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Billet de blog 8 mars 2017

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LES SOCIALISTES VONT À MACRON, COMME L’EAU DU FLEUVE VA À LA MER.

Municipales, régionales, sénatoriales, Hollande a fait perdre à la gauche toutes les élections du quinquennat. Un bilan social, économique et politique désastreux, conséquence de l’orientation droitière d’un Parti socialiste échoué sur les sables mouvants du libéralisme.

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Les politiques de droite imposées aux français par le Parti socialiste, ne sont pas des incidents de parcours d’un quinquennat jalonné de renoncements et de trahisons. Les lois antisociales votées par un parti majoritaire au parlement, ou imposées par le 49-3, s’inscrivent dans la logique d’un parti qui au cours de son histoire, s’est perdu dans les méandres d’une social-démocratie au service des pouvoirs de l’argent. De trahisons en trahisons, ce parti bourgeois a abandonné le mouvement ouvrier et sombré dans le social libéralisme, jusqu’à épouser aujourd’hui les postures ultra-libérales et mondialistes des droites européennes.

Hier Gérard Collomb, aujourd’hui Bertrand Delanoë, demain Claude Bartolone, Manuel Valls, Ségolène Royale, Jean-Marie Le Guen, Stéphane Le Foll, Jean-Yves Le Drian ?  Et après-demain Hollande ? Ils n’en finissent pas les ralliements des caciques socialistes à la nébuleuse Macron. Ils n’en finissent pas ces « réformistes » à rejoindre les porte-voix de la droite que sont François Bayrou, Alain Madelin, Bernard Kouchner, Alain Minc, Christine Lagarde. Ce qui caractérise le ralliement de tous ces politiciens sociaux libéraux à l’ex-ministre du gouvernement Valls, initiateur des lois antisociales défendues et votées par ces ralliés naturels, c’est leur hypocrisie. L’absence de courage politique, ou la honte de la trahison, font justifier leurs choix par le danger que le Front national fait peser sur cette élection présidentielle. Mais qui a porté Marine Le Pen aux portes du pouvoir, si non les politiques menées par Sarkozy et Hollande ? Sarkozy, par la banalisation des thèses et du discours frontiste ; Hollande, par ses reniements et ses trahisons.

Macron, candidat de l’illusion, est bel et bien le candidat héritier naturel de Hollande. Son projet, miroir aux alouettes, est de poursuivre la politique de ce quinquennat, aggravée par la présence dans ce mouvement attrape-tout, de libéraux et ultra-libéraux transfuges d’une droite éclatée par l’affaire Fillon, défenseurs d’une économie mondialisée régie par des traités de libre échange, CETA avec le Canada, et TAFTA avec les États-Unis. Que les socialistes rejoignent le candidat des milieux d’affaires et de la finance, est un acte naturel pour des élus et ministres, qui durant ces cinq dernières années, ont servi les intérêts du patronat et des puissances de l’argent.

La dérive droitière du Parti socialiste durant ces dernières décennies, avec l’émergence d’apparatchiks porteurs d’une idéologique bourgeoise réformiste, adeptes de pratiques électoralistes faites de combines politiciennes et de compromissions, l’ont conduit à se couper de sa base sociale traditionnelle (une partie du monde ouvrier et des classes moyennes), et à servir les intérêts de la classe dominante. Parti dominant à gauche, il a maintes fois accédé au pouvoir avec l’appui des autres partis anti-libéraux. Sa position hégémonique au sein de la gauche, lui a permis d’imposer des politiques gouvernementales contraires aux intérêts du peuple, entraînant dans les défaites ses alliés politiques. Ainsi, ce parti « gauche caviar » a, élection après élection, laminé le Parti communiste et les écologistes, avant de se jeter dans les bras du libéralisme. Aujourd’hui, Benoît Hamon, héritier de ce déviationnisme, se voit obligé d’assumer le passé politique chaotique d’un parti éclaté, et les aspirations d’une partie de sa base, restée fidèle à l’héritage historique du parti, et désireuse de bâtir une société plus équitable, plus juste et plus démocratique. Sa victoire inattendue aux primaires, expression du rejet de la politique menée par Valls, et d’une volonté de changement adressée à l’appareil par une majorité de l’électorat socialiste, a investi Hamon d’une mission : rompre avec cette aile droite qui a dévoyé le parti, et offrir une perspective d’alliance avec la France insoumise et les écologistes, pour faire gagner la gauche à l’élection présidentielle. Mais le choix du candidat socialiste de vouloir réconcilier l’inconciliable au sein de son parti, pour sauver un appareil discrédité tombé dans la poubelle de l’histoire, l’enferme dans ses propres contradictions.

Otage des ministres et des parlementaires comptables des cinq ans de gouvernance à droite, qui aujourd’hui le somment de renier ses engagements pris lors des primaires socialistes, Benoît Hamon se retrouve piégé. Il est affaibli par la lutte impitoyable que lui livre la caste de ses amis sociaux-libéraux pour le contrôle du parti. Acculé à devoir mener la bataille pour gouverner le PS, et non la France, il sera dans ce combat perdant des deux côtés de la médaille. En s’enfermant dans cette impasse où il a entrainé Jadot et les verts d’EELV, il s’est, de fait, interdit toute possibilité de pouvoir sceller une alliance avec Jean-Luc Mélenchon. Ainsi, le candidat de la France insoumise, apparaît aujourd’hui comme seul candidat de gauche porteur d’un programme cohérent, en rupture avec le système. Quant aux caciques du Parti socialiste, ils rejoindront, inéluctablement, leur candidat naturel : Emmanuel Macron.  

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