Javier Heraud me regarde dans les yeux
Je l'avais tout à coup oublié
Il descendait du beau quartier
Sa trajectoire devait être fulgurante
Malgré tout sa stature géante
Domine tout l'espace / cet espace tant rétréci
Ses poèmes parlaient des traîtres
Ce langage qui ferait peur aujourd'hui
Que dire des soldats qui l'ont abattu
Obéissant à leur propre malheur
De quelles rues misérables sortaient-ils
Ils n'étaient que traîtres à eux-mêmes
Son corps est-il tombé dans l'eau du fleuve
Troué par l'autre décision
Gérard Lemaire 2011
p311 du livre : « Gérard Lemaire, un poète à hauteur d'homme » (mai 2019)
né le 19 janvier 1942 à Lima, Javier Heraud Perez était un poète péruvien, professeur et guerillero membre de l'Ejército de liberacion Nacional (ELN). Il a été tué par la police le 15 mai 1963.
Influencé par le postmodernisme américain et les poètes espagnols des générations de 98 et de 27, il publia Le Fleuve (1960) et Le Voyage (1961) qui l'ont fait reconnaître après sa mort dans la guérilla castriste, comme le symbole de la poésie et de l'acte poétique. (Dictionnaire des littératures, Larousse)