Chercher la parole
Et ne trouver au mieux que la piste de ses échos
Que je ramasserai avec dévotion
Chercher la parole
qui se déroulerait dans un écheveau illuminé
qui apparaîtrait comme une tête de noyé
sortant de l’eau
Je ferai un feu d’artifices de ces yeux morts
J’irai marchant aux bras d’un fantôme inconnu
que j’appellerai de tous les prénoms
Parlant dans la folie qui peut-être lèverait
des flammes autour de nous
Chercher la parole
pour que dure je ne sais quel passage entre
les doigts
Pour remodeler les faciès qui ont perdu leur
nature leur brûlante envie de vivre
leur passion de chercher la parole
Je vais ainsi de ville en ville et de village
en autre hameau
Épiant peut-être dans les rues
Quelqu’un qui me donnerait la force de continuer
Et chacun et tant m’ouvrent les yeux avec
parfois des signes à deviner
Je crois pouvoir les inventer même et m’endormir
Pour la croiser là-bas plus vraie en d’autres vestiges
Gérard Lemaire 1999
publié dans "Quelque part ils ont tués le peuple", éditions des deux Siciles, Daniel Martinez, 1999
et p 135 dans "Gérard Lemaire, un poète à hauteur d'homme", le Contentieux, Robert Roman, 2019