Fils d’immigré espagnol, j’ai rejoint le Parti socialiste en 1981, dans l’élan de la victoire de François Mitterrand à la présidence de la République, où séduit par l’honnêteté intellectuelle de Jean-Pierre Chevènement, j’ai milité pour des lendemains meilleurs pour mon pays, la France. En 2002, la posture centriste de Lionel Jospin et sa persévérance à vouloir diviser la gauche m’ont écarté de la vie de ce parti. Aux primaires socialistes de 2012, j’ai voté pour Martine Aubry, et à l’élection présidentielle pour François Hollande. Je savais que le premier secrétaire du Parti socialiste était calculateur et stratège, adepte de la synthèse non pas par soucis de conciliation, mais par ambition, pour mieux manipuler et servir ses intérêts. Mais après le médiocre quinquennat antisocial de Nicolas Sarkozy, je me suis résigné à voter pour le candidat socialiste. À la primaire socialiste de 2016, j’ai voté Benoît Hamon, dans l’espoir, au regard de ses positions frondeuses durant ce quinquennat, qu’il tire les enseignements des dérives droitières d’un parti qui, depuis des décennies, et en particulier sous la présidence de Hollande, s’est transformé en appareil sclérosé au service du patronat, de la finance et de la mondialisation. Hélas, le vainqueur de la primaire socialiste n’a eu ni le courage, ni la volonté politique de rompre avec un passé et un parti au service de notables et d’apparatchiks, et non plus au service du peuple.
Ce ne sont ni les reniements, ni les trahisons des Valls, Le Drian, et des autres qui sont dommageables pour Benoît Hamon, car ces politiciens de droite se sont drapés des couleurs du socialisme, les uns par opportunisme, les autres par carriérisme, tel un François Hollande sorti des mêmes écoles, voir des mêmes promotions que les libéraux auxquels il a servi la soupe durant son quinquennat. Ces politiciens ont aujourd’hui rejoint leurs alliés naturels, Macron, et les pouvoirs de l’argent. Ce qui est dommageable pour Hamon, c’est la trahison de son propre parti, et sa faute politique à lui, c’est de ne pas avoir anticipé ce comportement immoral certes, mais naturel de la part d’un appareil qui depuis longtemps s’est coupé des réalités sociales du pays, abandonné ses valeurs et oublié son histoire.
En 2002, Jospin m’a amené à quitter le Parti socialiste ; en 2012, Hollande m’a définitivement rejeté de l’électorat socialiste ; en 2017, Hamon m’a conduit à découvrir la France insoumise et à adhérer à son programme, porté par Jean-Luc Mélenchon. Peut-être ai-je davantage de recule que mon ex-camarade de parti, pour prendre conscience de la responsabilité historique qu’a le parti socialiste dans l’aggravation des conditions de vie des français ; de l’augmentation du chômage, de la pauvreté et de la misère ; de la désertification de nos campagnes ; du désespoir de nos paysans ; de l’appauvrissement des classes moyennes, du mal être au travail et du mal vivre dans nos villes, de la soumission de la France à la politique et aux intérêts américains ; de la trahison des idéaux de la gauche ; c’est là le bilan de François Hollande, qui aujourd’hui, cri au loup quand le vent de l’espoir se lève avec le candidat de l’avenir en commun. Hollande ne se trompe pas dans sa préférence pour Macron, candidat de la finance. Pas plus que Wolfgang Schäuble, l’ultra-conservateur ministre des Finances allemand ne se trompe, quand il apporte son soutien au candidat d’En marche.
Je ne sais pas ce qui motive Benoît Hamon à se maintenir contre vents et marées, alors que l’intérêt des français, et de la gauche de laquelle il se réclame devrait primer. Pour Fillon, Macron et Hollande, l’ennemi est clairement désigné : Jean-Luc Mélenchon. Soudainement, les candidats de droite utilisent les mêmes éléments de langage, et un slogan commun : Mélenchon, le « révolutionnaire communiste ». Pour Hollande, c’est le « danger d’un second tour entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ». Ainsi, le débat se clarifie et les fossoyeurs jettent leur masque. Le choix pour les électeurs indécis, ou abusés par le « progressiste » illusionniste d’En marche pour un nouveau quinquennat d’austérité et de régression sociale, devient plus évident. Jean-Luc Mélenchon est bien le seul candidat antisystème à proposer une véritable alternative aux combines des partis, et à la corruption d’une classe politique au service du pouvoir de l’argent. Le programme de la France insoumise est le seul à proposer de véritables solutions pour résoudre le problème du chômage, en relançant l’économie par l’augmentation du pouvoir d’achat et la mise en chantier de la transition écologique ; pour imposer une redistribution plus équitable des richesses ; pour instaurer une 6ème République permettant une démocratisation de la vie politique ; pour redonner à la France son indépendance, et mener une politique extérieure cohérente, dotée d’une diplomatie de dialogue dans le but d’atténuer les tensions et mettre fin aux conflits, générateurs de souffrances et d’immigration massive.
J’invite Benoît Hamon à tourner le dos à ce parti qui l’a humilié ; à se détacher de tous ces apparatchiks qui ont trahi l’idéal pour lequel il s’est battu ; qui ont honteusement trahi les promesses qu’ils avaient fait aux français, et qui se préparent à nouveau à gouverner le pays avec le même cynisme, et la même détermination à défendre les intérêts du MEDEF, des multinationales et de la finance. J’invite les électeurs de gauche désemparés, tentés par l’abstention ou le vote contre nature pour Macron, à rejoindre ceux qui croient, que pour une fois il est possible de changer ce monde qui nous conduit vers l’abîme. Qu’il ne tient qu’à eux, en votant pour Jean-Luc Mélenchon, de changer leur destin et bâtir en commun un avenir meilleur. « La République sera sociale ou ne sera pas. » disait Jean Jaurès.