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Billet de blog 12 février 2024

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DANS QUEL MONDE VIVONS-NOUS ?

Je suis Juif, c’est vrai, mais je ne suis pas le “peuple juif”. Je ne pense pas comme lui, je ne suis pas comme lui. Je suis, d’abord, moi. Et, pour commencer, je suis citoyen du monde puis de la France.(Jean-Pierre Bacri)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 10 février, nos médias télévisés montrent des images d’une station-service en Ukraine, touchée par un drone russe « faisant au moins un mort », et silence sur les 117 Palestiniens tués et 152 blessés par l’armée israélienne dans la bande de Gaza au cours des 24 dernières heures. Silence sur la mise en garde de l’Organisation des Nations unies (ONU), sur l’assaut annoncé par Netanyahou à Rafah, où plus de 1,3 million de Palestiniens, en grande majorité des civils ayant fui la guerre, sont massés dans des conditions humanitaires désespérées. Silence sur les 28 078 Palestiniens, dont 13 642 enfants, morts sous les bombardements et les tirs israéliens.

Au silence honteux de ces médias sur les crimes de guerre commis par Israël, il convient de mentionner le comportement complice de politiciens français à l’égard de ces crimes : Julien Dray, hâbleur sur X et sur la chaîne CNews, média porte-voix de l’extrême droite, ou Meyer Habib, remarqué lors de l’hommage aux victimes françaises du Hamas, par son embrassade appuyée à Jordan Bardella. Meyer Habib est aussi membre du groupe parlementaire d'amitié France-Qatar, pays qui finance le Hamas avec la complicité d'Israël et de Natanyahou, comme l'a rappelé le quotidien israélien Haaretz. Groupe d’amitié auquel adhèrent des députés du RN. Meyer Habib, ce député LR, ami intime de Netanyahou qu’il considère comme un « frère », a eu aussi un autre ami commun avec le Premier ministre israélien, l’escroc homme d’affaires Arnaud Mimran, également soupçonné d’avoir commandité trois meurtres, qui depuis sa cellule du centre pénitentiaire du Havre, mis sur écoute légale, fait des révélations sur ses illustres amis.

Dans un article publié le 11 février 2024, Mediapart rapporte le contenu « d’un rapport de mars 2021, dans lequel la brigade criminelle relève également que dans une conversation de novembre 2020, “Arnaud Mimran expliquait [...] qu’il avait un puissant réseau d’influence composé notamment de Meyer Habib [député français – ndlr] et Benyamin Nétanyahou. Il se targuait du fait qu’il avait réussi, par le biais de ce réseau d’influence, à faire échouer un contrat de télécommunication en Israël” de l’un de ses “ennemis” en France. Il enchaînait sur le fait qu’il n’hésitait pas à s’offrir les services de “gros voyous” pour faire pression sur “ses ennemis”, notaient encore les enquêteurs. » Concernant Meyer Habib, Arnaud Mimran confie : « C’est grâce à moi qu’il a été élu député, c’est moi qui lui ai financé tout […]. C’est moi qui ai financé tous les dîners qu’il faisait, je lui finançais tout », a-t-il assuré, affirmant même « avoir fait des transactions avec lui ». L’article de Mediapart poursuit : « Arnaud Mimran se souvient d’avoir été approché par Meyer Habib, après les révélations de Mediapart et du quotidien israélien Haaretz sur Nétanyahou. Le député l’aurait mis en garde contre le fait qu’il puisse nuire à l’homme fort d’Israël. “Il me dit : Arnaud, fais attention à pas te faire instrumentaliser, peut-être que tu ne le fais pas exprès, tu es en train de nuire à Nétanyahou”. Je lui avais dit : “Donc tu considères que si j’ai envie de nuire à Nétanyahou ou à toi, j'ai pas les éléments nécessaires, est-ce que tu veux me mettre au défi ? ”, l’aurait menacé Mimran, de son propre aveu. “Ça m’a mis dans un état de nerfs”, confesse-t-il dans sa cellule. Avant d’admettre : “Je ferai jamais de mal à Bibi (Nétanyahou) [...]. Je vais pas faire du mal à un copain à moi pour mon intérêt, c’est le début de la fin. ” Contacté par Mediapart, Meyer Habib a déclaré : “Colporter des accusations sur la base d’écoutes d’un détenu en détresse, accusé de meurtre, qui se sait écouté, n’est pas du bon journalisme ! ” “Évidemment, ces accusations sont totalement fausses ! Les utiliser et les diffuser est calomnieux et mal intentionné”, a-t-il cinglé, sans même accepter de prendre connaissance des questions précises que Mediapart voulait lui poser. » (Lire l’article intitulé « Le criminel Arnaud Mimran se lâche depuis sa prison sur Nétanyahou et Meyer Habib » de Fabrice Arfi, du 24 septembre 2023, publié par Mediapart le 11 février 2024.)

Selon Le Times of Israel, Netanyahu est traduit devant les magistrats pour trois dossiers : L’Affaire qui porte sur des cadeaux lucratifs et illicites reçus par Netanyahu de la part de soutiens milliardaires ; les affaires qui concernent deux accords de compromis : « Dans l’un d’entre eux, Netanyahu aurait tenté de s’assurer une couverture positive dans le journal le plus lu du pays, le Yedioth Ahronoth. Dans l’autre, toujours par le biais d’un tel arrangement, Netanyahu serait parvenu à prendre le contrôle éditorial du deuxième site d’information le plus connu du pays, Walla ». Ainsi gouverne l’homme, qui aujourd’hui est responsable des pires crimes qu’un État puisse commettre contre les populations civiles. Crimes sans doute négligeables pour nos journalistes et politiciens défenseurs d’un État hébreu gouverné par l’extrême droite et les religieux ultra-orhtodoxes.

À ces gens-là, je leur conseille de lire ce que disait Jean-Pierre Bacri, acteur, scénariste et dramaturge français, aujourd’hui décédé : « Lorsque Israël réintégrera les frontières de 1967, et respectera les Palestiniens, comme les Juifs ont envie d’être respectés, alors, je serai de nouveau avec eux. Nous [les juifs] ne devrions jamais mépriser, jamais humilier un autre peuple. (...) Je déteste que les institutions juives parlent en mon nom, et je déteste, lorsqu’en France, on parle, à tout bout de champ, de la “communauté juive” et du “peuple juif”. Je suis Juif, c’est vrai, mais je ne suis pas le “peuple juif”. Je ne pense pas comme lui, je ne suis pas comme lui. Je suis, d’abord, moi. Et, pour commencer, je suis citoyen du monde puis de la France. De la France, parce que c’est mon pays, parce que c’est une langue que j’adore, dans laquelle je crée et j’écris. L’histoire que je connais bien, c’est celle de la France et pas celle d’Algérie, ni celle d’Israël.

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