Quelle hypocrisie que celle d’un pouvoir politique et de « grands médias » qui n’ont cessé de dénoncer les crimes de guerre de Poutine en Ukraine, et qui sont si discrets sur les crimes contre l’humanité que commettent quotidiennement Netanyahou et l’extrême droite israélienne. Une presse qui, comme dans le conflit russo-ukrainien, privilégie la propagande partisane à l’information, et un pouvoir politique qui par des déclarations humanitaires de circonstance, pratique la langue de bois pour maquiller sa complicité avec l’action criminelle d’un État qui a délibérément entrepris la colonisation totale de la Palestine, avec la soutien cynique des États-Unis. Crimes dénoncés dans un communiqué le 1er novembre 2023 par le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths : « C'est simplement la dernière atrocité en date frappant les habitants de Gaza où les combats sont entrés dans une phase encore plus terrifiante, avec des conséquences humanitaires de plus en plus épouvantables ».
Si aucune personne sensée ne peut nier les crimes odieux commis par le Hamas en Israël, les prétextes et les allégations mensongères évoqués par Netanyahou pour justifier ses opérations militaires sur la bande de Gaza – dont l’affirmation selon laquelle « un bébé israélien a été mis à mort dans un four », lancée par Eli Beer responsable d’une organisation israélienne de secours lors d’une rencontre avec des membres juifs du Parti républicain américain à Las Vegas, information remise en question par plusieurs médias israéliens et qu’aucune source officielle n’a confirmée (Libération du 30/10/2023) –, ne peuvent cacher les objectifs de l’État d’Israël. En Cisjordanie, les violences liées à la colonisation israélienne sont depuis des années dénoncées par les associations de défense des droits de l’homme, sans que la communauté internationale s’en émeuve. Quand, depuis son élection à la présidence de la République, Macron s’est-il élevé contre cette colonisation violente des terres palestiniennes ?
Aujourd’hui, ces violences s’inscrivent dans les opérations guerrières qu’Israël mène à Gaza et en Cisjordanie. Nicolas Rouger, envoyé spécial de Libération écrit dans un article publié le 31 octobre 2023 : « Dimanche 29 octobre, dans la nuit, des colons armés sont entrés dans la petite communauté bédouine d’Umm al-Khair, surplombée par la colonie proprette de Carmel, à 15 kilomètres au sud de Hébron. " Ils ont confisqué les téléphones. Et, le fusil en joue, ils ont ordonné à un militant palestinien de chanter des slogans contre le Hamas, à la gloire d’Israël ", raconte Nasser Nawajah. Avant de partir, ils ont pris les drapeaux palestiniens et menacé les habitants du pire s’ils ne hissaient pas un drapeau israélien avant 19 heures, lundi. » Parlant de son village de Susya entouré de colonies, situé dans les deux tiers de la Cisjordanie sous contrôle total d’Israël, il dit : « Pendant des années, l’État a soutenu les colons pour qu’ils se débarrassent des Palestiniens en zone C. Mais maintenant, ils profitent de la guerre pour prendre cela entre leurs mains.
Que les services de renseignement israéliens et américains – intimement liés et réputés être les plus performants –, ne préviennent pas d’une opération terroriste du Hamas d’une telle ampleur, pose question sur un supposé « disfonctionnement » au sein de ces services. Le dessein de Netanyahou et de l’extrême droite au pouvoir, d’expatrier définitivement les Palestiniens en Egypte et en Jordanie pour coloniser la totalité de la Palestine est clairement acté. Que les crimes inqualifiables que commet l’État d’Israël sur la bande de Gaza, et les colons israéliens en Cisjordanie ne soient pas condamnés, relève d’une complicité affichée avec une idéologie nauséabonde, ou d’un manque de courage moral qui déshonore une classe politique discréditée et une presse inféodée.