Comme une question à la mémoire des hommes.
Odoïevski Alexandre j’écris ton nom
Ton article dit que tu es mort à trente-sept ans
En 1839
Et que tu fus déporté à 23 ans en Sibérie puis
au Caucase
Et que tu fus un poète
de ceux qui chantent dans leur prison
enterrés sous l’aimable terre des vivants
Qui aujourd’hui connaît cet Odoïevski Alexandre
Un érudit peut-être va lever bruyamment
son doigt immense
Je n’ai pas le droit de parler d’Odoïevski Alexandre
genre témoin gênant
s’il en fût
Son bref article ne cite aucune œuvre de lui
Pas un seul titre pour retenir le sable
Un fantôme parfait
Quelles souffrances mon pauvre cher Alexandre
Le tsar ne t’aimait donc pas
Ni son Okrana
Comme j’aimerais lire tes poèmes
Plutôt que ceux de bien d’autres
Je te salue même malgré cela je salue ton nom presque
anonyme
Tu me permets de vivre aujourd’hui à cette heure
les choses n’ont pas beaucoup changé tu sais
il est vrai
Je fais mon soliloque le plus appliqué possible
Croyant en toi qui as cru
à l’éclatante surprise d’un poème
Gérard Lemaire 2002
page 324 du livre "Gérard Lemaire, un poète à hauteur d'homme", au Contentieux, Toulouse
Né le 8 décembre 1802 et mort de malaria le 27 août 1839, le prince Alexandre Ivanovitch Odoïevski était un officier et poète russe. Il devient ami de K Ryleïev à l'armée et s'engage avec lui dans la révolte des décembristes. Condamné à 15 ans de bagne en Sibérie après l'insurrection de décembre 1815, il est gracié en 1837 et envoyé au Causase comme simple soldat. Il fait connaissance avec Levmotov qui écrit une élégie après sa mort et le fait connaître. C'est en captivité et en exil qu'Odoïevski écrit ses poèmes lyriques et patriotiques : "Dimanche" (1826), "Rève d'un poète" (1828)... et des réflexions sur la désignation de leur lutte. Il est publié pour la première fois en 1862 à Leipzig, puis en Russie en 1883
(dictionnaire des littératures, Larousse ; Wikipedia)