La guerre en Ukraine est une tragi-comédie meurtrière et les sanctions économiques des Occidentaux une supercherie derrière lesquelles, l’impérialisme américain dispute aux impérialismes russes et chinois le partage du marché de l’énergie (gaz, pétrole, nucléaire) et du commerce des marchandises. Cette guerre américano-russe par Ukrainiens interposés - avec la complicité de l’Union européenne - est pour les multinationales, comme dans toutes les guerres, source d’énormes profits. Nous le répéterons jamais assez, comme l’écrivait Jean Jaurès : « Le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l’orage ». Nul doute que les sanctions contre la Russie se retourneront contre nous. Mais au regard des gouvernants européens, qu’importe le prix de cette guerre absurde puisque ce sont les peuples qui en subissent les conséquences et en paient le prix pendant que les multinationales se gavent.
L’Occident doit sa prospérité à deux phases du développement du capitalisme : l’esclavage qui a permis aux puissances de l’argent de s’enrichir sur le dos d’une main-d’œuvre gratuite, suivi d’une colonisation qui a dépouillé l’Afrique et l’Asie de leurs richesses, et asservi et exploité les populations autochtones. Depuis la fin du XVIIIe siècle, les mouvements ouvriers luttent pour arracher aux possédants - parfois au prix du sang -, une infime part de cette prospérité que les pouvoirs politiques au service de la finance tentent aujourd’hui de confisquer. Des acquis sociaux sacrifiés sur l’autel des profits capitalistes par les lois antisociales de Sarkozy, de Hollande et de Macron sur injonction de l’Union européenne Cette Union européenne guerrière qui aujourd’hui appelle les peuples au sacrifice pour servir les intérêts des multinationales et de la finance. Le « prix de la liberté » que Macron demande aux Français de payer est le lourd tribut exigé par un conflit entre puissances impérialistes, prélude à nouvelle guerre mondiale.
Le voyage de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis à Taïwan - exacerbant les tensions avec la Chine - s’inscrit dans la même logique de provocation que celle pratiquée par Washington en Europe en persistant à vouloir installer une base de l’OTAN en Ukraine. Depuis la fin de la dernière guerre mondiale, l’impérialisme américain n’a cessé d’utiliser la force armée (en bafouant le droit et les règles internationales, dont la Charte des Nations Unie) pour imposer sa domination économique (guerre au Viêtnam, au Kosovo, en Irak, en Afghanistan). En Amérique du Sud la CIA a organisé et financé des guérillas terroristes, des crimes et des coups d’État pour sauvegarder les intérêts de ses multinationales. L’Opération Condor en Bolivie, en Uruguay, au Chili, en Argentine, au Brésil, au Paraguay a fait plus de 50 000 tués et 35 000 disparus entre 1975 et 1983. La CIA a organisé et financé l’intervention militaire et le coup d’État au Guatemala en 1954, les interventions militaires à Cuba en 1961, en République Dominicaine en 1965, au Chili en 1970, au Salvador en 1972 et 1979, au Nicaragua en 1979.
Aujourd’hui l’Occident vit sur une autre planète, loin des réalités sociales vécues par l’immense majorité de la population planétaire. En voulant uniformiser le monde et mondialiser l’économie pour pérenniser sa prospérité, l’Occident a provoqué une crise de civilisation et paupérisé davantage les pays pauvres. « Près de 80 % des millionnaires résident en Occident, dont 39,8 % aux États-Unis » rapporte le Global Wealth Report du Crédit Suisse. Les ultra-riches en Occident, en Chine et en Russie ne cessent de prospérer, alors que le reste du monde s’appauvrit. Selon un rapport annuel d’Oxfam « Les dix hommes les plus riches du monde ont plus que doublé leur fortune pendant les deux années écoulées de pandémie. Celle-ci est passée de 700 milliards de dollars à 1 500 milliards de dollars au rythme d’1,3 milliard de dollars par jour. » Le réchauffement climatique - provoqué en grande partie par une société occidentale consumériste - provoque une émigration massive des populations des pays pauvres. Le désordre économique provoqué par les sanctions contre la Russie renvoie l’urgence climatique au second plan. De la guerre en Ukraine les multinationales tirent des profits colossaux. Elle alimente l’économie américaine et renforce la valeur du dollar aujourd’hui au plus haut. Cette guerre que les États-Unis mènent par procuration contre la Russie, leur a permis de mettre l’Europe sous tutelle énergétique et militaire. La politique de Joe Biden consiste à acculer Poutine pour qu'il s'enlise en Ukraine afin d’affaiblir la Russie et permettre à l’industrie pétrolière, gazière et militaire américaine d’en tirer d’immenses profits. Mais, comme l’écrit Marianne « si la Russie ne peut plus gagner, elle n'acceptera jamais de perdre. Et la sécurité en Europe est suspendue à cette évidence ».
Contrairement aux effets escomptés, les sanctions économiques des Occidentaux n’ont pas affaibli la Russie. Washington et Bruxelles espéraient pouvoir l’isoler sur la scène internationale, alors qu’elle a renforcé ses liens avec la Chine et bénéficie du soutien de l’Afrique du Sud, de l’Inde, du Pakistan, de l’Iran, du Brésil, et de nombreux autres pays d’Afrique et d’Asie. Ainsi, l’Occident qui a prospéré des siècles durant sur le dos du reste du monde, se retrouve aujourd’hui isolé dans une crise du capitalisme qui l’amène à s’opposer aux intérêts des deux autres puissances impérialistes que sont la Chine et la Russie. La guerre en Ukraine et les sanctions économiques imposées à la Russie entraînent l’Occident dans une impasse. Les conséquences économiques et les crises sociales qu’elles vont provoquer - particulièrement en Europe - créeront inévitablement une crise économique mondiale. Comme dans toutes les grandes crises du capitalisme, la guerre est l’option imposée par les puissances impérialistes. C’est l’issue vers laquelle nous mènent les gouvernants occidentaux.