Ils ont rasé les terrains vagues où tu aurais pu te nicher

                         Tonsure du rail.

Vient toujours l’heure
Où
Un doigt de fer se pose sur ta bouche
Tu ne peux pas faire face aux puissances
Qui agrandissent le désert des signes
Les forteresses sont là et leurs murailles n’ont pas de fissures
Il n’y a pas d’adresses sur ta table
Ils ont rasé les terrains vagues où auraient pu
se nicher
Quelques vagabonds
Quelques pages de liberté hors de leurs champs
panoptiques
L’énigme de la réalité est là
Resplendissante
Dans ce garrot
Tu as la tête posée sur un rail
Et ceux qui parlent à ta place sont des vieux
implacables fuyards

                                                Gérard Lemaire   2000

publié dans Il était temps, édition Enitram Tréab, Didier Trumeau, 2000
et dans le livre "Gérard Lemaire, un poète à hauteur d'homme, 2019, au !contentieux, robert Toman, p158