Comme l'atteste le journal Québecois "The conversation", le covid19 est inégalitaire dans ses victimes. Ainsi des études démontrent que si le Québec enregistre l'un des plus gros taux de mortalité liée au virus, c'est parce que le Québec, "c'est d'abord en raison de la proportion élevée de personnes âgées vivant en établissements collectifs dans des conditions qui affectent leur santé, nonobstant le déclin dit "naturel" que l'âge inflige à celui-ci.".
C'est Estelle Carde qui dans un article en ligne d'expertise universitaire nous offre cette analyse très parlante sur le rapport entre inégalité immunitaire et inégalité de la "classe, genre et race". Concernant les femmes, surreprésentée sur le front médical, dans ce milieu professionnel, elles sont évidemment beaucoup plus infectées par le virus que les hommes. Les femmes meurent plus que les hommes selon ces études québecoises (55 % des décès). Cependant l'auteur ne nous dit pas s'il y a un rapport entre la condition sociale féminine et ce taux de décès supérieur à celui des hommes.
Estelle Carde abord après les problème des discriminations raciales : "Quant à la race, elle se tient souvent discrètement derrière la classe sociale. Si le virus frappe fort le quartier de Montréal-Nord, habité majoritairement par des minorités raciales, n’est-ce pas parce que la densité de la population y est inversement proportionnelle à celle de l’offre de soins ? Si l’on craint le pire pour les Autochtones vivant dans des réserves, n’est-ce pas en raison de leurs logements surpeuplés et mal ventilés qui facilitent la propagation du virus, de la malnutrition et de la pollution de l’environnement, toxiques pour le système immunitaire, et de la fréquence du diabète qui augure de complications en cas d’infection ? En bref, n’est-ce pas la pauvreté qui rend vulnérables ces minorités ? Certes, mais si elles sont pauvres, c’est en raison de multiples discriminations raciales." (voir ici).
Sur les inégalités sociales de santé nous disposons d'un acte de séminaire de la DRESS en ligne ici.
Quelques autres articles :
Pour les anglophones, un article sur les inégalités face à la maladie dans "The New England Journal of Medicine" : https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2034577
Revue en ligne "LE DEVOIR" : https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2034577
Article paru dans Santé Publique : Construction de la santé et des inégalités sociales de santé : les gènes contre les déterminants sociaux ?
Et surement beaucoup d'autres à chercher...
Je partage mon "aide mémoire"... N'hésitez pas à donner vos propres références sur le sujet des inégalités socio-immunitaires face au Covid 19 dans les commentaires.
Il me semble que c'est une occasion historique pour faire le point sur les inégalités sociales face aux risques majeurs que sont les épidémies, le réchauffement climatique, etc. afin de s'y préparer avec une réflexion sur le long terme. Le capitalisme pense un temps court, la vie se pense sur un temps long. Si nous choisissons la vie, nous devons penser loin et chacun peut y participer individuellement et collectivement. Premièrement, il y a un temps pour l'analyse sociologique. Il faut tirer des savoirs et des connaissances de cette crise, comprendre comment les sociétés, les citoyens comme les gouvernants et les institutions, ont réagi face à cette crise sanitaire historique. Deuxièmement, après l'analyse, il y a une réflexion socio-politique : comment pouvons-nous nous préparer à nouvelles crises sanitaires, climatiques, etc ? pour y résister le mieux possible. Troisièmement, il y a une réflexion essentiellement philosophico-politique sur des notions de "temps politique", sur la vie et sur la mort, sur le capitalisme, sur les inégalités sociales, sur la société.
Régler les problèmes d'inégalités, c'est imaginer une transformation radicale de la société et mieux se préparer à l'instabilité climatique. Nous ne pourrons pas diminuer les effets du réchauffement climatique dans une société inégalitaire.