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Billet de blog 3 avril 2025

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UNE DÉMOCRATIE MORIBONDE

« Les Français en ont marre qu'il y ait des affaires ! Ils en ont marre de voir des élus qui détournent l'argent, c'est scandaleux. Respecter la démocratie, c'est ne pas voler l'argent des Français. » Déclaration de Marine Le Pen en février 2017

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Après la condamnation par le tribunal correctionnel de Paris de Marine Le Pen, le 31 mars 2025, à cinq ans d'inéligibilité immédiate et quatre ans de prison, dont deux ferme, et à 100 000 euros d’amende pour son implication dans l'affaire des assistants parlementaires européens et le détournement de fonds publics, l’exploitation médiatique de l’affaire occulte les motifs de sa condamnation – et de 23 autres prévenus du RN –, ainsi que le préjudice financier subi par les contribuables, estimé à 4,5 millions d'euros.

De Jordan Bardella déclarant : « Aujourd’hui, ce n’est plus le gouvernement des juges, aujourd’hui c’est la tyrannie des juges » […] « Ce n'est pas seulement Marine Le Pen qui est injustement condamnée : c'est la démocratie française qui est exécutée », aux attaques portées contre une décision judiciaire par les ténors de la droite dite républicaine partisane d’une justice de classe – « pour qui la raison du plus fort est toujours la meilleure » –, et aux suspicions du Premier ministre Bayrou se disant « troublé par l’énoncé du jugement », la République n’en finit pas d’être bafouée. Faut-il rappeler à cette classe politique, que les juges ne font qu’appliquer les lois votées par les élus du peuple, et donc que c’est au nom du peuple français qu’ils rendent la justice. Exiger des juges qu’ils interprètent les textes de loi différemment, selon qu’ils condamnent un simple citoyen ou un puissant élu, constitue une violation du principe d’égalité devant la loi. Or, c’est ce que le Front national, Bayrou, Ciotti, et Darmanin ont exprimé à l’Assemblée nationale le 1er avril 2025 :

  • Le Front national en dénonçant une « vendetta du système contre son seul opposant », et en déclarant la guerre aux juges, alors que selon un sondage de Cluster17 pour Le Point, 61 % des Français approuvent la condamnation de Marine Le Pen ;
  • Bayrou en sortant de son rôle de Premier ministre et en suggérant aux élus de changer la loi, jetant ainsi le trouble dans l’opinion ;
  • Ciotti en prenant le Premier ministre au mot en proposant de changer la loi afin de permettre à Marine Le Pen de pouvoir, malgré sa condamnation, d’être candidate à la présidentielle ;
  • Darmanin en exprimant le souhait d’un procès en appel de la candidate de l’extrême droite dans le délai « le plus raisonnable possible », et la décision aussitôt annoncée par la cour d’appel de Paris, qu’un procès pourrait se tenir avant l’été 2026. Une décision considérée par l’avocat de Marine Le Pen, comme « un désaveu de la première décision » de justice.

Ainsi va la France macroniste où Trump fait des émules. Une France chahutée par les extrêmes droites européennes et américaines. Une France de moins en moins démocratique, avec une droite raciste et réactionnaire, et une gauche écartelée entre un Parti socialiste prédestiné à servir les intérêts de la classe dominante ; un Parti communiste dépourvu de ses racines historiques, tentant d’occuper l’espace électoral d’une sociale démocratie en déroute depuis le quinquennat antisocial de Hollande ; un Parti écologiste déchiré par ses va-t-en-guerre atlantistes, et les contradictions entre ses exigences écologiques et son soutien à l’économie de guerre ; et une gauche radicale résolument engagée dans la défense des libertés et des intérêts des classes moyennes et populaires, mais perdue dans des discours dénués de pédagogie, et l’héritage d’un leader historique, marqué par des erreurs de communication qui se transforment en véritables fautes politiques.

Dans le contexte des crises cycliques du capitalisme, qui plongent aujourd’hui le monde dans une impitoyable guerre économique – prélude à un conflit armé généralisé, dont les conflits russo-ukrainien et israélo-palestinien ne sont que le prologue –, notre démocratie apparaît moribonde.

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