Notons que cette loi pourrait partir d'une bonne intention, baisser la vitesse pour diminuer le nombre d'accidents serait vertueux et pourrait même diminuer les émissions de co2. Mais est-ce que cela serait vraiment pertinent. Regardons de plus près, 3469 personnes ont perdu la vie en 2016 d'après l'ONISR (Observatoire national interministériel de la sécurité routière), dont plus de la moitié 55 % sur le réseau routier secondaire, soit 1.771 tués sur routes départementales, 258 sur routes nationales et 159 sur voies communales. La vitesse moyenne relevée y est de 82 km/h (pour une limite à 90 km/h), alors que 19 % des conducteurs dépassent la vitesse maximale autorisée (5 % de plus de 10 km/h). Pourtant cette loi devrait permettre soi-disant de sauver 450 vies par an. Le gouvernement s'appuie sur une étude de deux chercheurs Nilsson et Elvik. Les auteurs, cités aussi par l'OMS, calculent ainsi qu'une diminution de la vitesse moyenne de 1% diminue le nombre d'accidents corporels d'environ 2 % et la mortalité d'environ 4 % (4,6 % hors agglomération), la vitesse étant un facteur aggravant dans les situations d'accident. Cette étude est contestée par la Ligue de Défense des Conducteurs qui explique sur son site que les Anglais et les Allemands roulent respectivement à 97 et 100 km/h et ont moins de tués sur la route. Il reste que la vitesse est plutôt simple à contrôler, il suffit d'utiliser des radars fixes ou mobiles alors que le respect des distances de sécurité, les comportements dangereux, la prise d'alcool (à l'origine d'un millier de morts en France en 2016), de drogue (750 tués), de médicaments, la fatigue, etc. demandent une action spécifique à chaque fois. Pourquoi mettre de l'argent dans un changement de signalisation alors qu'on pourrait le mettre ailleurs comme par exemple dans un meilleur entretien des routes, une TVA à taux réduits pour les sièges enfants ou dans des éthylotest antidémarrage. D'après Édouard Philippe changer les panneaux de signalisation coûterait 7 millions d'euros. Vitesse et mortalité sur les routes sont certes liées, mais la vitesse n'est qu'un facteur accidentogène parmi d'autres ! Il faudrait, pour être complet mettre de l'argent dans les transports en commun pour réduire le nombre d'accidents sur les routes. Maintenant voyons pourquoi ils font ça. En fait, ils veulent baisser de plus en plus le budget pour les collectivités territoriale, rien que l'année dernière un décret annulait la dotation de 300 millions d'euros puis il leur a été demandé de réduire leurs dépenses de fonctionnement de 13 milliards d'euros progressivement jusqu'en 2022. Mais qui paye l'entretien des routes? Ce sont les collectivités territoriales, ainsi à vouloir réduire leur budget nous aurons un entretien des routes dégradé. Leur idée est donc d'anticiper ce nombre de morts du à une réduction du budget pour l'entretien des routes en dépensant des millions d'euros pour imposer des réductions de vitesse même si l'on sait qu'un conducteur énervé va commettre des imprudences et vouloir dépasser. Il s'agit donc d'un exercice de communication au travers d'une loi critiquable et dont l'utilité n'est pas démontrée. Quand aux réductions des émissions de carbones, pour cela il faudrait éviter des nouveaux projets inutiles et polluants (bioraffinerie la Mède, Europacity, etc).
Billet de blog 16 juin 2018
80 km/h : Une loi à deux vitesses?
Le premier juillet, la vitesse passera de 90 à 80 km/h. Ne passant pas inaperçue, cette loi suscite de nombreuses oppositions mais il serait intéressant de regarder quelle est la réelle intention de cette loi.