Le cinéma français est peu courageux ou est alors dominé par une classe bourgeoise qui se sert les coudes sans autres intérêts que de faire des "entrées". On peut faire le choix artistique de traiter des sujets n'ayant pas trop d'implications politiques, mais en revanche, lorsque l'on aborde un sujet politique, la délicatesse ne signifie pas être totalement démagogique. Lorsque l'on vit dans la vie réelle comme l'on dirait communément, c'est-à-dire lorsque l'on craint pour ses miches au travail, lorsque l'on se fait agresser par un supérieur quotidiennement, lorsqu'on se prend des coups d'épaules dans les couloirs d'une école, lorsqu'on se fait insulter par des flics de sale pute, lorsque de jeunes hommes et de jeunes femmes se font manipuler pour rejoindre des groupes d'extrême droite, il ne faut pas édulcorer le propos, il ne faut pas épargner ceux qui défendent un projet de société patriarcal, inégalitaire, guerrier, capitaliste, racial et qui instrumentalise toutes les dimensions du fascisme pour instaurer un régime autoritaire et violent.

Et ce qui peut se passer dans le cinéma français est à l'image de ce qui se passe dans l'élite en général à quelques exceptions notables prêts. Faire comme "si on se situait en dehors de" ou "au dessus de", c'est renié tout ce qui fait du cinéma populaire un cinéma qui renvoie l'image d'une société. Il ne s'agit pas seulement de sonder les parties sombres de la psychologie masculine dans un schéma de thriller Hitchcockien, mais aussi de faire une critique de tout ce qui instrumentalise cette partie sombre à des fins politiques. Oublier cela, c'est oublié le péril totalitaire et fasciste, c'est oublié le processus qui a entrainé l'holocauste, c'est se censurer, ou simplement, faire de l'argent avec de sombres histoires, mais ce n'est surement pas participé à lutter contre ce qui engendre ces violences. Faire comprendre comment on manipule les masses pour en faire des guerrier prêts à violer, à tuer, à haïr, c'est un sujet tabou dans le cinéma contemporain alors même que c'est rappeler les processus qui ont entraîné l'holocauste. Mais sujet trop politique, on préfère rester dans le symbolique en édulcorant le propos. Et d'autre part, il faut avoir suffisamment de culture socio-politique pour aborder ce type de sujet, ce que nous pouvons douter de la plupart de nos "grands" réalisateurs". Ou alors prouvez-nous le contraire.

Un cinéma français globalement irresponsable, au bout du chemin, le cinéma français va se faire privatiser par un gouvernement qui dérive vers le totalitarisme et vous laisser corrompre par des puissances économiques internationales qui voient dans le cinéma français une manne financière non négligeable. Le financement des films par le service public, par nous le public, ce sera bientôt fini, par la faute de cette communauté cinématographique française dont la conscience politique est si diminuées qu'elle ne voit même pas le processus en cours ou qu'elle s'y soumet sans sourciller.. Vous serez bientôt totalement entre les mains du patriarcat du capitalisme globalisé. Et vous ne dites rien, vous ne protestez pas, vous continuez à parader à Cannes avec des milliers de paillettes alors même que le Titanic coule. Vous êtes des idiot-e-s.

Regardez ce qu'est devenu le cinéma américain, tout appartient à Disney Land. C'est ça le cinéma français de demain ? C'est le processus en cours, et votre apathie en sera la première cause. Il y a toujours le choix, encore faut-il avoir une conscience politique. Nous sommes loin de la Nouvelle Vague.

Vous êtes, à quelques exceptions notables prêts, des merdes.

Quand le monde du cinéma réagit :

"« Ces attaques, c’est du pur populisme » : des figures du cinéma soutiennent Justine Triet"

"Si, si, le cinéma français fait bien face à une offensive néolibérale"

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