Demandez à Juan Gelman !
Les murs blancs
Ont des yeux fixes
Dans le gris des fanfares militaires
Les fumées d’Auschwitz
dans les pupilles
demandez à Juan Gelman
S’il apprécie les jeux télévisés
Tant que ça
Et les « markets » électroniques
J’ai oublié comment ça s’appelle
Demandez-lui quand même
En cliquant sur les sites
C’était dans les années Quatre-Vingt
Le Rio de la Plata était un vaste grandiose cercueil
Ne pensez qu’à la prochaine coupe du monde
Et aux Nouvelles Olympiades
Non-stop
Juan Gelman a peut-être
quelque chose à dire
Dans le haut-parleur
Sur l’ultime quart de siècle
Sur l’ultra-contemporain
Dans les deux hémisphères
Qui t’observent fixement
Il doit exister une autre voix humaine
Sur les trottoirs et les pistes cendrées
Une sorte de chose qui parlerait
Avec toute cette terre brune
entre les dents
Gérard Lemaire 2001
Juan Gelman (3 mai 1930 à Bueno Aires – 14 janvier 2014 à Mexico) était un poète argentin contraint à l'exil à cause de ses activités journalistiques et politiques sous la dicture militaire (1976-1983). Sa production poétique montre la richesse de son invention verbale.(encyclopédie de la littérature chez Garzanti). Un long article lui est consacré dans Wikipedia ; rien dans le dictionnaire des littératures chez Larousse.
poème publié dans Diérèse n°14, juin 2001 (Daniel Martinez, Ozoire la Ferrière, 77) et p313 du livre "Gérard Lemaire, un poète à hauteur d'homme", mai 2019 (au Contentieux à Toulouse)