La réalité systématique derrière les mythes révolutionnaires et leurs légendes
Curieux, cette manière permanente d'ignorer les leçons de l'histoire. Cette incapacité (ce déni ?) des révoltés d'en appeler au plus tôt à l'internationale des peuples, malgré toutes les différences régionales et culturelles.
D'abord, si inédit que semble ce mouvement, il est comparé avec les sans-culottes. Sans doute juste. Oui, et alors ?... La Terreur puis l'embrigadement napoléonien ont eu raison des populations au profit de nouvelles aristocraties détruisant les droits humains partout.
Plus près de nous : sur quoi ont abouti les réflexes souverainistes des populations en colère ?... où que ce soit, partout, tout le temps, les pouvoirs n'ont fait que changer de mains toujours au détriment des populations.
La révolution "réussie" au Nicaragua a fabriqué une misère écrasante et généralisée pire encore que la pauvreté combattue par les guérilleros dans les années 1960-1980. Pareil pour les ami.e.s communistes en Iran après la révolution contre le Chah et récupérée par les islamistes très majoritaires autour de Khomeini...
Et ainsi de suite, même Mandéla n'a pas sorti les Zoulous de leurs quartiers ghettos en Afrique du Sud où les avait maintenus l'Apartheid. En Grèce même Tsipras n'a pas fait échapper son peuple à la Troika en 2015. Même Solidarnosc en Pologne n'a pas voulu, pu ou su échapper ni à l'antisémitisme ni aux persécutions bureaucratiques contre les plus démunis. Même Aung San Suu Kyi n'a pas arrêté le massacre des Rohyngas en Birmanie, et ainsi de suite.
Bon. Pas un seul contre-exemple.
Pas un.
En regardant l'aboutissement de toutes les révolutions, pacifiques ou non, dans l'histoire du monde, on voit vite que toutes ont abouti à la confiscation des pouvoirs du peuple au profit d'élites encore plus militarisées, policières, libéralisées au sens de capitalisée, et tout ceci au nom du salut public, de la grandeur et de la souveraineté nationales (sic !)..
Si nos actions ne servent hélas qu'à se voir confisquée la révolution que nous faisons, comme disait une jeune Tunisienne en mars 2013 à Tunis, alors quoi ?...

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Ce qui s'en suit...
Nous sommes d'abord livré.e.s à nos propres consciences, et, ensuite, aux paris que nous prenons en public.
De quoi se sent-on le plus humilié.e, chacun, chacune, aujourd'hui ?...
Les gens dits de gauche regrettent amèrement aujourd'hui d'avoir pu soutenir dans le passé de véritables complices des puissances au pouvoir, économico-financières, militaristes, technocratisées, bureaucratiques... Toutes gauches confondues, les militant.e.s et sympathisant.e.s regrettent aujourd'hui de ne pas avoir su écouter les avertissements qui leur étaient donnés à l'époque de leurs engagements. Ils savent le prix qu'il en coûte aux populations les plus pauvres d'avoir suivi (et servi) des arrivistes qui se sont bien moqués, au fond, de la naïveté des personnes qui venaient les cautionner en faisant nombre pour eux : Cohn Bendit et son écologie verte, Bernard Kouchner et son MSF, Harlem Désir et son "Touche pas à mon pote", "Fadela Amara et son "Ni Putes ni soumises", et ne parle même pas des derniers artificieux que l'opinion publique aura eu su finir par flairer ces dernières années comme Hulot et les adeptes du Green Washing.
Et aujourd'hui ?..
Aujourd'hui, on ne sent dans ce mouvement de Gilets jaunes que la même gentillesse, même révoltée, même en colère, qu'on aura eu pu éprouver dans les circonstances ci-dessus mentionnées, et ça, ça humilie, car enfin, comment dire à qui que ce soit : « votre gentillesse fait le lit des salopards » !
Qu'il y ait autour de nous une très forte proportion de gens sans recul historique ou politique, des gens qui ne parlent que de renverser la présidence, le Parlement, les grandes écoles, sans rien voir des conséquences derrière, qu'il y ait encore et toujours des gens qui acceptent « tout pourvu qu'on en sorte ! »... Mais on ne sort pas de pareilles dictatures économiques et écologiques en laissant des confusionnistes dominer. Une fois au pouvoir, les confusionnistes ne feront rien ni pour les gens les plus misérables ni pour le climat, et non seulement ils ne toucheront pas aux puissances d'argent, d'endoctrinements et armées, mais ils pratiqueront l'austérité dont on ne sort que par la militarisation des jeunesses du pays.
Tant que les confusionnistes domineront au sein d'un mouvement comme celui des Gilets Jaunes, faut-il soutenir ce mouvement ?
Est-ce de l'arrogance de refuser de s'humilier à tenter de parler à des gens qui vont minorer ou discréditer tout appel aux droits humains et de la nature.
Surtout quand nous savons tous et toutes que cette énergie révolutionnaire ne dure qu'un temps, que les impatiences s'énervent et durcissent leurs positions, que les plus protégé.e.s par le nombre et par les moyens financiers pourront prendre le pouvoir ensuite et alors ?...
À quoi bon ? si ce sont des positions où jamais on ne remet en cause la société de contrôle et de surveillance, pas seulement la police et l'armée, mais aussi les BigData, pas seulement la répression contre les habitant.e.s du pays, mais aussi les persécutions contre les étranger.e.s et les couches les plus défavorisées de la population... Bref, si on ne remet pas en cause les réflexes nationalistes, souverainistes et sexistes, à quoi bon se trouver mêlé.e.s à ce tourbillon ?...
Conclusion ?
S'il existe une assemblée, ici ou ailleurs, qui pose d'office une base intangible :
« Égalité de droit et de fait pour toutes et tous sans aucune condition de statut ni d'origine, sociale ou nationale »
Tant qu'il n'y a pas d'emblée ce principe absolu, incompressible, il sera impossible de faire confiance, car ce serait recommencer le scénario historique dont on ne veut plus.
Rien qu'à voir combien sont peu entendus les appels à une raison supérieure consensuelle, depuis ces 4 millions défilant derrière les tyrans de la planète le 11 janvier 2015, manipulés par le slogan passe-partout de la soi-disant liberté d'expression masquée par les Charlie, non non non, décidément, nombreuses restent les raisons de refuser de s'humilier à parler à des gens qui vont ignorer l'importance de ce minimum de solidarité égalitaire (ou de cette égalité solidaire).
On se tâte encore ?
Gilet Jaune, si toi ou d'autres, ailleurs, vous portiez en majorité cette base incompressible soulignée plus haut, nous serions davantage à participer et applaudir, à prendre en exemple vos déclarations. Sinon, rien, merci.