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Billet de blog 7 mars 2023

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LA MARQUE DE FABRIQUE DE LA MACRONIE

« C'est ma marque de fabrique, j'ai toujours dit la vérité aux gens » (Emmanuel Macron, le 12 avril 2022)

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Dans cette République gouvernée par des charlatans, entre vérité et mensonge, pour définir la marque de fabrique de la Macronie, il suffit de relire les déclarations du président et de ses ministres.

Quand Emmanuel Macron affirmait ne pas vouloir reculer l’âge de départ à la retraite :

  • En 2017, pendant la campagne présidentielle, le candidat Macron déclarait : « Dans les cinq ans à venir, je ne propose pas de décaler l’âge de départ à la retraite. Ça n’est pas juste et les sacrifiés, ce sont aujourd’hui ceux qui ont autour de 60 ans ».
  • Le 25 avril 2019, lors de la conférence de presse à l’issue du Grand débat, il expliquait : « Est-ce qu’il faut reculer l’âge légal qui est aujourd’hui à 62 ans ? Je ne crois pas ! » Je ne crois pas pour deux raisons : la première, c’est que je me suis engagé à ne pas le faire. C’est quand même mieux, sur un sujet aussi important, de faire ce qu’on a dit [...] la deuxième raison, c’est que, tant qu’on n’a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement, ce serait assez hypocrite de décaler l’âge légal. Quand aujourd’hui, on est peu qualifié, quand on vit dans une région qui est en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu’on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans. C’est ça, la réalité de notre pays. Alors on va dire "Non, non, faut maintenant aller jusqu’à 64 ans". Vous savez déjà plus comment faire après 55 ans, les gens vous disent : "Les emplois, c’est plus bon pour vous". C’est ça la réalité. C’est le combat qu’on mène. On doit d’abord gagner ce combat avant d’aller expliquer aux gens : "Mes bons amis, travaillez plus longtemps. C’est le délai légal." Ce serait hypocrite. " J'invite les gens qui, de manière simpliste, disent, " c'est ça la solution"d'abord à regarder notre société. On doit gagner la bataille du plein emploi. »
  • Le 26 août 2019 sur France 2, il déclarait : « Si on fait une réforme comme d’habitude, comme on fait depuis 20 ans, on dit : " On va décaler l’âge de départ à la retraite. " J’ai dit, il y a quelques mois, je ne ferai pas ça. Pourquoi c’est pas juste de faire ça ? Parce que quand vous avez commencé à travailler à 16 ans, si je vous décale votre âge de départ à la retraite – alors même que, généralement, quand vous avez commencé à 16 ans, vous avez moins de diplômes, vous êtes dans des métiers plus pénibles –, c’est profondément injuste. Deuxième chose : on est dans une économie où il y a encore beaucoup de chômageil y a beaucoup de chômage des seniors, des plus âgés, si on décale l’âge légal, on dit aux gens "Restez plus longtemps au chômage". C’est pas correct.»

Quand en 2010, Olivier Dussopt député socialiste, s’opposait à la réforme des retraites défendue par le gouvernement de François Fillon et déclarait : « Cette volonté de reculer l'âge de la retraite est doublement injuste ».

Le 4 mai 2010 à l’Assemblée nationale, le député socialiste Olivier Dussopt interpelle Éric Woerth ministre du Travail : « Les discussions que vous menez aujourd'hui ne sont que des alibis et des rideaux de fumée » pour masquer les intentions du gouvernement. […]  « Un simulacre destiné à faire croire que vous avez d’autres priorités que celles que vous soufflent le Medef, et un mépris pour les propositions faites par les autres partenaires sociaux que vous recevez finalement sans les écouter, ni les entendre ». Il dénonce ceux qui « envisagent de reculer l’âge légal de départ à la retraite de manière progressive de 60 à 63 ans d’ici 2030 ». Il considère alors que « cette volonté de reculer l’âge de la retraite est doublement injuste », […] qu’elle « écarte d'emblée la recherche d'autres recettes », qu’elle ne met pas en « contribution de l'ensemble des revenus », et qu’« entre les niches fiscales et le bouclier du même nom, beaucoup pourrait être fait pour que l’effort ne porte pas sur les seuls salariés ».

Quand Élisabeth Borne – qui le 28 février 2021 sur BFM TV proclamait « je suis une femme de gauche » , participait le 25 octobre 2017 à l’Élysée, à une réunion en compagnie de Larry Fink, PDG du géant américain des fonds de pension BlackRock venu conseiller le président français dans son projet de réforme des retraites.

Le projet de réforme des retraites d’Emanuel Macron – en 2019, un régime à points auquel était associée Élisabeth Borne dès 2017 –, répond à une exigence de Bruxelles destinée à servir les intérêts des fonds de pension. Le rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR), chargé de faire l'audit de la situation financière, concluait alors qu’il n’y avait pas de danger pour l’équilibre financier. Pour ce qui est de ce nouveau projet post-crise sanitaire, les mensonges du président de la République, de sa Première ministre et de son ministre du Travail rendent les arguments de la Macronie et du LR, son allié naturel, inaudibles pour les Français.

  • En janvier 2023, devant la Commission des lois de l’Assemblée nationale, Pierre-Louis Bras, président du Conseil d'orientation des retraites (COR), contredit le prétendu déséquilibre financier en déclarant : « Les dépenses des retraites ne dérapent pas, elles sont relativement maîtrisées, dans la plupart des hypothèses, elles diminuent plutôt à terme. »
  • À la déclaration d'Olivier Dussopt dans les colonnes du journal Le Parisien, affirmant qu'avec la réforme « il n'y aura pas de perdant », le 6 mars 2023 sur le plateau de C à vous, Élisabeth Borne répond : « Cela dépend de ce que vous appelez des perdants » […] « On ne va pas vous dire qu'il n'y a pas des gens qui vont travailler davantage ».
  • L’annonce d’une pension de retraite à 1 200 euros est de toute évidence le mensonge le plus grotesque adressé aux Français. La « retraite minimale à 1 200 euros » qui devait concerner 1,8 million de retraités s’est réduite à une peau de chagrin de 40000 personnes, puis sous la pression du député Jérôme Guedj, co-président de la Mission d’évaluation des comptes de la Sécurité sociale, le ministre Olivier Dussopt reconnaît que « les services estiment, selon les générations, qu’entre 10 000 et 20 000 personnes franchiront le seuil des 1 200 € par cette seule mesure ». Au Salon de l’agriculture, Macron se « mélange les pinceaux » en déclarant : « Ces 1 200 euros pour la retraite minimale, c’est pour ceux qui ont une carrière complète. Et c’est juste. Parce que si vous faites toute votre carrière à mi-temps, que moi je fais toute ma carrière à temps plein, qu’on arrive à la retraite, qu’on a la même retraite, à juste titre, je vais dire : “Je me suis fait avoir.” » Une carrière complète se calcul en nombre de trimestres. Comme l’écrit CHARLIE HEBDO.fr le 3 mars 2023 : « Cela n’a rien à voir avec le fait de travailler à temps plein, ou à temps partiel. »
  • CHARLIE HEBDO.fr relève aussi la déclaration au Sénat de Gabriel Attal : « Les Français de classe moyenne travaillent dur, avec parfois le sentiment de travailler pour ceux qui ont fait un autre choix. » Une vieille ritournelle de la droite, divisant les Français en « catégories » en les opposant pour diviser et mieux régner. Aussi, la déclaration de Olivier Dussopt, qui n’est pas à un retournement de veste près, parlant de Marine Le Pen : « Elle a été bien plus républicaine que beaucoup d’autres dans ce moment-là ». Heureusement que le ridicule ne tue pas !

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