Dans le contexte actuel, le vote de la motion de censure contre le budget Bayrou a été un marqueur déterminant pour ceux qui, de par l'engagement pris lors des législatives sur des engagements politiques clairs – ceux du NFP –, et le constat qu’ils font de l'impasse dans laquelle le monarque président Macron piège les Français ; et ceux qui par doctrine et par opportunisme idéologique – les sociaux-démocrates – soutiennent hypocritement un pouvoir de droite extrême, pour servir les intérêts des puissances financières, jusqu'à cautionner les thèses de l'extrême droite reprises par Bayrou sur l'immigration et le droit du sol, comme le fait Olivier Faure en jugeant que « le débat sur l'identité nationale n'est pas un tabou ». Ainsi, le virage à droite du Parti socialiste s'inscrit dans la logique politique d'une sociale démocratie, qui historiquement trahit toujours le mouvement ouvrier et les classes sociales en lutte, pour sauvegarder les intérêts et le pouvoir de la classe possédante. Historiquement, les socialistes ont toujours rejoint les luttes ouvrières que contraints et forcés, poussés par leur base à s’allier aux gauches radicales pour conquérir de nouveaux droits sociaux. C'est cette logique de compromission avec le pouvoir de l’argent qui aujourd'hui guide l'action des socialistes, déterminés à neutraliser l’expression d’un mouvement social et politique unitaire. Alors, que pour sortir de cette chienlit macroniste, la seule issue réside dans une prise de conscience collective capable d’entraîner un puissant mouvement social qui, comme en 1936, puisse – non pas « pour faire barrage à l’extrême droite » comme le proclame Olivier Faure revisitant l’histoire – mais pour imposer les réformes sociales attendues des Français, et répondre à leurs attentes concernant leurs conditions de vie, à leurs aspirations de solidarité, de démocratie et de dignité, seul combat pouvant barrer la route au RN.
C’est cette dérive politique qui a permis en août 1914, l’entrée en guerre de l’Allemagne avec le soutien du parti socialiste allemand (SPD), répondant à l’appel de l'empereur Guillaume II par un vote favorable à la guerre ; et en 1932, face à la montée du fascisme en Allemagne, le rejet par les socialistes de la proposition des communistes d’une candidature commune, et le choix du SPD de voter en faveur du général Hindenbur, qui, réélu président du Reich le 10 avril 1932 avec 53 % des voix, appelle Hitler au pouvoir en janvier 1933. En 1936, la France de Léon Blum signe avec l’Angleterre un accord de non-intervention, qui permet à Hitler et à Mussolini de faire de la guerre civile en Espagne un laboratoire de guerre au profit du fascisme italo-allemand, et d’aider Franco à renverser la jeune République espagnole. Aujourd’hui, l’Ukraine, la Palestine et le Liban sont les laboratoires de guerre desquels l'Occident va-t-en-guerre et l’État fasciste d’Israël tirent profit.
Si le fascisme marche d’un pas conquérant en Europe – comme l’atteste la réunion des chefs de file des extrêmes droites européennes à Madrid les 7 et 8 février 2024, avec la déclaration du Premier ministre hongrois Viktor Orbán : « Une ère a pris fin, hier nous étions les hérétiques, aujourd’hui nous sommes le courant majoritaire » ; et celle de Marine Le Pen : « Le résultat des élections américaines doit sonner le réveil du Vieux Continent qui est entré en léthargie et accompagner ce grand mouvement de régénération qui s’annonce » – ; et aux États-Unis où Trump annonce sans retenue, et au mépris de toutes les règles et lois internationales, les visées impérialistes de l’Amérique (comme Hitler le faisait sans scrupule avant le déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale) ; c’est la conséquence des politiques antisociales menées durant des décennies par les partis libéraux et sociaux-démocrates, au pouvoir pour défendre les intérêts des puissances financières au détriment du pouvoir d’achat, des conditions de travail, de la qualité de vie, des droits et des libertés des classes moyennes et populaires. Des politiques productivistes, destructrices des ressources naturelles et de l’environnement, qui ont inéluctablement conduit à une nouvelle crise cyclique du capitalisme. En tentant de sauver Macron et le gouvernement des droites extrémistes de Bayrou, le Parti socialiste cède aux appels des vieux démons sociaux-démocrates, serviteurs des intérêts des puissances de l’argent, et donc opposés à tout mouvement populaire qui puisse mettre en cause les institutions et les modes de gouvernance qui pérennisent la main mise de la classe possédante sur le pouvoir politique.