D’un fragment ininterrompu
Où sommes-nous
Je n’entends rien à la radio qui me parle
Le journal non plus
Mais où ces faux m’emportent-ils
Ma phrase tarie
Sur ce sable toujours plus exsangue
Ils ne disent rien eux non plus
Peut-être les plus innommables
Derrière leurs bois verni
de Large Assemblée
Ai-je le droit d’avoir une seule pensée
Un seul réflexe pas obligatoire
Je sens la poésie que ces bras de fer étouffent
Ces intérêts compensés
Ce gril qui fait tomber les cheveux
Et ces clercs gardiens de leur propre sanctuaire
Ai-je le droit de répéter les mêmes choses
les plus urgentes
Ai-je le droit de sortir ce qu’ils jugent si
inadmissible
Ouragans cyclones tempêtes volcans ressemblent
tant à cette voix d’ailleurs
À ce qu’il est interdit de dire de parler
de montrer
Le désir d’une pensée à soi
Qui sans doute sauverait le maquis sauvage
où meurt le Sentiment
Gérard Lemaire p17 dans "Une buée ivre" 2000, au Contentieux, Toulouse